Planète Linux : numéro de janvier 2011 décevant !
J’ai eu l’occasion de lire cette semaine l’article de Planète Linux portant sur le comparatif entre Fedora, OpenSuse et Ubuntu. L’article montrant certaines limites, je tenais à publier une sorte de petit rectificatif.
On ne peut que saluer l’initiative. Comparer les distribution est certainement une chose très compliquée à faire. Pourtant, cela répond à un besoin réel que l’on trouve partout sur internet. Pourquoi Fedora ? Pourquoi Ubuntu ? Pourquoi OpenSuse ? Se lancer dans un tel comparatif implique forcément de se donner des critères à analyser et de voir de quelle manière les distributions se comportent en fonction des critères choisis.
Mon premier problème vient de là. Il manque un critère fondamentale dans le présent article. Il manque le critère des objectifs des distributions. Pourquoi Fedora, Ubuntu et OpenSuse ont-elles été créées ? Pour quelles raisons, pour quels objectifs ? En accord avec quels idéaux ? Ubuntu est une distribution grand public se dressant en alternative à Microsoft Windows et à MacOS d’Apple. Elle souhaite fournir gratuitement à ses utilisateurs un système d’exploitation qui répond à l’ensemble de leurs besoins sans qu’ils n’aient à mettre les mains dans le cambouis. Pour cela, Canonical soigne l’interface graphique, met à disposition certaines technologies propriétaires comme des pilotes de cartes graphiques, la lecture des fichiers MP3 ou encore de Flash. Le système est très léché, tout doit être efficace tout de suite et ne pas perturber l’utilisateur.
OpenSuse (c’est celle que je connais moins bien) est à l’origine un système d’exploitation basé sur Linux pour les postes de travail… entreprise. Depuis quelques temps, il s’agit d’un projet contrôlé par la communauté avec pour ambition de fournir un système répondant aux besoins du plus grand nombre. Un peu comme Ubuntu, on dirait. (Si quelq’un pouvait compléter…)
Fedora, quant à elle, est radicalement différentes dans ces objectifs. Le Projet Fedora est sponsorisé par RedHat, dont les donations sont utilisées pour organiser la communauté et lui fournir l’infrastructure nécessaire à son développement. Fedora a pour objectif de fournir les dernières technologies logicielles disponibles. Même si celles-ci ne sont parfois pas tout à fait terminées. L’objectif est de montrer que le logiciel libre est en avance par rapport à ses concurrents propriétaires, le tout en n’utilisant uniquement que des technologies libres et non brevetées. Et cela explique beaucoup de choses : l’absence de prise en charge pour la lecture des fichiers MP3, les manipulations pour l’installation du lecteur Flash, l’absence de support long pour les versions de Fedora. Une version X Fedora n’a pas vocation à être un système que l’on va garder longtemps. C’est un laboratoire de développement pour les dernières technologies. Le système évolue constamment. Si le Projet Fedora proposait un support long, il ne pourrait plus se concentrer sur l’intégration des nouveautés et à faire avancer le logiciel libre.
A qui s’adresse Fedora ? Fedora s’adresse à tous. Les utilisateurs débutants et confirmés. Parce qu’il est un projet de développement, le Projet Fedora a même défini l’utilisateur idéal de Fedora : une personne qui, un jour, sera susceptible de contribuer au Projet. Nous somme bien loin de l’utilisateur lambda ! Nous sommes bien loin de Windows et de MacOS X. Fedora n’est pas comme les autres. Elle doit, à mon avis, ne pas être comparée aux autres distributions sans que l’on mentionne ses objectifs et idéaux. Visiblement, les auteurs de l’article n’avaient pas conscience de cela.
Un autre aspect maladroit de l’article concerne les commentaires faits sur la communauté. La communauté Fedora est essentiellement bénévole. Certains employés de RedHat travaillent bien entendu sur la distribution et organisent les activités des contributeurs. Chez Fedora, les bénévoles interviennent à tous les niveaux. Des positions stratégiques sur plusieurs années à la poignée de main sur les salons. Et ces bénévoles font tout cela par passion, parce qu’ils y croient à fond et qu’ils se développent et s’émancipent humainement en participant à un projet informatique communautaire. Personnellement, c’est l’unique raison pour laquelle je m’assois encore deux heures chaque soir devant mon ordinateur. Pour regarder Fedora grandir, pour le plaisir de l’utiliser et pour l’aider à se développer. Je participe du plus que je peux à l’avenir de l’association (j’en suis le trésorier), je participe à la traduction de la distribution depuis cinq années consécutives et me rends régulièrement sur les salons ou les événements organisés par la communauté française. Là réside l’autre problème de l’article en question. La communauté francophone y est décrite comme nombreuse mais peu organisée. J’en relève un jugement de valeur. Mais savez-vous réellement mettre un chiffre sur le nombre de contributeurs actifs au sein de la communauté francophone ? De ceux qui contribuent toutes les semaines (pour ne pas dire tous les jours) ? J’en doute. À titre d’information, vous auriez assez d’une seule main pour dénombrer les participants à la traduction de la distribution. Oui, vous avez bien lu. Aujourd’hui, le nombre de traducteur est de 5 maximum. 5 personnes, moi compris, dont nous sommes à peu près sûr qu’elles seront encore présentes dans les mois qui viennent. À lire votre article, j’ai l’impression que nous sommes une centaine, que nous nous regardons les uns les autres et attendons qu’un volontaire daigne se décider à contribuer et à traduire la documentation officielle disponible sur le site du Projet Fedora.
Pourquoi n’êtes-vous pas venu nous rencontrer ? Pourquoi n’avez pas envoyé un mail pour nous demander des informations sur la distribution, sa communauté, son organisation ? C’est malheureux de n’avoir pas profité de toute une communauté de contributeurs qui aurez répondu avec plaisir à toutes vos questions ! Aujourd’hui, la qualité de l’article s’en ressent profondément et c’est bien dommage. Rares aujourd’hui sont les magazines parlant de logiciels libres capables d’écrire un article sur plusieurs page sans commettre un hors sujet. Je laisse de côté, comme certains l’auront remarqué, les erreurs flagrantes sur le traitement des informations du wiki de la communauté francophone. Je vous rassure, l’installation du dépôt CCRMA fonctionne belle et bien avec les informations fournies et un noyau temps réel est également disponible pour Fedora 14. Enfin, l’installation du plugin Flash pour Firefox fonctionne également parfaitement, à condition d’installer préalablement le dépôt Adobe, comme mentionnée dans la documentation.
Je ne sais pas trop comment conclure. Je suis à votre entière disposition si vous désirez davantage d’informations sur Fedora. Je vous invite à ne pas hésiter à contacter les membres de la communauté lors de la rédaction d’un futur article. L’expérience sera moins désagréable pour tout le monde.