Club Décision DSI, l'open source et ma thèse (IAE de Toulouse)

Bonjour,

Les lecteurs de mon blog savent que je mène une thèse sur l'open source et la prestation de service informatique depuis 2 ans au sein du Centre de Recherche en Management de l'IAE de l'Université Toulouse 1. Dans le cadre de mon projet de recherche j'ai eu l'occasion d'interviewer des experts de renoms qui ont accepté de me consacrer du temps, je les en remercie par ailleurs (je ferai un billet exhaustif dans ce sens le moment venu).

Dans la dernière année de ma recherche, c'est la phase empirique, je dois mener des entretiens sous forme de questionnaire sur un échantillon pertinent de professionnels. Dans cette démarche je viens de recevoir le soutien d'un club de renom, le Club Décision DSI, qui est le premier club français de DSI. Il est composé de DSI d'environ 950 membres issus de structures publiques et privées. Ce soutien est d'une grande importance pour ma recherche mais plus globalement il permettra de faire avancer les connaissances sur l'open source et contribuera (modestement) à l'évolution de la recherche en économie et gestion notamment dans les domaines de l'informatique.

Club Décision DSI

Voici l'entretien de "lancement" de notre collaboration menée par Julien Daval Vice président du Club Decision DSI:

"Nous souhaitons soutenir les étudiants à travers leur recherche c’est pour cette raison que nous avons donné suite à la demande de Jonathan Le Lous. Nous sommes parfaitement conscients que les étudiants d’aujourd’hui se retrouveront sur le marché du travail et garderont un bon souvenir du 1er Club français des Directeurs informatiques

Le Club Decision DSI est plus qu'un simple club, il est aussi un lieu ressource qui permet à ces membres de parfaire leurs connaissances sur les évolutions technologiques et stratégiques qui font le quotidien des DSI, votre quotidien.

Nous nous efforçons à suivre cette ligne directrice depuis notre création. Dans cette recherche de valeur ajoutée pour nos membres, nous innovons en vous proposant d'aller plus loin que la simple écoute, mais de participer à la construction de la connaissance, influencer l'évolution du secteur en étant des producteurs de savoir.

Profitez ainsi de la richesse de votre expérience, d'une expertise acquise par votre engagement professionnel. C'est dans cet état d'esprit que nous avons rencontré Jonathan Le Lous, doctorant dans le domaine de la stratégie au sein du Centre de Recherche en Management de l'Université Toulouse.

Jonathan travaille sur la décomposition de la chaîne de valeur de la prestation de service informatique à travers un angle d'approche particulier qui est l'open source. Au-delà de cette phrase complexe, discutons avec ce thésard qui, nous le verrons, a un parcours atypique." Julien Daval

Entrevue entre Mrs Julien DAVAL Vise Président du Club Decision DSI et Mr Jonathan Le Lous, doctorant dans le domaine de la stratégie au sein du Centre de Recherche en Management de l'Université Toulouse

Julien – Bonjour, Jonathan. Ma première question porte sur ton parcours. Tu es étudiant au sein de l'IAE de Toulouse à 31 ans... Tu dois vraiment aimer les études ?

Jonathan – (rire) Bonjour Julien, non je ne suis pas un éternel étudiant. Suite à un premier Master en ingénierie de la formation, j'ai travaillé durant quatre ans au sein d'une start-up informatique en charge de l'offre de formation. Cette start-up était spécialisée dans les logiciels libres, j'y ai découvert l'esprit particulier de ce secteur et le travail en environnement 100 % open source. Après cette expérience très riche, j'ai décidé de reprendre mes études pour réaliser un rêve d'étudiant, celui de devenir chercheur et j'ai choisi l'IAE de Toulouse, car il s'agissait d'une formation universitaire de haut niveau avec une école doctorale reconnue.

Julien – Tu es donc aujourd'hui en troisième année de thèse avec une particularité celle d'être intégrée à une structure professionnelle...

Jonathan – En effet, je fais ma thèse en convention CIFRE au sein de l'association d'entreprises Intelli'N qui a pour objectif de structurer la filière TIC en Picardie.

C'est avant tout un choix de cohérence, il me semble difficile de fournir un travail de recherche sur un secteur quand on n'y participe pas activement, que l'on ne côtoie pas le quotidien des entrepreneurs et des acteurs professionnels qui le font vivre.

Ce fût aussi le choix de la pertinence, de l'objectivité en confrontant en permanence mes acquis académiques à la réalité du terrain. C'est un grand écart pas toujours évident entre la gestion de projet et le travail de recul inhérent à la recherche.

Julien – En effet... Parlons maintenant de ton travail, sur quoi porte exactement ta recherche ?

Jonathan - Je travaille sur la prestation de service informatique soumis à la situation particulière de l'intégration de l'open source. L'idée est de comprendre comment se construit la prestation entre la SSII et le client, le DSI, quelles sont les éléments clefs de la réussite ou l'échec d'une prestation de service réussie dans une situation particulière celle de l'open source.

La prestation de service n'est pas un produit au sens industriel, elle nécessite forcément l'adhésion du client qui coproduit le service, le rôle du DSI est donc essentiel. Prenons l'exemple d'une voiture, celle-ci existe en tant que telle, si personne ne l'achète elle ne cesse pour autant d'exister, c'est un produit matériel qui existe indépendamment de son usage. Le service lui est différent, il n'existe uniquement que quand il est utilisé, la prestation démarre avec l'intervention du client. Prenons l'exemple d'une chambre d'hôtel, celle-ci existe, mais pas la prestation « Nuitée », il est nécessaire qu'un client y dorme pour que le service commence, il est coproducteur de celui-ci. Son exigence influence ainsi la nature de la prestation, on n'exige ainsi pas la même chose quand on dort au Formule 1 ou au Hilton. Certaines veulent un bar, d'autres non... Il en est de même dans l'informatique, qui est un secteur à haute intensité de connaissance où la plupart des professionnels ont un niveau d'étude supérieure qui rend la prestation de service encore moins « industrialisable ».

Le rôle du DSI est donc essentiel à la création de la prestation de service, il en est le coproducteur avec son prestataire.

Un autre élément est celui de la relation de service, la relation qui existe entre le prestataire et le client. C'est un élément important, mais non essentiel dans la prestation de service, l'exemple le plus parlant est celui du distributeur bancaire. Il vous rend un service auquel vous participez en tapant le code et le montant, mais la relation de service, l'interaction, est sommaire, quasi inexistant et ne représente pas un avantage comparatif. Vous ne choisirez pas en effet votre distributeur parce qu'il est plus beau où que son ergonomie soit meilleure, mais bel et bien parce qu'il est là au bon endroit au bon moment. Il n'en est pas de même dans la prestation de service informatique, le client a un niveau d'exigence supérieur quant à la compréhension de ses besoins, à l'interaction avec son prestataire, le support, la hotline, la réponse technique, la proximité entre autres critères qui interviennent dans la relation entre son client et le prestataire. D'autres éléments, non objectifs, peuvent aussi intervenir dans la construction de cette relation comme l'appartenance à un réseau professionnel, à la sphère familiale ou amicale....

Julien – Et l'open source dans tout cela ?

Jonathan – L'open source est un modèle de développement collaboratif basé sur un régime juridique strict qui empêche les comportements opportunistes. C'est une façon pour plusieurs entreprises, individus de collaborer à un projet en partageant les risques et les coûts tout en se garantissant qu'un des contributeurs ne profitera pas du projet de façon abusive.

L'open source est à la fois une opportunité en terme de qualité logiciel, de liberté de l'utilisateur, mais c'est aussi des risques liées à la pérennité des solutions, à l'expertise, aux phénomènes des forks...

Autant d'éléments qui sont difficiles à gérer pour une entreprise, pour un DSI ou pour une SSII qui a souvent les mêmes problématiques que ces clients. Mon travail consiste donc à trouver qu'est-ce qui, dans la prestation de service informatique et ces éléments caractéristiques, permet la réussite ou l'échec de l'intégration d'une solution open source. Bien évidemment, cela recouvre aussi le positionnement de l'éditeur, l'existence d'un écosystème et le rôle de la SSII dans celui-ci.

Il est important de noter que dans l'open source le DSI n'est pas un client c'est un Utilisateur, il a donc une liberté vis-à-vis de ces fournisseurs. Liberté qui n'existe que très peu dans l'informatique où la dépendance stratégique est la règle.

Julien – Ton travail de recherche est-il fini ?

Jonathan – Non, j'ai eu la chance d'interroger à ce jour une quinzaine d'experts du secteur, dont Microsoft qui s'exprimait pour la première fois sur ce sujet, et grâce à la webtv dont je m'occupe j'ai eu l'occasion d'organiser l'interview de personnes de renom comme Chris DiBona, responsable de la stratégie mondiale de Google. La dernière étape est celle de l'envoi d'un questionnaire simple, sans rédaction de la part du répondant, à une population d'étude plus conséquente pour conclure ma thèse par une méthode scientifique pertinente.

Julien – D'où notre rencontre...

Jonathan – Exactement, Le Club Le Club Decision DSI est un club incontournable dans notre secteur d'activité et nous avons l'opportunité de collaborer sur ce travail pour fournir un contenu scientifique de qualité et de participer ainsi à l'évolution des connaissances sur notre secteur.

Participer à un projet de recherche, c'est innover, permettre de faire évoluer nos connaissances et continuer à faire de la France un pays leader en matière de recherche en économie et en gestion.

Julien – Comment va se dérouler la prochaine étape ?

Jonathan – Je vais vous proposer un questionnaire anonyme afin de le diffuser à vos adhérents, il comportera une série de questions simples il n'y aura pas de question ouverte... qui me permettront ensuite de mener une analyse statistique poussée pour déterminer les éléments caractéristiques de la prestation de service informatique et de la réussite ou de l'échec de l'intégration de l'open source au sein des DSI.

Julien – Si ton sujet porte sur les SSII pourquoi interroger les DSI ?

Jonathan – Nous avons pu constater dans cet interview le rôle essentiel du DSI dans la prestation de service informatique, il a un rôle central, moteur. La prestation de service, sous sa forme actuelle, est totalement orientée vers le client, l'utilisateur, il semble donc plus pertinent de l'interroger directement et cela d'autant plus que le DSI répondra objectivement, il ne cherchera pas à « vernir » ces réponses avec une couche de marketing...

Julien – Merci Jonathan pour cette interview et nous ferons en sorte de t'accompagner dans cette démarche constructive.

Jonathan – Merci Julien de m'avoir laissé la parole et de participer activement à la réussite de ce projet de recherche qui, comme tu t'en doutes, me tient particulièrement à cœur.

Julien – Vous retrouverez Jonathan régulièrement dans notre tribune sur l'open source, il nous apportera des éléments de compréhension de ce secteur.

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Publié par Jonathan Le Lous : 200