Linux à 1% ? C'est sans doute très sous estimé...
Les parts de marché des ordinateurs de bureau ou portables équipés de Linux font régulièrement l'objet d'articles dans la presse spécialisée. Immanquablement, on nous présente la pénétration de Linux comme ne dépassant pas 1%. Même Wikipédia s'y met. Les méthodes de calcul permettant d'obtenir ces résultats sont également régulièrement remises en cause. Il n'existe par ailleurs pas de source d'information indépendante bénéficiant de chiffres fiables. Les méthodes basées sur la fréquentation des sites internet sont entre autres particulièrement sujettes à caution.
Je viens de tomber sur cet article qui présente pour sa part une méthode alternative. De cette méthode ressort une part du marché des ordinateurs personnels à 8% :
- Le comptage ne s'occupe que des parts de marché des ordinateurs personnels, soit les ordinateurs de bureau, portables, netbooks. Les serveurs ne sont pas comptés. On sait que Linux domine largement ce monde là.
- La méthode démarre des parts de marché sur les netbooks. Selon ABI Research, 32% des netbooks vendus en 2009 l'auraient été avec un système Linux, ce chiffre n'intégrant pas les machines sur lesquelles Windows est vendu avec un dual-boot. Dans ce dernier cas, Windows est considéré comme le système de la machine.
- Début 2009, Dell annonçait qu'un tiers de ses netbooks étaient vendus avec Ubuntu.
- Selon Forester Research, les netbooks représentent 18% du total des ventes de machines de bureau (Ce chiffre est valable pour les États-Unis).
- Un rapide calcul présente donc dors et déjà une part de marché de 6% pour les seuls netbooks, soit un tiers des 18%.
- Il y manque encore les machines de bureau non mobiles et les portables hors netbooks. Le salut vient de...Steve Balmer, PDG de Microsoft, selon lequel la part de marché de Linux est supérieure à celle de MacOS. Ces chiffres sont évidemment très sujets à caution, compte tenu de la source (On sait Microsoft particulièrement friand d'interprétation des chiffres). Mais on sait également qu'Ubuntu et Fedora sont désormais considérés comme des concurrents sérieux. On ne peut cependant imaginer Balmer pointant du doigt Linux comme concurrent plus sérieux que MacOS pour une part de marché de 1%. On peut donc raisonnablement penser que le minimum est de 2%. Additionnés au 6% des netbooks, on arrive bien à 8%.
La méthode proposée n'a rien de plus scientifique que les autres, mais a le mérite d'exister. Elle nous rappelle que nous n'en savons rien. On pourrait toujours arguer que certains achètent une machine pré-équipée d'un noyau Linux pour des raisons économiques. Cette affirmation tombe d'elle-même lorsque l'on sait que dans la plupart des pays, il n'y a pas de différence de prix entre une machine équipée de Windows et la même machine équipée d'un système GNU/Linux. Par ailleurs, il est impossible de comptabiliser toutes les machines Linux installées à partir d'un seul et même téléchargement. Cette situation est très loin d'être anodine : Les connexions haut-débit sont encore loin d'être la règle, sans même parler des lieux où il n'existe aucune connexion.
Il est également indéniable que l'utilisation de Linux comme noyau de systèmes (libres ou non) est en forte progression. Mais cette croissance ne rend pas leurs utilisateurs plus libres, s'ils n'ont pas conscience de leur liberté, ou si les fabricants ne font pas les efforts de libération nécessaire, voire s'ils décident de restreindre un peu plus cette liberté[1]. Elle nous rappelle également que seule l'optionnalité[2] et la publication de chiffres de vente fiables permettront de réellement mesurer le taux de pénétration des systèmes libres.
Je ne peux m'empêcher de rejoindre l'auteur dans sa citation de William James, en introduction de son article : "There's nothing so absurd that if you repeat it often enough, people will believe it." (Traduction à la Rache :"Il n’y a rien de suffisamment absurde pour que si vous le répétez suffisamment souvent, les gens ne finissent par y croire.").