L’Amateur versus le Professionnel
Je me suis souvent senti assez mal à l’aise dans des débats ou discussions où il est communément admis que le sens premier du mot « amateur » qualifie la piètre qualité d’une production. Ceci est d’autant plus vrai lorsque les partisans du « professionnalisme » se complaisent à dézinguer du logiciel libre.
Le professionnel est motivé par l’argent. Son objectif n’est pas de faire du travail de qualité, ce n’est pas non plus d’aimer ce qu’il fait. Le professionnel a pour but ultime de faire de l’argent.
Plutôt que de prendre le mot amateur dans son sens commun, je vous invite à retourner à ses sources latines pour en comprendre le sens original et mener une réflexion sur les valeurs profondes qui animent l’amateur.
Ama-teur signifie avant tout « celui qui aime »
Quand on construit ou produit quelque chose que l’on aime, alors on est un amateur. Souvent les contributeurs de projets libres sont des passionnés. Le moteur de la motivation qui pousse à s’activer est la passion, le jeu et la sociabilité.
Contribuer de manière amateur c’est aller à la rencontre de contributeurs qui partagent la même passion que vous. Il est stimulant de faire la rencontre de gens avec qui on a des affinités. Lorsque des amateurs ont une activité commune, les pairs poussent à faire des efforts. L’amateur ne cherche pas à reconduire son contrat comme le professionnel mais la reconnaissance de ses pairs.
Souvent on entend dire quand un travail est mal fait ou qu’un logiciel ne répond à des attentes « c’est un travail d’amateur ». Cette expression est employée de manière péjorative pour exprimer la médiocrité de la prestation du producteur. Or le travail d’amateur est-il toujours de mauvaise qualité ? A l’évidence, c’est faux. Et de nombreux exemples peuvent le démontrer: le projet wikipedia est composé à 99% amateur. Pareil pour GNU/Linux, les contributions viennent très souvent d’amateurs. Si l’amateur n’a pas de service « contrôle qualité », il a des pairs pour mettre à l’épreuve sa production et la critiquer.
L’amateur aime profondément ce qu’il construit. Les développeurs de logiciels libre sont très souvent des passionnés qui jouent avec le code. C’est grisant. On retrouve cette passion dans bien d’autres domaines comme la musique, l’art et j’en passe…
Le professionnel fournit toujours des logiciels de qualité: un mythe ?
Combien de fois ai-je pu être déçu par des services fournit par des professionnels ? Un téléphone qui ne fait pas deux ans, un service client pourri, un logiciel ou un jeu de mauvaise qualité… C’est fréquent, on n’y prête même plus garde. Quand un logiciel propriétaire est mauvais entend-t-on souvent « c’est normal, c’est un logiciel propriétaire ! ». Je ne l’entends jamais, à part de la bouche d’amis libriste bien sur Par contre, combien de fois ai-je entendu qu’un logiciel était de mauvaise qualité parce qu’il était libre… Je ne compte plus !
Si les projets de logiciels libres sont parfois de moins bonne qualité que leur équivalents propriétaires, ce n’est pas en raison de l’amateurisme de leur acteur. Le temps d’activité du professionnel est supérieur à celui du temps de l’amateur. Combien de contributeurs peuvent passer 80% de leur temps à avoir une activité de loisir ? Très peu à l’évidence. Il est indispensable d’avoir une activité professionnelle importante pour vivre ou survivre. Pour qu’un travail soit de qualité, il n’y a pas de secret, il faut y passer du temps. C’est a principale raison pour laquelle il n’est pas rare que la sphère professionnelle ait des productions de meilleures qualités.
Quelles solutions pour passer plus de temps à développer du logiciel libre ?
C’est une vaste question qui mériterait une série d’article à elle seule. Je me contenterais d’inviter les utilisateurs de logiciels à être généreux quand ils le peuvent en faisant des dons réguliers aux communautés qui développent les logiciels libres ou rendent des services amateurs.Même si l’amateur n’est pas rémunéré pour le travail qu’il fournit, rien ne vous empêche de lui faire des dons pour qu’il puisse accorder plus de temps aux services qu’il vous rend.