Gnumeric, mon choix pour remplacer OpenOffice Calc
Il n’y a pas qu’Excel dans la vie me direz vous, il y a Calc aussi. Oui Calc, le tableur de la suite OpenOffice.org. Si vous êtes un utilisateur acharné et avancé des tableurs, c’est un choix particulièrement adapté tant le nombre d’options est important. Mais en contre-partie, il est lourd, lent, peu ergonomique, bref vite énervant pour une utilisation plus basique. J’entends par là des colonnes de chiffres, quelques graphiques, voir des calculs statistiques assez poussés, ce qui restent pour moi les fonctions essentielles d’un tableur. Gnome développe une suite logiciel, Gnome Office, composée notamment du très bon Abiword pour le traitement de texte et de Gnumeric pour le tableur. Je vais donc vous présenter cette alternative très intéressante, qui est par ailleurs installée de base sous Xubuntu pour sa légèreté.
Installation
Je passe très vite sur l’installation, il n’est pas installé par défaut sous Ubuntu. Je vous laisse parcourir la page de la documentation correspondante pour savoir comment l’installer.
Vitesse/legereté
Le premier point fort de Gnumeric est sa légèreté et donc son temps de chargement très court. Calc est lui connu pour au contraire être vraiment très lourd. A titre de comparaison, j’ai calculé le temps de chargement d’un fichier de taille moyenne dans les 2 logiciels, sur un ordinateur moyennement puissant. Le temps d’ouverture de Calc est d’environ 10 sec (avec l’ouverture rapide d’OpenOffice activée!) contre seulement 3 sec pour Gnumeric! Ca se passe de commentaires… A noter que sur un ordinateur plus performant, le temps de chargement de Calc est beaucoup plus rapide, du coup la différence entre les 2 logiciels se ressent moins.
Interface
L’interface de Calc (et d’Ooo en général) est je trouve assez laide et très peu ergonomique. A force d’essayer de copier bêtement et à la va vite microsoft office, ils ont fait une usine à gaz manquant fortement de cohérence. Gnumeric ne cherche pas à copier Excel ou Calc, mais on reconnait au contraire l’effort de Gnome pour proposer l’interface la plus claire possible. Je trouve ici que le résultat est très réussi! En effet l’interface générale épurée possède des icônes explicites, les menus sont clairs, on a tout sous la main tout de suite. Pour le reste, ça ressemble quand même à un tableur :p Les fenêtres de dialogue sont également très bien faite. La gestion des couleurs (horrible sous Calc), reprend ici le gestionnaire de couleur de Gnome (cohérence et intégration); et je vous présenterai plus bas la gestion des formules et des graphiques en arbre qui est vraiment très bien pensée.
CSV import
L’import de fichier CSV est très bien réalisé sous Gnumeric. L’ouverture d’un fichier CSV classique se fait directement. Cependant si vous souhaitez modifier quelques options, il est possible d’effectuer une importation de fichier texte via le menu Données. Il y a plus d’options disponible que pour Calc et c’est vraiment plus ergonomique. Pour tout ceux qui en on marre de voir Calc importer la moitié des valeurs numériques comme des dates, gnumeric est fait pour vous :p Par contre niveau exportation en CSV c »est un peu limité, je n’ai pas trouvé comment modifier les paramètres (par exemple mettre un autre séparateur que la virgule)…
Fonctionnalités tableur
Gnumeric est avant tout un tableur, et même plutôt un bon. Il fonctionne comme n’importe quel tableur, on entre les valeurs dans des cellules, puis il est possible d’agir dessus via des formules. Gnumeric en possède un nombre assez impressionnant, reprenant la quasi totalité de celles d’excel voir plus! Côté performance de calcul il n’a donc rien à envier à la concurrence. Je dirais même que la concurrence devrait lui envier son superbe outil graphique pour gérer ces formules. Il est généralement pénible de saisir une formule complexe et a rallonge, on s’y perd dans les parenthèses et les points virgules. Mais gnumeric propose un utilitaire appelé Gourou, qui décompose la formule sous la forme d’un arbre, chaque « branche » correspondant aux paramètres d’une parenthèse. Dans l’exemple si dessous, on peut voir toute la puissance de l’outil, c’est vraiment très pratique!
D’autres fonctions basiques sont dotées d’interface très bien réalisée. C’est le cas de la recherche qui dispose de 3 onglets : « Normal » pour entré le terme recherché, « Avancée » pour plus d’options, notamment l’accès aux expressions régulière, et « Occurences » qui affiche la liste des terme trouvé avec leur feuille/ligne/colonne. Il est alors possible de cliquer sur le terme qui nous intéresse pour s’y rendre. C’est un équivalent de F3/Shift-F3 en version graphique et c’est bien pensé!
Le tri de colonne est également très bien fait et différent de Calc, la capture ci dessous parle d’elle même :p
Encore un truc sympa, la gestion des feuilles du classeur qui permet de verrouiller, masquer et même donner une couleur à chaque feuille très simplement.
Graphique
Je fais un paragraphe spécial pour la gestion des graphiques, car c’est le point qui m’a sans doute le plus marqué sous Gnumeric. Sous Calc, la création de graphique n’est pas très compliquée en soit, mais pas non plus ergonomique. Il est surtout très pénible de modifier le graphe une fois validé. De plus, ces derniers sont particulièrement moche! Des couleurs affreuses, pixélisés à mort… bref ça fait pas très pro tout ça. Heureusement, Gnumeric répond avec efficacité à toutes ces problématiques! Dans une première étape, on choisit le type de graphe, classique.
Ensuite c’est dans la seconde étape que les dev ont eu du génie. Le graphique entier se présente sous forme d’arbre en haut à gauche. Ca paraît compliqué et déroutant la première fois, mais je vous assure que vous maîtrisez tout en moins de 10 min! Le graphique est découpé en « Graph » pour le fond, « Chart » pour le graphique en lui même, il peut y avoir plusieurs « Chart » par « Graph » (c’est là toute la puissance de l’arbre, le nombre de branche est illimité!). Ensuite Chart est découpé en « Backplane » pour le fond gris par défaut, et X-Axis, Y-Axis, pour les deux axes. Je m’arrête là, mais il faut comprendre que chaque catégorie est personnalisable en profondeur. Si c’est une ligne, la couleur, l’épaisseur; si c’est un texte, la couleur, le fond, la police; sachant que toutes les couleurs sont possibles en dégradés, motifs, etc. Des catégories absentes par défaut tel le titre des axes ou la légende peuvent être ajouter très facilement en appuyant sur le bouton « Ajouter ». Les propositions varient selon la branche sur laquelle on se trouve. Par exemple le titre de l’axe ne sera pas ajoutable si l’on se trouve sur la branche gérant les points de la courbe… Au final, le graphe à insérer est de plus de très bonne qualité et beau! Il est même possible d’ajouter des « thèmes » personnalisés pour sauvegarder un design de graphique. Bref le top!
Sur l’image ci dessous, j’ai essayé de faire une comparaison entre les graphiques sont Calc et sous Gnumeric, en faisant au mieux coller les styles… La qualité des graphes est sans appel, je vous laisse admirer.
Compatibilité, format
La compatibilité de Gnumeric est par contre assez discutable. Il gère bien les .xls d’Excel; par contre la gestion des ODS est encore incomplète ce qui est assez pénible. Je ne les ai pas toutes testées, mais il est possible d’enregistrer en latex, html, csv, xsl, ods, pdf, xml… Le format par défaut est le .gnumeric (original!) qui est un format XML. Si l’on souhaite partager avec quelqu’un qui n’a pas gnumeric, le mieux est pour le moment d’enregistrer en xls, qu’openoffice arrivera aussi à lire. Par contre c’est pas parfait, un peu comme un partage entre un .doc et un .odt, je pense que vous avez l’habitude :p
Extensions
Gnumeric gère tout un tas d’extensions, permettant notamment l’import de nombreux formats, l’ajout de nouvelles formules mathématiques ou statistiques, l’ajout de nouveaux types de graphiques un peu plus spécialisés. Rien d’exceptionnel non plus, mais sachez qu’il est possible de créer ses propres greffons en Python ou en Perl ce qui m’a l’air assez puissant.
Les défauts
Pour rester tout de même objectif, je vous dresse la liste des défauts qui m’ont le plus gênés lors de mon passage à Gnumeric.
- Il n’y a pas possibilité de répliquer un style.
- Il n’est pas possible de switcher entre une gestion du point et de la virgule pour les décimales, pas évident quand on bosse sur des documents en français et en anglais. Je crois cependant qu’en modifiant la configuration du clavier dans Ubuntu (et non dans Gnumeric) c’est possible de changer cela. Il y a aussi une astuce expliquée sur la documentation Ubuntu de Gnumeric.
- Pas de prise en compte du multi-colonne pour copier ou effacer, ce qui veut dire qu’il faut effacer ou copier les colonnes une à une (sauf si elles se collent bien sur)
- La conversion en ODS est incomplète, ce qui est très dommage quand même. J’espère que ça sera vite implémenté.
- Pas de possibilité de modifier les paramètres CSV lors de l’enregistrement dans ce format.
Conclusion
Je n’ai pas fait le tour de toutes les fonctionnalités de Gnumeric. Ce logiciel n’atteind certe pas les sommets de fonctionnalités de Calc, mais je trouve que ce qu’il fait, il le fait bien mieux! C’est clair, ergonomique, simple, c’est Gnome quoi! Pour une utilistation assez basique d’un tableur, je le recommande donc chaudement pour son efficacité et sa légèreté. Il est bon de voir que des alternatives viables existent au mastodonte (dans tous les sens du terme) OpenOffice!