Le libre dans le monde de l’entreprise : retour d’expérience
Ça fait assez longtemps que j’avais pour projet d’écrire cette série de billets sans savoir comment la formuler correctement. Le sujet dispose de fortes tendances polémiques et de déchainement de passion. Je pense avoir trouvé une formule adéquate pour l’évoquer. La formule choisie est le retour d’expérience.
Un retour d’expérience est le partage avec d’autres d’une situation donnée. Ca n’a donc absolument pas la moindre valeur universelle et n’est donc pas transposable à d’autres situations. Ce paragraphe a pour but de limiter toute polémique ou du moins essayer de le faire.
Je souhaite revenir sur la vision du libre dont avait la société dans laquelle j’ai pu travailler, à savoir, Orange Business Services. Par libre, j’entends essentiellement les applications open source gratuites ainsi que les applications « freemium ».
Étant dans le pôle infrastructure recoupant de très nombreux domaines de compétence tels que le réseaux et la supervision, il était régulièrement évalué diverses solutions pour répondre à un besoin. Lors de l’évaluation en question, il était choisi quasi systématiquement un panel incluant une solution libre et une panoplie de solutions propriétaires.
La solution libre était systématiquement présentée en tant que solution de dernier recours ou bien bas de gamme. Même les plus mauvaises solutions propriétaires étaient présentés comme supérieures du simple fait qu’elles étaient payantes. Les fonctionnalités de la solution libre étaient le plus souvent présentées comme bancales ou « développées par un étudiant dans son garage ».
Lorsqu’un besoin était soulevé sans aucun budget associé, la demande était systématiquement tournée vers une solution libre car elle ne coûte rien. La solution proposée par le biais d’outils libres n’était jamais satisfaisante car trop générique.
Je pense que la perception des solutions libres était particulièrement mauvaise dans la situation en question. J’ai, bien évidemment, sélectionné les exemples les plus marquants.
La subtilité qui semblait avoir était oubliée est que les logiciels libres ne sont pas des solutions dîtes « clé en main ». Un logiciel libre est une sorte de proposition que l’on peut adapter à ses besoins. Les fonctionnalités proposées sont le plus souvent tout à fait fonctionnelles mais nécessitent une légère adaptation à la situation donnée.
Surtout, une solution libre ne signifie pas forcément solution gratuite surtout dans un contexte d’entreprise où chaque situation a ses spécificités. Il est quasiment indispensable de disposer de développeurs ou bien de personnes ayant des connaissances solides en code afin de pouvoir adapter la solution sur mesure. Cette adaptation sera bien capable de dépasser bon nombre de solutions propriétaires. Le coût de l’adaptation était probablement, dans la plupart des cas, inférieure au prix de la solution propriétaire. Dans la situation dont il est question ici, le site ne disposait d’aucun développeur.
Dans cette situation, les solutions libres étaient tout fait connues des décideurs mais les modalités inhérentes à leur implémentation ont été totalement omises et leur réputation a occulté les qualités de ces logiciels. Cet exemple montre d’une manière que les logiciels libres sont désormais connus du monde de l’entreprise mais leur déploiement peut se faire par défaut ou par manque de budget sans se donner les moyens de les utiliser pleinement.