Les OS en ligne, quel avenir ?

Cet article fait suite au billet intitulé « Quelle place pour Linux dans l’avenir« . Il s’intéressait au rôle que peuvent jouer des acteurs comme Microsoft, Google et le monde libre (représenté par des noms tels que Canonical) dans le monde des systèmes d’exploitation, notamment à travers les technologies du web 2.0.

Les récentes évolutions dans le milieu informatique m’ont donné l’idée de refaire le point sur ce sujet, 2 années plus tard, avec une orientation sur la distribution Ubuntu.

Un constat mitigé

Tout d’abord, le dernier billet faisait état de plusieurs projets basés sur le logiciel libre qui visaient à proposer de véritables OS en ligne, composés d’un bureau virtuel et d’une suite d’applications.

Or aujourd’hui, plusieurs initiatives très intéressantes ont été stoppées voir abandonnées : sans aucune explication, le site YouOS a par exemple été fermé le 30 juillet 2008 par ses développeurs. Le projet webUbuntu, lui, est une simulation dans une page web d’un système d’exploitation très proche graphiquement d’Ubuntu ; il ne semble plus évoluer depuis plusieurs mois et son principal développeur reste injoignable.

Heureusement, à l’inverse, d’autres projets sont toujours actifs. C’est notamment le cas de eyeOS, un environnement de bureau libre sous licence AGPL v3 dont la première version publiée remonte à 2005.

Et puis il y a les nouvelles initiatives, comme l’annonce faite sur la mailing list par Mark Shuttleworth, concernant la prochaine version d’Ubuntu (Jaunty Jacklope) :

« à Prague, nous avons déjà discuté des fondations préliminaires pour les weblications [...] et comme nous souhaitons intégrer ces services dans 9.04, les discussions seront plus poussées à Mountain View ».

Canonical cherche ainsi à fusionner certains services Internet avec des applications installées sur l’ordinateur de l’utilisateur, se rattachant ainsi à un modèle software + service, à l’image d’Apple et Microsoft (Seven) qui tendent vers la même stratégie.

Mais on notera dans un même temps que certains grands acteurs du web tels que Google et Yahoo semblent initier la démarche inverse en parlant de web-to-OS et en permettant d’utiliser directement les ressources de la machine pour faire tourner des applications Web (ex. de Google Gears qui permet d’accéder à du contenu hors ligne).

Pour résumé ce premier point, il reste maintenant à savoir quel concept entre webOS et web-to-OS prendra le dessus. En souhaitant que les projets de développement arriveront à être menés à terme et qu’ils seront majoritairement « libres»  puisque basés sur des technologies émergeantes où tout reste à construire.

Les technologies émergentes

Pour en revenir aux webOS, ceux-ci s’appuient sur le concept de cloud computing (» informatique via Internet» ), une tendance majeure pour 2009. Les applications ne sont plus stockées sur le poste de travail, mais sur un « nuage»  (cloud) de serveurs répartis dans le monde entier et reliés par Internet. L’utilisateur y accède depuis un simple navigateur internet.

cloud.png

Cela pose à la fois le problème d’indépendance vis-à-vis de l’hébergement des données puisque c’est un prestataire qui s’en charge, mais aussi le degré de liberté des briques logicielles sur lesquelles repose la notion de cloud computing.

Par exemple, pour Richard Stallman, le cloud computing « est un piège» , un concept publicitaire sans intérêt, ses utilisateurs perdant le contrôle de leurs applications.

L’Open Cloud Consortium est peut-être la réponse à ces inquiétudes. Cette association veux favoriser la standardisation et l’interopérabilité des offres de cloud computing. Elle cherche donc à promouvoir l’utilisation des logiciels libres et l’interopérabilité entre chaque système.

« Notre but est qu’il ne soit pas nécessaire de réécrire les applications si l’on change de fournisseur» 

(Robert Grossman, président de l’OCC).

Bonne chance, quand on sait que seul Cisco soutient l’OCC pour l’instant… (IBM, Microsoft, Oracle, Amazon, Google… ne prennent pas part à cette initiative pour l’instant)

Malgré cela, on notera l’offre de cloud computing EC2 (Elastic Compute Cloud) d’Amazon, un service Web qui fournit des instances de serveurs virtuels avec une capacité informatique redimensionnable à mesure que les besoins en ressources évoluent. Cela permet de ne payer que pour la capacité réelle utilisée.

Mark Shuttleworth a indiqué que la version serveur d’Ubuntu « Karmic Koala» , prévu en octobre prochain, intégrera les AMI (Amazon Machine Image). Ubuntu Server est actuellement en version Beta sur les services d’hébergement virtualisé Amazon EC2 (plus de détails techniques lors du prochain Ubuntu Developer Summit de Barcelone les 25-29 mai prochains).

Et pour terminer, ne pas oublier les systèmes d’exploitation “instant-on” (Splashtop, gOS Cloud) qui sont à la mode sur les cartes mères actuelles. Il s’agit d’un mini système Linux directement embarqué dans le BIOS de la carte mère qui permet un démarrage rapide de certaines applications (navigateur internet, mails, messagerie instantanée etc.). Ceux-ci contribuerons probablement à l’essor des OS en ligne, accessible plus rapidement à l’avenir.

Pour conclure sur cette seconde partie, la viabilité du cloud computing en milieu professionnel est avérée. Mais sa démocratisation auprès du grand public est encore balbutiante, les webOS étant un concept séduisant mais pas encore suffisamment développés et mis en avant.

Le logiciel libre va donc avoir un rôle capital dans la dépendance entre les utilisateurs et ces systèmes, d’où l’idée d’une possible campagne d’information sur les risques de dépendance qui peuvent se créer entre ces systèmes et leurs utilisateurs.

Et vous, êtes-vous futur utilisateur d’un webOS ?

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