Vendre des logiciels libres, une hérésie ?

J’ai déjà eu l’occasion d’aborder le sujet de la vente de logiciels libres, mais un commentaire sur mon appel à contribution et un  lien que j’ai vu passer tout à l’heure sur mon Choqok et qui nous vient de la rubrique « Philosophie » du site Gnu.org m’invite à y revenir. Cet article est intitulé : Vendre des logiciels libres.

Ce n’est pas la première fois que j’ai l’impression qu’une partie des adeptes du logiciel libre trouvent la pratique de vendre des logiciels libres impropre. Leurs auteurs n’auraient qu’à coder et au mieux espérer une contribution en espèce sonnante et trébuchante sans la solliciter. S’ils veulent vivre, il faut qu’ils fassent autre chose.

Je caricature, je l’admets, mais il ne me semble pas être trop loin de la vérité. Coder un logiciel libre en travaillant à côté cela relève quand même de la gageure et ce n’est pas forcément ce qu’il y a de plus efficace. Les logiciels libres les plus évolués sont souvent réalisés par des contributeurs rémunérés à cette fin par des sociétés intéressées dans l’usage direct ou indirect du logiciel en question. Il y a même des éditeurs de logiciels libres qui font appel à des fonds privés pour financer le développement de leur logiciel.

Ce que nous dit l’article de Gnu.org est simple :

Many people believe that the spirit of the GNU Project is that you should not charge money for distributing copies of software, or that you should charge as little as possible — just enough to cover the cost. This is a misunderstanding. Actually, we encourage people who redistribute free software to charge as much as they wish or can.

Beaucoup de personnes croient que l’esprit du projet GNU impose de n’exiger à aucun moment de l’argent pour la mise à disposition de copies ou que vous devez réduire le prix au minimum possible – Juste assez pour couvrir le coût. C’est une mauvaise interprétation. Aujourd’hui nous encourageons les personnes qui redistribuent des logiciels libres à les faire payer autant qu’elles le veulent ou le peuvent.

Autre citation :

Avec le logiciel libre, les utilisateurs n’ont pas à payer la distribution pour utiliser le logiciel. Ils peuvent copier le programme à partir de la copie d’un ami, ou avec son aide s’il a accès au réseau. Plusieurs utilisateurs peuvent également se cotiser pour acheter un CD-ROM et installer le logiciel chacun à son tour. Un prix élevé n’est pas un obstacle majeur si le logiciel est libre.

Et pour finir

Vous pouvez ne rien demander, ou alors un centime, un franc, un million de francs. Cela ne dépend que de vous, de l’offre et de la demande, alors ne venez pas vous plaindre si personne ne veut payer un million de francs pour une copie.

On pourra toujours dire que dans ces conditions qui paierait pour acheter un logiciel libre… Je me souviens avoir du payer 10€ pour télécharger l’iso d’une distribution GNU/Linux spécialisée basée sur Debian et libre. Comme je n’avais pas le temps de chercher quelqu’un à qui demander une copie, j’ai payé.

Regardons le cas des créations misent à disposition sous licence libre. Je pense tout de suite à la musique et aux licences Creative Common. Je viens de télécharger un album sur Jamendo. Il est sous licence CC BY-NC-SA. Une licence que l’on peut qualifier de non-libre dans la mesure où elle inclut une restriction, la clause NC qui interdit de revendre cette oeuvre sans l’autorisation de l’auteur. Mais ce n’est pas ce que je veux montrer ici.

Avant de télécharger cet album, il m’est proposé de faire un don. Je suis libre de ne pas le faire. Voilà un exemple de pratique dont devrait s’inspirer le monde du logiciel libre. Il est très rare de voir la zone de don aussi proche de celle de télécharger quand il y a la possibilité de faire un don tout simplement .

C’est une pratique qui est récente et que l’on peut observer sur le site d’Add-on de Mozilla. Mais j’en imagine également bien les limites. Ce qui m’a déjà fait écrire que la valeur s’en était allé dans les services et les données.

En résumé, je ne comprends pas toujours très bien d’où vient cette réticence face à l’argent dés lors que l’on parle de logiciels libres. Elle me semble totalement infondée.


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Article original écrit par Philippe Scoffoni le 16/05/2010. | Lien direct vers cet article

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