Un hacker piraté par les médias

Les mots ont un sens. Pourtant, il arrive souvent que certains perdent leur signification, à force de détournements, de propagande et d’abus. C’est souvent le cas avec le mot hacker, très souvent confondu avec cracker, celui qui casse des systèmes de sécurité. En France, on fait souvent l’amalgame avec pirate. De même que je n’aime pas les analogies foireuses comme « prise d’otage » pour parler de grèves, je trouve que l’analogie de pirate est assez mauvaise. C’est d’autant plus le cas qu’en fait, hacker, ça n’a rien à voir.

Richard Stallman, le hacker vaillant du Logiciel libre explique à ce propos

You can help correct the misunderstanding simply by making a distinction between security breaking and hacking–by using the term « cracking » for security breaking. The people who do it are « crackers ». Some of them may also be hackers, just as some of them may be chess players or golfers; most of them are not.

La confusion est d’autant plus dommage que la notion de hacker est primordiale, un vrai enjeu technologique selon Tristant Nitot. En effet, que serait le Web ou l’Internet, sans cette caractéristique, la « bidouillabilité » (hackability en anglais) véritable source de libertés et d’innovations ?

Heureusement, au-delà de la communauté libriste, d’autres contribuent à réhabiliter le sens du mot hacker comme le journaliste Jean-Marc Manach (@manhack) qui met en lumière leur rôle primordial dans un monde contrôlé par la technologie, dans un article du Monde Diplomatique, Les « bidoulleurs » de la société de l’information.

Malheureusement, pour le grand public, le hacker reste confondu avec le pirate. En vérité, à chaque fois que cet amalgame tout à fait déplacé se produit, c’est toute la communauté hacker qui est piratée par les médias. Dernier exemple en date, Matt Lee.

Matt Lee est un hacker qui remplit bien le stéréotype que le grand public doit s’en faire, c’est-à-dire… il est barbu. Matt Lee est très actif à la FSF aux États-Unis ainsi que dans divers projets GNU, notamment Libre.FM et GNU Social.

Il y a trois ans, au Chaos Communications Camp à Berlin, Matt est pris en photo. Sans une quelconque autorisation, la photo accède à un diaporama du Guardian. Jusque là, rien de mal. Bon évidemment, il y a le droit à l’image… mais je ne pense pas qu’il y avait de problème. Sauf que, il y a deux jours, la photographie a été utilisée par un autre journal, espagnol cette fois-ci.

Le problème est que l’article en question, n’a rien à voir avec ce que fait Matt.

Desmantelada una red de 13 millones de ordenadores ‘zombies’

Voilà notre gentil hacker, transformé en méchant pirate, passant ses heures perdues à infester les ordinateurs de pauvres gens sous Windows, pour les mettre à contribution pour inonder notre cher réseau Internet de Spams et autres nuisances en tout genre.

Qui est le pirate dans l’histoire ?

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Publié par Hugo : 16