Les DSI et l’open source, mythes et réalités

Cela fait bientôt un peu plus de sept ans que je suis responsable informatique après environ huit années passées dans le domaine du service et plus particulièrement du développement et de l’intégration de logiciels (propriétaire !).

Durant ces sept années qui correspondent d’ailleurs avec ma découverte des logiciels libres et open source, j’ai eu le temps de me poser pas mal de questions et pas seulement technique sur le sujet. Le document dont je vous propose ici une synthèse a été élaboré suite à la « l’Open CIO Summit, un événement organisé et animé par des décideurs informatiques afin de débattre de l’impact de l’Open Source dans la mise en œuvre et l’usage du Système d’Information. »

Face aux études parfois « convenues » des grands groupes type Gartner et Forrester, nous avons ici un document qui me semble apporter un regard un peu plus réaliste sur la compréhension qu’ont aujourd’hui les DSI (Directeur de Systémes d’Informations) de l’open source.

Tout d’abord, voici les cinq grandes tendances qui ressortent des débats :

  • L’intérêt premier de l’Open Source n’est pas la réduction du coût, mais l’innovation : « l’Open Source est avant tout un levier d’innovation métier ». La possibilité d’assembler, de tester, d’expérimenté sans limite sdes assemblages ou des modifications de logiciels open source est une opportunité pour construire de véritables innovations aux métiers de l’entreprise.
  • L’intérêt n’est pas l’ouverture du code, mais les standards et la flexibilité : Les DSI se posent de nombreuses questions sur la gestion et le reversement des contributions aux communautés. Les différentes approches possibles (participation, donation,…) deviennent ainsi un débat émergeant. Le principe de la contribution semble enfin apparaître et faire partie des préoccupations des DSI utilisatrices de logiciels open source. C’est une approche saine, car c’est comprendre que sans cette étape, la boucle vertueuse de l’open source ne peut pas fonctionner.
  • Le premier frein à l’adoption de l’Open Source n’est pas la pression des éditeurs commerciaux, mais la réticence des utilisateurs finaux. L’ergonomie, le look restent des points incontournables pour l’utilisateur final. Les logiciels open source souvent conçus par des informaticiens pour leur propre usage sont parfois un peu trop « rustique ». C’est donc sur le poste utilisateur que se joue le dernier obstacle à une adoption plus massive de l’open source. Coté serveur, la partie semble bien plus facile à jouer, car plus transparente.
  • L’Open Source exige davantage une nouvelle approche RH qu’une nouvelle expertise technique : l’utilisation de logiciel open source passe aussi par une modification des habitudes de travail et d’organisation des équipes informatique qui doivent faire face des situations plus mouvantes et moins rigides qu’avec les logiciels propriétaires. Esprit d’initiative, autonomie, débrouillardise,sens du travail d’équipe, curiosité et veille permanente… autant d’éléments qui deviennent essentiels.
  • L’Open Source est plus une opportunité qu’un risque pour les DSI : Ce vieux mythe qui veut que les logiciels open source représentent un risque pour l’entreprise semble enfin toucher à sa fin.

L’open source ce sont aussi des mythes qui ont la vie dure. Mais ceux-ci sont remis en cause par les DSI participants :

  • La pérennité : le risque n’est finalement pas évalué comme supérieur aux logiciels propriétaires. Je crois que pas un DSI n’échappera à la disparition ou à l’arrêt d’un logiciel propriétaire ou à la remise en question d’un offre tarifaire durant sa vie professionnelle. Exemple tout récent, l’abandon par Microsoft de son offre Windows Essential Business Server.
  • La sécurité : les acteurs de la défense sont les premiers à adopter massivement l’open source pour leur système d’informations.
  • Le risque juridique : encore une fois les DSI présents jugent que le risque lié à la « viralité » des licences est faible, car ils utilisent souvent les logiciels pour leurs besoins internes. Le sujet des licences demande par contre de l’attention dès qu’il s’agit d’intégrer ce code dans un autre logiciel. Il convient alors de bien étudier les interactions des différentes licences en présence. Le plus simple restant évidemment de faire des logiciels open source.
  • L’instabilité des mises à jour d’origine perpétuelles. Elles ne semblent pas ressenties comme un problème et sont plus contrôlables qu’avec les solutions propriétaires. L’open source apporte au contraire plus de stabilité et parfois moins de pression à la mise à jour. Il est possible de rester sur une ancienne version plus longtemps que dans le monde propriétaire où l’on fait souvent tout pour vous pousser vers la nouvelle version.
  • L’absence de support : c’est une époque désormais révolue. Nombre d’éditeurs open source, de SSLL proposent un support avec plus ou moins de proximité aux entreprises.

Quels sont alors les vrais freins à l’open source ?

  • La résistance des développeurs certifiés sur du propriétaire : ces profils peuvent voir dans l’open source un obstacle à leur rente de situation acquise au travers de formations parfois très couteuses. L’open source et son coté ouvert va à l’encontre de cette démarche, même si le spécialiste existe toujours bel et bien.
  • La résistance des administrateurs et exploitants : Il n’est souvent pas facile de remettre en question les habitudes et les compétences acquises par les équipes techniques d’un service informatique. Mais l’open source va aussi demander un peu plus de travail pour intégrer toutes les briques et obtenir un ensemble cohérent fonctionnant avec fiabilité. Cette perte d’homogénéité apparente peut être fortement ressentie par des équipes habituées à des gammes logicielles propriétaires faites pour fonctionner entre elles.
  • La résistance des utilisateurs finaux : on en a déjà parlé plus haut, mais ce point représente souvent la pierre d’achoppement d’un projet open source. Il faut y porter une attention toute particulière, ne pas réduire la présentation des logiciels open source à la possible économie qu’ils pourraient procurer, mais pour les avantages qu’ils apporteront à l’utilisateur.

Au travers de ces trois derniers points ont voit bien que tout se joue sur l’humain et qu’au final, les obstacles ne sont pas réellement techniques, ni juridiques. Il s’agit bien de volonté et de capacité à conduire le changement de culture qu’imposent les logiciels open source pour le plus grand profit de l’utilisateur.

Le document complet est disponible en teléchargement après demande d’informations personnelles.

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Article original écrit par Philippe Scoffoni le 08/03/2010. | Lien direct vers cet article

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