Peut-on utiliser Thunderbird 3 dans les entreprises ?
Thunderbird est la solution de messagerie internet de Mozilla. Thunderbird a les mêmes racines que Firefox. Elle plonge dans le projet Mozilla Suite lui-même issu du code de l’ancêtre Netscape Communicator. De fait, Thunderbird partage le même moteur basé sur Gecko que Firefox ce qui lui donne un air de famille indéniable.
La version 1.0 est sortie peu de temps après celle de Firefox en décembre 2004. L’objectif initial de Thunderbird était d’offrir une alternative à Outlook Express qui régnait alors sur les postes utilisant le système d’exploitation Microsoft Windows. C’est à partir de la version 1.5 que les projets Firefox et Thunderbird vont commencer à vivre de façon indépendante. Celle de Thunderbird apparaît en janvier 2006, deux mois après celle de Firefox. Le développement de Thunderbird est lent et semble rencontrer des difficultés au sein de la fondation Mozilla. La décision est prise en septembre 2007 de créer une filiale nommée MailCo dotée d’une enveloppe de trois millions de dollars et à la tête de laquelle est placé David Asher.
C’est un nouveau départ qui est ainsi donné à Thunderbird dont la version 2.0 était sortie en avril 2007. Cette version vivra plus de deux ans et demi et sera remplacée après une longue attente en décembre 2009 par la version 3.0.
Le succès de Thunderbird est plus difficile a estimer que celui de Firefox et rares sont les études à ce sujet. Elle crédite Thunderbird de 2.4% de part de marché en novembre 2008 dans les entreprises et 2% chez les particuliers où les webmails et Outlook (27%) règnent en maître. Dans les entreprises c’est Outlook qui trone en tête des usages avec 36%.
Est-il possible d’utiliser Thunderbird dans les entreprises ?
Tout d’abord, on s’attachera aux fonctionnalités offertes par Thunderbird qui de base se limitent à la gestion des emails. En entreprise la deuxième grande application collaborative est la gestion des agendas avec notamment des fonctions de partage d’agenda et d’organisation de rendez-vous. Il s’agit là du principal manque de Thunderbird. Il est en partie comblé par l’extension Lightninig.
Lighning est un projet qui avait pour objectif de créer une application autonome d’agenda sous le nom Sunbird. A l’origine Sun avait participé au projet avant de retirer ces développeurs et de plonger le projet dans le doute pendant une certaine période. Autre déboire, l’extension n’était pas prête au moment de la sortie de Thunderbird 3. Il a fallu attendre quelques semaines pour que la version compatible avec Thunderbird 3 soit disponible. Il s’agit de la version 1.0b1. Une version bêta que l’équipe de développement considère comme stable. Son intégration dans Thunderbird est assez agréable, car il profite de la gestion des onglets.
Je reste cependant inquiet sur l’avenir de ce projet qui devait être intégré à la version 3 de Thunderbird. Une décision qui fut finalement écartée par David Asher pour les raisons suivantes : « un niveau de « finition » insatisfaisant de Lightning, la charge de travail supplémentaire pour l’équipe de développement de Thunderbird, perte des avantages de l’externalisation de ce module ».
Cependant, Lightning reste un module incontournable voir stratégique si Thunderbird veut prétendre s’imposer face à Oulootk lorsque les fonctionnalités d’agenda sont exigées.
Si l’on se concentre uniquement sur l’aspect messagerie, la dernière version de Thunderbird 3 apporte un lot de nouvelles fonctionnalités. Les principales concernent :
- L’affichage par onglets,
- Le nouveau moteur de recherche qui demande un peu d’habitude pour en exploiter tout le potentiel,
- Un système d’archivage simplifié pour les emails,
Au total plus de 200 améliorations.
Thunderbird supporte les formats ouverts SMTP, POP et IMAP y compris dans leurs versions cryptées. En entreprise c’est le protocole IMAP que l’on privilégiera. Il permet de synchroniser les emails stockés sur le poste avec ceux contenus sur le serveur. Ainsi, il n’est pas nécessaire de se préoccuper de la sauvegarde de ceux-ci sur le poste de l’utilisateur. Il suffit de sauvegarder le serveur.
Thunderbird 3 améliore le mécanisme de synchronisation qui permet à l’utilisateur de consulter ces emails même lorsqu’il n’est pas connecté au serveur de messagerie. Cette fonction existait déjà dans Thunderbird 2 mais n’était pas activée par défaut. Elle s’effectue désormais en arrière-plan.
Mieux qu’Outlook ?
Encore une fois cela dépend de l’usage que vous avez d’Outllook. Si l’usage se limite à relever des emails depuis un serveur hébergé chez un fournisseur d’accès internet, la réponse est oui sans hésiter.
Si au contraire vous utilisez Microsoft Exchange, bien qu’il soit possible d’accéder aux emails par les protocoles POP et IMAP, Thunderbird ne saura pas exploiter les autres fonctions collaboratives comme le partage d’agenda de ce dernier. Seul Outlook (et Evolution sous GNU/Linux) sait exploiter ces fonctionnalités.
Thunderbird s’adressera donc aux entreprises qui n’utilisent pas Exchange ou qui souhaite ne plus l’utiliser et mettre en place une solution exploitant des protocoles ouverts. Outlook est en effet un client IMAP très médiocre. Outlook Express la version grand public gère bien mieux ce protocole que son grand frère. Concernant le remplacement d’Exchange, je vous renvoi à cet article que j’avais rédigé sur le sujet.
Le déploiement
Un point sur lequel il n’existe que peu de solutions en environnement Windows contrairement à Firefox. Cependant, il n’est pas très compliqué de réaliser une installation silencieuse. Il reste ensuite à pouvoir configurer le compte de l’utilisateur. Cette opération peut-être simplifiée grâce à l’assistant de configuration qui tente de trouver les serveurs d’envoi et de réception à l’aide de l’adresse mail de l’utilisateur. En adoptant des conventions de nommage standard pour ces serveurs, cela peut rendre l’opération simple.
Pas d’extension ou d’outils permettant d’intégrer et de gérer Thunderbird depuis Active Directory, ce qui lui sera reproché par les entreprises utilisant pleinement les fonctions de l’annuaire de Microsoft.
Thunderbird 3 est-il prêt pour la production ?
La version 3 présente encore quelques dysfonctionnements, mais reste utilisable. Il faudra prévoir un accompagnement léger des utilisateurs habitués à la version 2 afin qu’ils appréhendent bien les nouveautés notamment au niveau du moteur de recherche. La version 3.0.1 incluant des mises à jour de stabilité et de sécurité devrait permettre une mise en production et est annoncée pour le 20 janvier.
A noter l’existence du projet Trustedbird (anciennement Milimail) porté par notre gendarmerie nationale et dont Thunderbid 3 embarque une partie du code. Si votre cahier des charges comporte des contraintes fortes en matière de garantie de bonne distribution des emails ou de sécurité, je vous conseille de vous intéresser de près à ce projet. Trustedbird est pour l’instant basé sur la version 2.0.23 de Thunderbird.
Cette version 3 n’est pas donc une révolution, mais une évolution après plus de deux années sans modifications majeures.
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La liste des entrées complémentaires est établie par le module d’extension YARPP.