Parlez-moi de l'offre légale...

"L'offre légale ne se développera que si cesse le piratage"... Qui n'a pas entendu cette petite phrase contre laquelle il est si difficile de lutter. Personnellement j'ai toujours pensé que l'offre légale ne se développera que lorsqu'elle fournira un service de qualité, et il semblerait que ce n'est pas encore gagné.

Une offre légale de qualité ?

La qualité c'est un bien grand mot au fond, disons que depuis un certain nombre d'années, nous avons un standard qui est le CD audio. Ses "qualités" sont connues : une fréquence d'échantillonnage de 44,1 kHz, une résolution de 16bits, stéréo et sans compression. Ses qualités sont aussi le fait que mon premier CD acheté il y a de ce 22 ans fonctionne encore parfaitement, et que mon fils pourra encore l'écouter, tant qu'il y aura encore des lecteurs, car je peux le lui donner. Ce qui sera possible dés que l'ami à qui je l'ai prêté me le rendra.

Une offre légale de qualité, c'est donc au minimum la même chose que ce que nous avons déjà. Et pas, comme on tente vainement de nous le faire croire, celui de pouvoir télécharger dans la seconde un album au lieu d'attendre qu'il arrive par la poste ? La possession d'un album peut se temporiser quelques jours, c'est pas comme une envie de pisser !

Dans cette idée, l'offre légale actuelle est donc à mon sens de très mauvaise qualité car elle fournit des morceaux compressés à la sauvage, et donc de qualité inférieur à celle d'un CD vieux de 20 ans. En plus, on nous y colle des DRM, des saletés qui m'interdisent un tas de trucs, comme le fait de lire un album sous Linux (ce qui marche très bien avec mon vieux CD) ou de le prêter à un pote pour qu'il me le rende de sorte à le léguer à mon fils.

A cela certain vont (car m'ont déjà Wink m'argumenter que l'avenir, c'est de la musique en ligne avec tout accessible directement comme une gigantesque webradio et qu'avoir chacun sa propre musique est archaïque. A cela je réponds qu'on l'on ne mange déjà plus que le 1/4 de la variété alimentaire de nos grands parents, alors on aura l'air malin le jour où le Brel d'origine ne sera plus disponible car déjà (re)produit en 40 générations de gargouilleurs de la Star académie...

Une lueur d'espoir

En bref, pour l'heure, le CD reste THE offre légale de qualité. C'était du moins ma position jusqu'à ce que je tombe sur Starzik. Un vaste choix d'albums, la possibilité d'acheter à la piste (ce qui est un plus par rapport à l'offre légale "CD"), énormément de morceaux sans DRM, une équipe qui semble sympa et dynamique, et cerise sur le gâteau, la possibilité de télécharger en FLAC. A vue de nez, comme ça, c'est un carton plein.

Seulement, triste est notre monde et comme toujours il y a un hic. En effet, la première piste d'essai que j'achète en FLAC ne sonne pas très loseless... Du coup j'achète une seconde piste, mais cette fois d'un album que je possède déjà au format CD, et que je viens justement d'encoder en FLAC. Et là, il n'y a pas photo, avec un bon casque y'a un truc qui coince.

Plouf dans le FLAC !

Après quelque recherches je me rend compte que je n'étais pas le seul à avoir remarqué comme un souci. Alors pour en avoir le coeur net, je tente l'expérience. Je télécharge sur Starzik une version MP3 supplémentaire du même morceau, et je donne les 3 pistes (mon FLAC, celui de Starzik et leur MP3) en pâture à audacity pour obtenir un spectre de chacun d'entre eux. En voici le résultat.

En arrière plan, vous avez mon FLAC. En second plan, le FLAC de Starzic. Déjà là, on voit le problème, une perte sèche de tout ce qui se trouve au dessus de 18khz. Mais le plus "drôle", c'est la courbe en premier plan, qui se trouve être... le MP3 qui semble juste un peu dégradé par rapport à la courbe du FLAC de Starzic...

Alors bien évidement il ne s'agit pas de prendre le spectre comme argument qualité mais plus de s'en servir comme "signature" permettant de deviner quelle est la source de l'encodage FLAC. Ici on voit donc que ce n'est clairement pas le CD d'origine ou une source de meilleur qualité. La petite perte entre FLAC et MP3 semble quant à elle indiquer que cette origine n'est non plus pas le MP3, ce qui est heureux.

Si l'on se base sur cette réponse du forum de Starzik, le réalité est entre les deux. La source est variable d'un album à l'autre en fonction de ce qui est fournit par la maison de disque. Pour l'album qui m'a servi de test, l'encodage n'est pas indiqué et seul le bitrate l'est (192kbps). On peut donc seulement dire que la source est une compression avec perte pour un bitrate de 192kbps. Du coup pourquoi proposer du FLAC ? Starzik est en cheville avec les fournisseur de disque durs ? Car proposer le téléchargement de ce format est un non-sens puisque la qualité est la même qu'un MP3 de base, mais prenant 10 fois l'espace disque de ce dernier...

Après la technique, le légal

Cette offre légale n'apporte donc pas la même qualité qu'un classique CD (du moins pour le test que j'ai effectué) et perd du coup beaucoup de son attrait. Ceci étant dit, les prix concrètement inférieurs à l'offre légale "CD" peuvent continuer à me tenter sur le principe "moins bon mais moins cher" convenant assez bien à certains albums. Mais cet approche s'évapore assez vite lorsque l'on décortique les conditions générales de vente, et plus particulièrement l'article 10 :

En ce qui concerne les fichiers musicaux, la société Starzik rappelle qu'elle est seule titulaire du droit de diffusion de ces fichiers et que ceux ci sont protégés par les réglementations nationales et internationales en matière de droit d'auteur.

Et pour mieux éclaire cela

Le Client ne bénéficie quant à lui que d'un droit d'utilisation personnel de ces fichiers et limité aux informations fournies au moment de la sélection des fichiers musicaux et sketches, dans un cadre strictement privé et gratuit. (...)

Pour faire simple, avec l'offre légale "CD" aussi, l'usage est strictement privé et gratuit, et l'on ne dispose aussi, que d'un droit d'utilisation personnel. La grosse différence tient à ce que ce droit est lié à la possession du support dans le cas du CD, et il est lié à l'acte d'achat entre le fournisseur et son client dans le cas de starzik. Ainsi, si je peux donner mon CD, le prêter, le léguer ou encore le revendre, je ne peux rien faire de tel avec un morceau acheté ici...

Et dans la série des bonnes questions, que se passe t-il si Starzik disparaît du jour au lendemain ?

Conclusion

En conclusion, dans cette offre légale qui est à mon sens la plus performante sur le marché, j'achète pour un peu moins cher un album de qualité moindre qu'un CD et je n'ai pour cet album qu'un droit personnel d'utilisation. Avec l'offre légale "CD", je possède le support et j'ai un droit d'utilisation sur son contenu qui est de qualité optimum. A ce stade, malgré la petite différence de prix, le choix est assez vite fait...

Il y a fort à parier que Starzik n'est pour rien dans cet état de fait (ils pourraient juste éviter de faire du FLAC sans intérêt et trompeur) qui doit, je l'imagine bien, être imposé par les maisons de disque. Mais me concernant, l'offre légale "CD" reste de loin celle qui présente les meilleurs critères de qualité. Je vais donc continuer à puiser dans le marché d'occasion pour y récupérer mes "antiques" galettes numériques Wink

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