Rendez-vous à l’hôtel des finances pour améliorer GeTax sous Linux
Après des années de tentatives pour faire corriger les problèmes de GeTax sous Linux et mon dernier article sur le sujet j’ai donc été invité à venir discuter de la question à l’hôtel des finances avec le responsable genevois du projet et un de ses collègues. Je remercie Messieurs Mercier et Richard pour cette invitation et leur accueil.
En ce qui concerne les points soulevés, en voici un résumé :
Le programme d’installation n’est pas exécutable
Problème
Cela signifie qu’il est nécessaire que l’utilisateur modifie les droits d’exécution du fichier .bin qu’il télécharge ou qui se trouve sur le CD, puis l’exécute depuis un terminal où à l’aide de la boîte de dialogue d’exécution de commandes. Inutile de dire que peu de gens savent comment effectuer ces opérations surtout qu’aucun fichier readme n’est présent sur le CD pour Linux.
Solutions retenues
M. Mercier va mettre à jour le site Web de GeTax afin de donner des instructions détaillées pour l’installation de la version Linux. Un lien vers mon précédent article sera également fourni.
Quant à moi j’ai passé une partie de la nuit à étudier la faisabilité de créer des paquets d’installation natifs pour les distributions Linux les plus répandues. Bien que ce soit ma première expérience en la matière, j’ai le plaisir d’annoncer que j’ai déjà une version fonctionnelle d’un paquet .deb et .rpm (testés avec succès sur Ubuntu 8.10, 9.4 et les live CDs de Fedora 10 et 11 alors que la version .bin ne fonctionne pas du tout avec cette distribution). J’espère que ce travail pourra servir à la distribution future de GeTax et également des versions des autres cantons.
Le programme d’installation ne crée pas de lanceur dans le menu des applications, ni sur le bureau et n’utilise pas le format .desktop
Problème
Le programme d’installation (InstallAnywhere) ne propose à l’utilisateur de créer un raccourci que dans des endroits qu’il est peu susceptible de trouver (son dossier personnel). De plus, le raccourci créé n’en est pas un, il s’agit simplement d’un script exécutable (donc pas d’icône et une boîte de dialogue qui demande à l’utilisateur lambda s’il préfère lancer ce script dans un terminal, l’afficher, annuler ou le lancer (sic!)).
Solutions retenues
M. Mercier ayant déjà fait ce genre de demande à la société responsable du développement de ce logiciel, il apparaît peu probable que l’installateur soit amélioré dans un délai raisonnable.
Néanmoins, mes paquets natifs créent déjà un vrai raccourci dans le menu des applications, l’utilisation des paquets natifs permettrait donc de corriger ces problèmes.
GeTax dispose maintenant d'un vrai lanceur
Le format PDF est un standard, Adobe Reader n’est pas la seule application permettant de lire un fichier PDF
Problème
Une fois l’installation terminée, l’utilisateur doit encore indiquer à GeTax le chemin d’accès à l’exécutable d’Adobe Reader. Il y a deux problèmes ici. Premièrement toutes les distributions grand public actuelles de Linux disposent dès l’installation d’un lecteur PDF de qualité et il conviendrait simplement à GeTax d’utiliser le programme associé avec ce type de fichiers et, ensuite, Adobe Reader ne devrait pas être mentionné car il ne s’agit de loin pas de la seule application permettant d’exploiter ce format de fichier standard. Cela fait croire aux utilisateurs qu’ils doivent installer Adobe Reader sur leur ordinateur (ce programme étant propriétaire, cela n’est pas forcément simple sur toutes les distributions Linux) alors qu’ils disposent déjà de tout ce qui est nécessaire (il est également à noter qu’Adobe est connu pour mettre beaucoup de temps à corriger les nombreuses failles de sécurité qui touchent son lecteur PDF et il serait judicieux de ne pas exposer inutilement les utilisateurs de GeTax à ses menaces).
Solutions retenues
J’ai remplacé toutes les occurrences de Adobe/Acrobat Reader par visionneur de documents PDF dans les paquets que j’ai créés. J’ai également fait en sorte que, par défaut, le visionneur de documents par défaut de l’utilisateur soit automatiquement utilisé par GeTax (à l’aide de xdg-open).
Je tiens les patches nécessaires à la disposition de l’équipe de GeTax (il faudra encore faire la version en allemand et demander à ce que ces fichiers soient corrigés dans toutes les versions pour les autres systèmes d’exploitation).
L’aide en ligne de GeTax ne fonctionne pas sur les distributions 64 bits
Problème
Bien que tous les ordinateurs de bureau vendus actuellement soient équipés de processeurs 64 bits, une part marginale de leurs utilisateurs utilisent un système d’exploitation 64 bits. Sous Linux, où la plupart des logiciels sont disponibles en 32 et 64 bits, ceci est essentiellement dû au fait que certains logiciels propriétaires (comme GeTax) n’existent pas ou ne fonctionnent pas correctement pour cette architecture. Dans le cas qui nous occupe, puisque GeTax fournit sa propre machine virtuelle Java 32 bits, tout ce qui manque pour que les utilisateurs de GeTax disposent d’un logiciel pleinement fonctionnel est de faire fonctionner l’aide en ligne. Cette fonctionnalité utilise une composant lié au projet Mozilla Firefox qui s’appelle xulrunner.
Solutions retenues
La solution la plus simple pour corriger ce problème (l’autre solution serait de faire en sorte que GeTax soit capable d’utiliser directement la machine virtuelle Java et les autres composant 64 bits du système, mais cela est plus compliqué) est à mon avis de distribuer la version 32 bits de xulrunner avec GeTax et de ne plus dépendre de la présence de ce composant sur l’ordinateur cible (de la même manière que GeTax est maintenant distribué avec sa propre machine virtuelle Java).
J’ai donc implémenté cette solution dans mes paquets natifs et cela fonctionne parfaitement sans intervention de l’utilisateur sur toutes les versions d’Ubuntu testées (32 et 64 bits).
La communication e-mail avec l’équipe de département des finances en général et avec l’équipe GeTax en particulier n’est pas efficace
Problème
Pour finir, nous avons discuté d’un problème un peu orthogonal aux autres soulevés auparavant, mais qui a tout de même son importance. En effet, j’ai souvent essayé de communiquer avec le département des finances et l’équipe GeTax par e-mail et j’ai malheureusement dû constater que leur infrastructure de traitement des e-mails n’était pas du tout adaptée à l’importance de ces services.
Les e-mails envoyés à ses services (GeTax un peu moins ces derniers temps) sont souvent perdus, ne semblaient bénéficier d’aucun suivi et il est pratiquement impossible de tomber directement sur la personne avec qui on a précédemment communiqué (ni de savoir à qui on s’adresse puisque les messages sont rarement signés). L’acheminement des e-mails arrivés sur une des adresses principale semble se faire manuellement et lorsqu’on a la chance d’avoir une réponse l’adresse de l’expéditeur est de temps en temps postfixée d’un -noreply ; ce qui pause de nombreux problèmes : Comment les contribuables qui ne comprennent pas l’anglais où qui ne connaissent pas la signification de ce -noreply sont-ils sensés savoir qu’il est inutile de répondre au message reçu car il ne sera pas traité ? Et pourquoi serait-il impossible de répondre à la personne qui nous a écrit en premier lieu ? Devant récemment faire parvenir des documents à l’administration fiscale, j’ai dû aller jusqu’à leur envoyer un fax pour leur signaler que je n’avais reçu aucun accusé de réception, ni aucune réponse à mes trois derniers e-mails. On m’a finalement indiqué par téléphone qu’il fallait envoyer ces informations par la poste parce que l’envoi de pièce jointe risquait de dépasser la capacité de leur boîte aux lettres et qu’ils ne pouvaient par exemple pas recevoir des fichier “.ppt” (le dossier en question était un fichier PDF de moins d’un Mo et non une série de photo de chatons distribués dans une présentation Powerpoint).
Il existe pourtant des systèmes libres de ticketing comme l’excellent RT que j’utilise tous les jours. Celui-ci permet d’envoyer automatiquement un accusé de réception avec un numéro de ticket (numéro de référence) à la personne qui écrit l’e-mail. Les messages sont ensuite attribués à des services (queues) et/ou des personnes (responsables) et les futures messages liés à un cas donné sont correctement acheminés vers le service ou la personne compétente ce qui garanti une meilleure confidentialité des échanges et surtout un suivi correct (une fois le cas traité, il est marqué comme tel et les différentes parties sont informées).
Solutions retenues
M. Mercier m’a indiqué que la hotline de GeTax bénéficierai bientôt d’un vrai système de ticketing. Quant à l’administration fiscale, il est prévu que les contribuables puissent à l’avenir (d’ici la fin de l’année normalement) s’identifier et communiquer de façon sécurisée avec les fonctionnaires de l’administration.
M. Mercier ajoute également que d’une part l’adresse e-mail utilisée par l’administration fiscale n’était pas destinée à la transmission de messages « personnels » (par exemple des messages portant sur le contenu d’une déclaration d’impôts), mais uniquement pour des demandes générales. Un problème technique chez eux à également conduit de nombreux messages pendant une période de plusieurs mois dans « un trou noir » (sic), ce qui explique pourquoi certaines questions sont restées sans réponse.
Finalement, en ce qui concerne le -noreply, M. Mercier va voir ce qu’il est possible de faire pour qu’il soit indiqué dans les messages de l’administration qu’il n’est pas possible de répondre à leurs e-mails et qu’il faut passer par l’interface Web.
Conclusion
Cette réunion s’est révélée très constructive et intéressante et j’ai bon espoir que les solutions envisagées à son issue portent leurs fruits (reste à savoir de quelle façon et dans quels délais).
Pour vous remercier d’avoir lu jusqu’ici, voici un « scoop » : il est probable que vous puissiez remplir, dès l’année prochaine, votre déclaration d’impôts directement sur le Web ; GeTax continuera néanmoins d’exister sous sa forme actuelle pendant quelques temps.
Mise à jour 28 mars 2009 : J’ai publié des paquets d’installation et les patchs permettant de corriger tous ces problèmes.