Téléphone portable : pas d'OS parfait en vue

Je m’intéresse, comme beaucoup en ce moment, à ce qui se passe dans le monde des smartphones, ces téléphones / PDA dont tout le monde parle. Malheureusement, pour quelqu’un attaché à ses libertés électroniques (et plus généralement, n’ayant pas envie de se faire prendre pour un porte-feuille sur pattes), j’ai la forte impression qu’il n’y a pas de Graal en vue… Voilà un petit passage en revue des différentes options.

Le plus célèbre : l’iPhone

Je vais commencer par celui que tout le monde connaît, l’iPhone d’Apple. Très joli couple appareil / système d’exploitation, qui cache quand même des limitations comme on en avait rarement vu dans le monde de l’informatique. Je n’en ai pas, donc ce qui suit est basé sur les infos que j’ai pu glaner sur le web. Si je me suis trompé, n’hésitez pas à corriger.

  • Déjà, il faut iTunes pour l’activer, sans ça il ne sert à rien. Non seulement je trouve qu’il est abusif de lier l’utilisation d’un appareil mobile à un logiciel sur un PC classique, mais en plus pour moi qui suis sous Linux, c’est raté.
  • On ne peut installer des applications dessus qu’en passant par le site web d’Apple, où l’entreprise contrôle sévèrement ce qui a le droit d’exister sur l’iPhone. Il est déjà arrivé à plusieurs reprises que des logiciels soient censurés, soit parce qu’ils entraient en concurrence avec la stratégie commerciale d’Apple (Google Voice par exemple), soit parce qu’ils n’étaient pas politiquement corrects (iBoobs par exemple). Imaginez si seul Microsoft pouvait dicter ce que vous installez sur votre PC Windows ? Pas de Firefox, pas d’OpenOffice, pas de Thunderbird, pas de VLC, etc… Avec l’iPhone, c’est une réalité.
  • Jusqu’à très récemment (juin 2009), pour pouvoir faire fonctionner son iPhone, il fallait obligatoirement donner son numéro de carte bleue à Apple, qui le stockait sur ses serveurs pour vous débiter automatiquement lors d’achat d’applications ! Rien que ça…
  • C’est un peu plus geek, mais pour pouvoir développer des applications qui tourneront sur iPhone, il faut absolument avoir un Mac. Cette manière de faire de la quasi vente liée commence à sentir très fortement l’arnaque.
  • La batterie n’est pas remplaçable, elle est soudée. Quand on sait que c’est ce qui s’use le plus, c’est quand même vraiment n’importe quoi.

Il paraît qu’il est possible de “pirater” un iPhone pour contourner certaines de ces limitations, mais je ne vois pas pourquoi j’achèterais un téléphone qui a été conçu dans le but de limiter ses utilisateurs. Bref, c’est clair que l’iPhone ne passera pas par moi.

Le plus ancien : Windows Mobile

Cela fait plusieurs années que j’ai des contacts avec les smartphones sous Windows Mobile. Le premier contact, dans un cadre professionnel, a été avec un Qtek 2020i (HTC Alpine), sous Windows CE 3 (je crois). Il m’est apparu tout de suite que ce sont en fait des mini-ordinateurs dans lesquels on a essayé de faire rentrer un Windows au chausse-pied, et sur lesquels on a greffé une application de téléphonie. C’est assez pratique comme PDA, mais difficilement utilisable comme téléphone. Parfois les SMS n’étaient pas annoncés, les options de sonneries étaient plus que minimales, le lien entre les contacts et le reste des applis était rarement fait, etc.

Or depuis quelques mois, mon frère m’a donné son ancien téléphone sous Windows Mobile 6. La situation technique s’est beaucoup améliorée, c’est nettement plus utilisable en tant que téléphone, notamment grâce aux interfaces d’HTC. Cependant, la synchronisation avec un PC sous linux est encore assez sensible, c’est toujours du propriétaire, et sous Windows il n’est toujours pas possible de le synchroniser avec quelque chose de standard (un fichier VCard ou iCalendar par exemple), seul Outlook est accepté. A tel point que, par exemple, ma boîte n’utilise pas Outlook comme client de messagerie, mais est obligée de l’accpeter quand même sur les postes parce que certaines personnes haut placé ont des téléphones/PDA sous Windows Mobile… Là aussi, la quasi vente liée qu’on connaît bien chez Microsoft.

Au passage, depuis que j’ai ce téléphone, j’ai pu participer à SynCE, le projet qui permet de synchroniser un téléphone sous Windows Mobile et un ordinateur sous Linux. J’ai corrigé quelques bugs de conversion, j’ai ajouté des tests unitaires, quelques fonctionnalités de partage de connexion, et finalement les responsables du projet m’ont donné les accès en écriture au SVN :) Très sympa de leur part.

En tout cas, grâce à SynCE et OpenSync, je peux synchroniser mon Windows Mobile avec mon PC Linux, et ça c’est bien cool. L’installation d’applications n’est pas restreinte, donc la plate-forme est assez ouverte, bien que fondamentalement propriétaire.

Le challenger : Android

Android est un système d’exploitation libre pour téléphone portable, fait par Google. Certains gourous de chez XDA-developers ont porté Android sur mon téléphone originellement sous Windows Mobile, donc j’ai pu l’essayer. J’ai un avis très mitigé : techniquement, c’est très joli et très intuitif, mais ça semble tout de même très fermé (un comble pour un OS libre). Les applications de contacts et de calendrier ne sont pas libres, elles sont propriété de Google et non redistribuables. De plus, on peut démarrer le téléphone sans compte Google, mais il le demande aussitôt. On peut ignorer l’inscription, mais dans ce cas il est impossible d’utiliser :

  • La gestion des contacts
  • Le calendrier
  • L’application d’installation de nouveaux programmes

On est donc coincé avec un joli téléphone, sans les applications les plus utiles, et sans la possibilité d’en installer d’autres.

Ah, et au passage : il n’est pas prévu qu’Android puisse se synchroniser avec un PC ou un Mac, quelque soit le système d’exploitation de ce dernier : le principe est de tout synchroniser avec son compte Google, justement…

On sait que l’objectif d’Android est de concurrencer Apple avec l’iPhone, mais ce serait bien qu’il ne le concurrence pas sur le terrain des restrictions et de la vente liée. Pour l’instant on est loin du niveau de restrictions de l’iPhone, mais c’est quand même inquiétant. L’omniprésence de Google est elle-aussi inquiétante. Si Microsoft se fait remplacer par Google, on y aura perdu au change : on sera toujours dans une situation de monopole, mais elle sera plus difficile à déloger : à la différence de Microsoft, chez Google, ils sont bons.

Le petit nouveau : Maemo

Maemo est un système d’exploitation libre développé par Nokia à destination de ses “tablettes internet” : des PDA communicants très évolués à qui il ne manque que la téléphonie GSM. L’OS est basé sur Linux, et utilise massivement GTK/GNOME. Très récemment est sorti le N900 qui ajoute un puce GSM. Le tableau semble complet, mais voilà : il y a quelques mois Nokia a racheté TrollTech, la société à l’origine de QT (concurrent de GTK). Maemo 5, l’OS du N900, est encore basé sur GTK, mais Nokia a annoncé que les prochaines versions seront basées sur QT. En achetant un N900 aujourd’hui, on se retrouve finalement à investir dans une plate-forme logicielle en fin de vie.

Le plus geek : OpenMoko

OpenMoko est une plate-forme 100% libre et 100% ouverte, mais encore en développement. Elle n’est pour l’instant pas vraiment utilisable en tant que téléphone de tous les jours pour le quidam moyen, et son évolution est assez lente par manque de ressources.

Conclusion

Personne ne sort de mes tests avec un sans faute, et c’est bien dommage. Le salut viendra-t-il de LiMo ? Ce qui est certain, c’est que le secteur est en pleine ébullition en ce moment. Vos avis sont évidemment les bienvenus.

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Publié par Aurélien Bompard : 19