Une troisième année scolaire avec Ubuntu
La fin de l’année scolaire approche. C’est l’occasion de dresser un bilan sur cette troisième année d’utilisation d’Ubuntu dans le collège où je suis enseignant.
Pour les lecteurs qui voudraient connaître le début de cette expérience, je les invite à lire l’expérience GNU/Linux d’un collège.
Saisie des absences
La nouveauté de l’année 2008-2009, c’est la saisie informatisée des absences par les profs directement depuis leur salle de classe. Chaque salle a été équipée d’un ordinateur avec Ubuntu, démarrant tous les matins de manière automatique sur un compte utilisateur dédié à la gestion des absences. Firefox est lancé automatiquement à l’ouverture de session et l’environnement numérique de travail, qui est une application en ligne, est prêt à être utilisé.
La saisie des absences des élèves est réalisée grâce à une quarantaine d’ordinateurs avec Ubuntu. Ces ordinateurs sont vieillisants et vont être remplacés à la prochaine rentrée scolaire. Des nouveaux ordinateurs ont été commandés et Ubuntu sera installé sur ces 40 nouvelles machines.
L’utilisation d’Ubuntu pour saisir les absences s’est effectuée de manière complètement transparente. Aucun problème particulier n’est à signaler suite à l’utilisation massive d’Ubuntu par l’ensemble des profs dans le cadre des absences.
Salles avec un usage informatique avec Ubuntu
En plus des 40 ordinateurs présents dans les différentes salles de classe, Ubuntu est présent en dual-boot dans la salle informatique (17 ordinateurs), au CDI (10 ordinateurs) et en Technologie (30 ordinateurs).
Au CDI, pendant certains crénaux horaires, les ordinateurs sont librement accessibles par les élèves. Maintenant qu’ils sont familiarisés avec Ubuntu, ceux-ci n’hésitent pas à démarrer sur Ubuntu.
Club informatique
Une fois par semaine, j’ai le plaisir d’animer le club informatique. Le club est fréquenté de manière assidue par une vingtaine d’élèves. Le club informatique a été l’occasion pour les élèves de découvrir un peu plus Ubuntu, par exemple l’utilisation du Terminal avec quelques commandes de base. Les élèves sont très contents d’avoir appris à manipuler fichiers et dossiers sans utiliser la souris. Les élèves ont également pu s’initier à la programmation avec la découverte du langage Python. Les travaux sous Python que j’ai proposé aux élèves sont inspirés du livre Snake Wrangling for Kids [en] qui est sous licence BY-NC-SA.
Les élèves du club info apprécient particulièrement Ubuntu car, avec ce système, ils peuvent très facilement personnaliser l’apparence de leur environnement.
Ubuntu adopté par les profs
Au collège, quelques profs ont adopté Ubuntu et l’utilisent depuis plusieurs années sur leur ordinateur personnel.
Parmi ces utilisateurs, il y a Laurent, prof de maths et Didier, prof de technologie. Vous pourrez retrouver leurs témoignages en parcourant le blog. Il y a également Ligia, prof d’Arts Plastiques, qui utilise Ubuntu. D’ailleurs, dans sa discipline, ses élèves utilisent Gimp. Durant cette année scolaire, Olivier, prof d’EPS, a également décidé d’installer Ubuntu sur son ordinateur personnel. Sa migration sera l’objet d’un prochain billet.
Manu, prof de Maths, est aussi un utilisateur d’Ubuntu :
Je suis professeur de mathématiques en collège et, pour l’enseignement de ma matière, comme dans le reste de mes activités, je suis amené a utiliser régulièrement l’outil informatique. J’ai découvert Ubuntu et le monde Linux il y a deux ans, et depuis, c’est le système d’exploitation que je privilégie.
D’abord, son installation est d’une simplicité déconcertante. Quelques minutes suffisent à installer les deux Go nécessaires, quelque part sur une partition de disque dur ( et en machine virtuelle sur mon MacBook, c’est encore plus rapide ! ). On bénéficie, dès la première utilisation, des principales applications de base : traitement de texte, tableur, présentation open office, navigateur firefox, etc… Ensuite, à l’aide du gestionnaire de paquets synaptic, on peut aller « glaner », dans la multitude de logiciels proposés, celui qui correspond à nos besoins. En deux clics, le logiciel et les fichiers rattachés sont installés.
Pour un prof de math, cet aspect est très intéressant car on peut bénéficier d’outils pédagogiques libres, qu’on peut essayer à souhait. J’ai ainsi découvert des logiciels de géométrie très pertinents comme Dr Geo ou Carmetal, mais aussi des grapheurs ( Graphmonkey, Kmplot ) ou encore le générateur de diagramme Rlplot.
Au collège où j’enseigne, nous pouvons utiliser Ubuntu avec les élèves en salle informatique. Un avantage réside dans la fluidité du système qui limite les plantages à répétition et les fenêtres intempestives qui perturbent et retardent les élèves lorsqu’on travaille sur un autre système dont je tairais le nom.
Cette année, j’ai effectué des séances d’études statistiques avec des élèves de 5ème et 4ème , en utilisant le tableur d’open office. Ce dernier offre les mêmes fonctionnalités que son équivalent de Microsoft. Son ouverture est rapide et le temps qu’il consacre au calcul est tout à fait satisfaisant. Les élèves n’ont aucune difficulté à saisir l’itération des formules par copie des cellules et nous pouvons ainsi travailler sur de grandes séries de données.
En géométrie dynamique, on peut utiliser, en ligne, Tracenpoche de l’association Sesamath, ou encore Geoplan. En ce qui me concerne, c’est Geogebra qui a ma préférence pour l’utilisation avec des classes de collège. Les constructions de figures y sont simples et rapides et on peut ainsi passer du temps à la conjoncture de propriétés. En 5ème, nous avons, par exemple, observé l’alignement des points d’intersections des médianes, médiatrices et hauteurs d’un triangle, autrement dit la droite d’Euler. En 4ème, les élèves ont pu remarquer que les milieux des cotés d’un quadrilatère étaient immanquablement les sommets d’un parallélogramme. Observer ce phénomène en faisant « bouger » la figure est aussi une aide précieuse pour démontrer ce résultat.
Pour conclure, Ubuntu offre toutes les fonctionnalités qu’on peut attendre d’un système d’exploitation, la simplicité en plus. Les menus de la ligne de commande sont peu nombreux et les applications y sont regroupées par catégories. Tout ou presque peut être téléchargé librement et gratuitement et les mises à jour du système sont bien gérées. Si on ajoute à ça de nombreuses ressources dans les forums et autres sites en cas de problèmes ou de questions, ça en fait indéniablement un outil à privilégier, notamment avec des élèves en découverte de l’outil informatique. À quand Ubuntu dans tous les établissements scolaires ?
Évènements marquants en 2008-2009
Les moments forts qui ont marqué cette année scolaire sont:
- l’adoption par le conseil d’administration d’une motion pour faire de l’utilisation et du développement des logiciels libres une priorité du collège: Priorité aux logiciels libres
- Un atelier que j’ai animé, lors de la journée de solidarité, consacré à la découverte des logiciels libres, auquel de nombreux profs ont assisté et ont pu être sensibilisés aux logiciels libres.
Réseau
Le réseau pédagogique du collège fonctionne avec SambaEdu3. Chaque prof et chaque élève ont un compte avec un identifiant unique sur le réseau du collège et les profils des utilisateurs sont hébergés sur le serveur.
Les postes clients fonctionnent toujours avec Ubuntu 7.10 Gutsy Gibbon. Cette version fonctionne bien sur les ordinateurs du collège qui ne sont pas tous très puissants. Cependant, le support de cette version s’est arrêté le 18 Avril 2009 ce qui signifie que depuis cette date, il n’y a plus de mises à jour des paquets pour Ubuntu 7.10.
Pour la prochaine rentrée, l’ensemble du parc informatique du collège sera mis à jour vers Ubuntu 9.04. Pourquoi attendre ? Principalement par manque de temps: mettre à jour le système d’exploitation d’une centaine d’ordinateurs ne se fait pas en quelques minutes, même avec des outils dédiés à cette tâche, comme OSCAR. Un précédent billet détaille toutes ces manipulations. De plus, le script qui permet de rejoindre un client Ubuntu au serveur SambaEdu3 doit être adapté à chaque nouvelle version du système, ce qui implique un délai après la sortie de l’OS.
Afin de pouvoir équiper une salle supplémentaire avec des postes de récupération, Laurent teste actuellement le client léger sur 6 stations de travail avec un serveur Ubuntu LTSP (Linux Terminal Server Project). Des essais sont en cours… et d’autres billets à venir…