Importer des clefs GnuPG dans sa Nitrockey Pro
Dans un précédent article j’ai présenté la Nitrockey Pro et fait un bref tour du propriétaire. Cette fois si je vais expliquer comment y importer des clefs PGP déjà existante.
Bien entendu je part sur un système déjà installée et configurée et part du principe que la Nitrokey est paramétrée (PIN utilisateur et administrateur, nom du propriétaire etc.)
Avant de commencer
Voici la composition des clefs:
- une clé principale servant a créer des sous clefs, de les révoquer et de signer celles des copains.
- une sous clé permettant de chiffrer
- enfin une sous clé permettant de signer
A partir de là nous allons mettre mes deux sous clefs sur la Nitrokey et garder la clé principale dans un endroit sûr.
L’importation n’est pas très difficile et prendra qu’une minute. Par contre il est important de réaliser quelques opérations en plus :
- Créer un certificat de révocations.
- Sauvegarder comme il se doit la clé maître et ses sous clefs, le certificat
de révocation. En effet l’opération d’importation de vous sous clefs les
supprimera du dossier
~/.GnuPG/
- Sortir ma Master Key du trousseau GnuPG pour la mettre en sécurité sur un périphérique de stockage externe (clé USB)
Réaliser une sauvegarde
Avant tout, il est important de garder une copie de sauvegarde de sa clé maître et de ses sous clefs au cas où une manipulations ne se passerait pas comme prévu. Exportons les clefs privées, publiques et le certificat de révocation dans un fichier compressé et chiffré.
Commençons par créer un dossier dans le répertoire /tmp
afin de recevoir le
certificat de révocation et les sauvegardes de clefs :
mkdir /tmp/gpg_backup
chmod 700 /tmp/gpg_backup
Certificat de révocation
Voici la commande utile pour créer un certificat de révocation pour notre clé maître :
gpg --gen-revoke --output /tmp/gpg_backup/revoke.cert <id>
Où <id>
représente l’identifiant de la clé. Une boite de dialogue apparaît
ensuite demandant la phrase de passe permettant de débloquer la clé privée.
Exporter les clefs
Commençons par la clé privée :
gpg --export-secret-keys --armor --output /tmp/gpg_backup/ephase_private.asc <id>
Bien entendu la phrase de passe de la clé sera demandée
Puis la clé publique, qui ne nécessite pas de phrase de passe pour être débloquée :
gpg --export --armor --output /tmp/gpg_backup/ephase_public.asc <id>
Créer une archive sécurisée
Bien entendu il ne faut pas que ces données (du moins le certificat de
révocation et la clé privée) tombent entre de mauvaise main, il suffit
simplement de créer une archive chiffrée du dossier /tmp/gpg_backup
:
tar cz -C '/tmp/' gpg_backup | gpg --symmetric --output ephase_key.gpg && rm -rf /tmp/gpg_backup
Après avoir rentré un mot de passe de chiffrement fort pour protéger notre sauvegarde, nous sommes fin prêt pour la suite des opérations. Pour restaurer le dossier il suffira d’utiliser la commande suivante :
gpg --decrypt ephase_key.gpg | tar xz
Mettre ce fichier à l’abri
Le fichier ephase_key.gpg
sera mis à l’abri sur un espace de stockage hors
ligne (voire même plusieurs).
Importer la paire de clefs
La manipulation se fait depuis la gestion de clefs gpg
, nous y accédons avec
la commande :
gpg --expert --edit-key <id> gpg (GnuPG) 2.2.17; Copyright (C) 2019 Free Software Foundation, Inc. This is free software: you are free to change and redistribute it. There is NO WARRANTY, to the extent permitted by law. La clef secrète est disponible. sec rsa4096/XXXXXXXXXXXXXXXX créé : 2016-07-07 expire : 2020-07-12 utilisation : SC confiance : ultime validité : ultime ssb rsa4096/YYYYYYYYYYYYYYYY créé : 2016-07-07 expire : 2020-07-12 utilisation : E ssb rsa4096/ZZZZZZZZZZZZZZZZ créé : 2016-07-07 expire : 2020-07-12 utilisation : S [ ultime ] (1). Yorick Barbanneau <ephase@example.com> gpg>
À partir de là nous allons procéder par étape :
- choisir la sous clé pour 1 (le chiffrement) et l’exporter dans le slot chiffrement sur la Nitrokey
- choisir la sous clé 2 (signature) et l’exporter dans le slot signature
La clé maitre sera sortie du trousseau et mise à l’abri.
Exporter la clé ¨Chiffrement¨
Voici les commandes à entrer pour exporter la première clé sur la Nitrokey :
gpg> key 1 [...] gpg> keytocard
key 1
permet de dire à gpg
que l’on travaille sur la première sous clé, et
keytocard
envoi celle-ci sur notre smartcard
gpg
nous demande de déverrouiller par en entrant la phrase
de passe et le code PIN administrateur de la Nitrokey.
Exporter la clé ¨Signature¨
Il faut maintenant dé-sélectionner la sous clé 1 :
gpg> key 1
Pour copier la clé 2:
gpg> key 2 [...] gpg> keytocard
Comme précédemment, gpg
nous demande de déverrouiller par en entrant la phrase
de passe et le code PIN administrateur de la Nitrokey.
Sauvegarder les changements.
Il ne reste plus qu’à sauvegarder nos changement sur les clefs et quitter gpg
gpg> save
Les deux sous clefs seront alors supprimées de notre trousseau et disponible uniquement via la smartcard.
Mettre sa clé maître à l’abri
La clé maître est la plus importante des clefs, elle permet de créer d’autre sous clefs, d’émettre des certificats de révocation pour celles-ci ou encore de signer les clefs publique des amis.
Il est tout à fait possible de la sortir du trousseau pour la mettre à l’abri et de la remettre lorsque l’on en a besoin.
Pour ma part j’ai choisi de mettre la clé sur un support externe chiffré, et
avec l’aide d’un script de monter le support lorsque j’en ai besoin et de créer
un lien symbolique de la clé depuis le répertoire de GnuPG
.
Les outils utilisés sont en général installés de base : LUKS
et udisk
Créer le conteneur chiffré
Toutes les opérations suivantes se font en super utilisateur ou avec sudo
.
Dans un premier temps partitionnons la clé USB (ici sdb
):
parted -s /dev/sdb mklabel msdos mkpart primary ext4 1MiB 100%
Il nous faut ensuite créer le conteneur chiffré :
cryptsetup luksFormat /dev/sdb1 WARNING! ======== Cette action écrasera définitivement les données sur /dev/sdb1. Are you sure? (Type uppercase yes): YES Saisissez la phrase secrète pour /dev/sdb1 : Vérifiez la phrase secrète :
Le déverrouiller :
cryptsetup luksOpen /dev/sdb1 gpg_master Saisissez la phrase secrète pour /dev/sdb1 :
Pour le formater :
mkfs.ext4 -E root_owner=1000:1000 -m 0 /dev/mapper/gpg_master
Il faut bien entendu adapter le paramètre root_owner
en fonction de votre
UID
et de votre GID
.
Et enfin monter la partition avec :
mkdir -p /mnt/usb mount /dev/mapper/gpg_master /mnt/usb
Puis s’assurer que la clé USB ne peut être lue seulement par notre utilisateur :
chmod 700 /mnt/usb
Déplacer la clé maitre GnuPG sur votre clé USB
Les commandes suivante sont à faire dans la foulée mais en tant utilisateur courant.
Nous allons utilisé une fonctionnalité de GnuPG 2
: les clefs privées sont
stockée dans le répertoire ~/.gnupg/private-keys-v1.d/
ou chaque fichier
correspond à une clé et le nom est repris dans le champs keygrip
:
gpg -K --with-keygrip /home/ephase/.gnupg/pubring.kbx ------------------------------- sec rsa4096 2016-07-07 [SC] [expire : 2020-07-12] 3526F4565D76C5674AA56690936CDF3783293949 Keygrip = ABCDEF1234567890ABCDEF1234567890ABCDEF12 uid [ ultime ] Yorick Barbanneau <ephase@example.com> ssb> rsa4096 2016-07-07 [E] [expire : 2020-07-12] Keygrip = FFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFF ssb> rsa4096 2016-07-07 [S] [expire : 2020-07-12] Keygrip = BBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBB
Je doit donc chercher la clé 3526F4565D76C5674AA56690936CDF3783293949.key
et
la copier sur notre clé :
mkdir -p /mnt/usb/.gpg_master
chown 700 /mnt/usb/.gpg_master
mv ~/.gnupg/private-keys-v1.d/3526F4565D76C5674AA56690936CDF3783293949.key /mnt/usb/.usbmaster
Afin de bien vérifier que la clé n’est plus disponible, il suffit de faire :
gpg -K /home/ephase/.gnupg/pubring.kbx ------------------------------- sec# rsa4096 2016-07-07 [SC] [expire : 2020-07-12] 3526F4565D76C5674AA56690936CDF3783293949 uid [ ultime ] Yorick Barbanneau <ephase@example.com> ssb> rsa4096 2016-07-07 [E] [expire : 2020-07-12] ssb> rsa4096 2016-07-07 [S] [expire : 2020-07-12]
Le #
à côté de sec
indique que la clé maître n’est plus disponible dans le
trousseau GnuPG
.
Automatiser le montage de la clé
Afin de faciliter les opération de montage et démontage de la clé USB contenant notre clé maître, on va s’aider d’un script.
L’utilisation est simple, une fois mis dans un endroit accessible via le $PATH
il suffit de faire gpgmount.sh m
pour monter la clé USB ou gpgmount.sh u
pour la démonter.
#!/bin/bash UUID="" mountpoint="" usage () { cat <<EOF $0 m | u $0 mount | unmount mount or unmount encrypted device based on UUID and attach private keys EOF } if [ -L "/dev/disk/by-uuid/${UUID}" ] then case "$@" in "m"|"mount") echo "Mount encryted key" action=$(udisksctl unlock -b /dev/disk/by-uuid/${UUID}) if [ ! $? -eq 0 ] then echo $action exit 10 fi mountpoint=$(udisksctl mount -b /dev/mapper/luks-${UUID} | \\ awk '{print $4}') while read -r f do base=$(basename $f) #create symlink to key file if not exist if [ ! -e "~/.gnupg/private-keys-v1.d/$base" ] then ln -s $f ~/.gnupg/private-keys-v1.d/$base fi done < <(find ${mountpoint%.}/.gpg_master/ -type f -name "*.key") ;; "u"|"unmount") echo "unmount encrypted key" while read -r f do rm $f done < <(find ~/.gnupg/private-keys-v1.d -type l -name "*.key") udisksctl unmount -b /dev/mapper/luks-${UUID} 2&> /dev/null || \\ echo "Volume is already unmounted" udisksctl lock -b /dev/disk/by-uuid/${UUID} 2&> /dev/null || \\ echo "Encrypted container is not unlocked" ;; *) echo "parameter not understood, what do you want :" usage exit 1 ;; esac else echo "USB device $UUID is not connected" exit 5 fi exit 0
Il faut bien entendu mettre l’uuid de la partition contenant notre clé maître
dans la variable UUID
.
Pour le récupérer il suffit de lancer la commande blkid
en tant que root
avec en paramètre la partition en question:
blkid /dev/sdb1 /dev/sdb1: UUID="<uuid>" TYPE="crypto_LUKS" PARTUUID="<partuuid>"
En conlusion
J’ai essayé ici de créer un environnement équilibré entre sécurité et facilité. La Nitrokey permet donc de sécuriser mes sous clefs utilisées tous les jours tout en les rendant disponibles sur mes deux machines principales.
Bien sûr il serait plus sécurisé de n’utiliser la clé maître sur une machine totalement hors ligne démarrée par une distribution live. Mais avouez que pour signer les clé des amis (lors de chiffro-fête par exemple), ce n’est pas l’idéal.
Bibliographie
Kernel Maintainer PGP guide — The Linux Kernel documentation par Konstantin Ryabitsev - lien
Using an offline GnuPG master key (2015) par Damien Goutte-Gattat - lien