À la recherche d'une solution d'édition collaborative pour les nuls
Je partage ici mon exaspération sur l’état de l’informatique dans le domaine de la rédaction collaborative pour M. Tout-le-monde. En ce moment, lorsque je dois faire des travaux d’équipe, je les fais à l’aide de Google Documents, sans exceptions. Cependant, je me trouve constamment tiraillé par le désir d’un meilleur outil. Mes collaborateurs sont des étudiants en psychologie, majoritairement néophytes en informatique. Pourquoi ne pas continuer d’utiliser Google Documents? En fait, c’est ce que je vais faire, à moins de découvrir soudainement quelque chose qui satisfasse mes critères tordus (ça, je serais étonné). J’interpelle votre créativité de geeks.
Ah, mais j’ai pas encore répondu à la question: pourquoi Google Documents m’énerve?
- Dépendance à Google, avec tout ce que ça implique (besoin d’être branché, de leur donner toujours un peu plus accès à notre vie privée/professionnelle et nos données, et le fait d’être à leur merci s’ils décident de mettre fin à ces services — ce qui serait toutefois étonnant)
- Google Documents est du WYSIWYG, laisse trop de flexibilité pour jouer avec le formatage, et donc la mise en forme du texte part nécessairement en couille à tout bout de champ. Peu importe combien de fois je le dis, mes rédacteurs utilisent quand même des styles de texte différents, des alinéas barbares, des doubles-espaces-après-le-point, du souligné partout, des doubles retours à la ligne entre les paragraphes, du surligné, et un demi million de trucs qui m’énervent parce que je dois les défaire à la fin anyway.
- Il est virtuellement impossible de les convaincre d’utilisers les “styles de texte” (Titre, sous-titre, etc) pour faire du “formatage propre” au lieu de tout faire à la main, pour une raison obscure.
- Le fait que l’éditeur ne soit pas un éditeur “plain text” fait en sorte que le formatage est régulièrement bousillé lorsque quelqu’un copie-colle de Word
- La comparaison de révisions de Google Documents est de la merde. Entièrement inutile de par la confusion qu’elle induit.
- Google développe presque ses logiciels à la vitesse de Duke Nukem Forever. Y’a pas de bug tracker. Y’a pas moyen de contacter un humain pour signaler les problèmes. Saleté de logiciel propriétaire fasciste de merde!
- Il faut que les gens se créent un compte Google. Rigolez pas: à chaque fois, le quart/la moitié de mes collaborateurs a eu du mal à créer son compte et à l’utiliser.
- La sauvegarde automatique c’est mignon, mais au final ça donne un document avec 9700 versions en l’espace d’un mois, essayez de retrouver des changements précis là-dedans:
En résumé: Google Documents a un système de versionnement pourri et un modèle qui encourage les kikoolol à fignoler avec la mise en page plutôt qu’à rédiger le texte dans son état pur. Dans un monde idéal, la solution serait la combinaison de:
- l’interface simple d’un wiki comme LionWiki, sans compte d’utilisateur à créer (juste un mot de passe sur la page)
- l’édition multijoueurs en temps réel de Google Documents/Abicollab/Gobby
- le versionnement de Bazaar
- la pureté de syntaxe de LaTeX ou de Wiki (note: rien n’empêche de faire la mise en page dans OOoWriter à la fin; ce qui m’énerve, c’est d’avoir à défaire la mise en forme tordue; moins y’en a, mieux c’est)
Voici donc mon évaluation de la situation. Comme vous le devinez, chaque solution a ses forces et ses faiblesses, et histoire que ce soit balancé, je n’ai inclus que les forces dans ce tableau:
Évidemment, rajoutez à ça les problèmes suivants:
- Les utilisateurs ne veulent pas un truc compliqué (et je les comprends parfaitement)
- “Mais j’aime ça rédiger à l’intérieur de Word!” (truc que j’ai entendu constamment avec Google Documents)
- Des règles de design qui varient selon l’adhérence ou non aux règles de l’APA, l’acuité visuelle du professeur, l’alignement planétaire, etc.
- Il faut avoir un outil de gestion bibliographiques (importance de l’intégration de Zotero ici) pour gérer ses citations/références… Mais déjà là, personne n’en a entendu parler auparavant, et même que la moitié des gens que je croise n’ont aucune idée de ce qu’est Firefox.
- Les gens flippent s’ils voient un éditeur de texte qui n’est pas en “mode page” comme Word (où on ne voit pas de marges, retours à la ligne, etc.), comme si c’était revenir à l’âge de pierre; c’est relativement compréhensible quand on a un nombre maximal de pages à rédiger
Y’a de quoi se taper la tête contre son clavier. Comment se fait-il que ce problème fondamental n’ait pas encore été réglé de nos jours? Y’a du cash à se faire là-dedans, je vous dis. En fait probablement que ça a été fait en entreprise avec Sharepoint ou un truc du genre, mais c’est un peu hors de ma ligue. Ça serait tellement plus simple si on était peuplés de geeks/geekettes qui utilisaient déjà Bazaar + LaTeX…
Whew. Ce billet n’était pas très productif jusque là. Sait-on jamais, peut-être qu’une telle solution existe et que je n’ai pas poussé mes recherches dans la bonne direction. Au moins j’aurai exposé l’état de mon insatisfaction (franchement, y’en a qui ont certainement de plus grosses préoccupations que moi dans leur vie…).