Rendre Debian stable moins obsolète

Il n’est pas rare de lire que Debian Stable est rapidement obsolète et de nous sortir les quelques versions de retard du noyau, de LibreOffice et du navigateur. Pourtant, rien ne nous empêche d’adopter des versions plus récentes et de tordre le cou à cette critique.

Entendons-nous bien, Debian stable est stable comme le rock tant que l’on reste uniquement sur la branche stable. Elle a un cycle assez long d’environ deux ans qui permet d’avoir des versions de logiciels relativement à jour à sa sortie mais qui commencent à dater un peu au bout des deux ans.

Pour une utilisation en production (serveur, postes de travail critiques), cela ne se discute pas. À part quelques mises à jour de sécurité, qui peuvent être faites automatiquement, rien ne changera et donc tout restera stable pour une maintenance quasi-nulle et les utilisateurs peu enclins aux changements ne s’en porteront que mieux.

Pour une utilisation domestique, si l’on souhaite évoluer, avoir les derniers drivers ou que l’on a du matériel un peu récent, il devient intéressant d’avoir des versions plus à jour. Ici, s’ouvrent plusieurs voies : passer sur la branche testing qui préfigure la future stable, ou la branche sid qui équivaut à une rolling release. Le risque n’est pas énorme, mais présente quelques inconvénients incompatibles avec le choix d’une version stable, à savoir, installer et être tranquille pour un ou deux ans :

  • des mises à jours incessantes, plusieurs centaines de paquets par mois, voire par semaine
  • des changements apportant des nouveautés certes mais parfois aussi quelques imperfections, peut-être aussi des bugs et des choses qui ne marchent plus

Pourtant, il y a plusieurs moyens d’avoir des versions plus récentes de paquets sans quitter l’environnement Debian. Je ne parlerai pas ici de jouer au funambule entre les différentes branches en allant chercher ce qui nous intéresse grâce à l’apt-pining, mais simplement l’ajout de certains dépôts, notamment celui des backports qui contient les paquets présents dans testing et rétro-portés pour la branche stable.

La chose est simple puisqu’il suffit, en éditant le fichier :
sudo nano /etc/apt/sources.list
d’ajouter la ligne suivante (contrib et non-free étant à la discrétion de chacun selon la volonté ou pas d’utiliser du 100% libre) :
deb http://httpredir.debian.org/debian jessie-backports main contrib non-free
Une fois le apt update de rigueur réalisé, cela n’aura rien changé dans les update des paquets, il faut préciser que l’on veut un paquet issu de backports pour qu’il soit installé de la manière suivante :
sudo apt install -t jessie-backports libreoffice

Voilà la manière de passer de la version 4.3 qui était la version stable à la sortie de Jessie à la version 5.2 disponible au moment de l’écriture du billet (la 5.3 sortie récemment n’étant encore que dans le dépôt experimental) ce qui est quand même plus récent pour ceux qui souhaitent profiter des apports faits sur les dernières versions.
Pendant qu’on en est à rajeunir la logithèque, les paquets libreoffice-style-sifr (déjà présent dans Jessie) et libreoffice-style-breeze (dans les backports) qui ne sont pas installés par défaut apportent des thèmes un peu plus modernes aux icônes un peu vieillissantes des thèmes Tango et Galaxy (Outils/Options/Affichage/Style d’icônes).

Quoi mettre à jour d’autre ?

  • L’obsession d’un noyau à jour (qui peut se justifier sur du matériel récent) peut être assouvie en passant du 3.16 d’origine au 4.9 actuellement.
  • Les drivers graphiques pour profiter d’une meilleure optimisation de la carte graphique permettent de passer de la version 340 à 345 pour les drivers proprio nvidia et de Mesa 10 à Mesa 15 pour l’OpenGl
  • Les jeux libres en développement actifs sont présents dans des versions à jour (0AD, Minetest, Red Eclipse, Supertux Kart, Battle for Wesnoth, ...)
  • Cinnamon est le seul environnement de bureau rétro-porté, ça tombe bien je l’utilise et ça permet d’avoir une version 3 plutôt que la version 2.2 d’origine (il ne faut pas oublier de mettre à jour aussi le paquet de francisation cinnamon-ln10 qui n’est pas inclus dans le méta-package cinnamon)
  • On peut aussi citer Youtube-dl, Kodi ou VirtualBox dont on peut vouloir profiter des versions plus récentes. Reste un problème de taille : le navigateur. Debian, dans sa quête de stabilité, met à disposition la version ESR (version de support à long terme, la 45 actuellement), ce qui est correspond bien à un usage sur le long terme mais peut paraître trop peu innovant pour celui qui suit l’actualité de Moz://a. Eh bien ce n’est pas dans les backports qu’on va trouver notre bonheur, enfin pas dans ceux de Debian mais dans les dépôts de Mozilla. Sur le site de la Debian Mozilla Team, on va trouver la ligne qui va bien pour ajouter le dépôt selon la branche de Debian que l’on utilise et la version de Firefox que l’on souhaite : ESR (45), stable (51), Beta (52) ou Aurora (53) (versions au moment de l’écriture de ce billet).

Voilà pour l’aperçu des moyens de garder une Debian Stable plus à jour et avoir un meilleur compromis entre stabilité et nouveauté pour patienter avant la sortie de Stretch prévue pour l’été.

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