le monopole, l’outsider & le libre
contexte : suite à billet de Cyrille sur le thème du logiciel libre qui ne veut pas dire plus sécurisé, j’avais écrit ce billet.
Quand Cyrille écrit que le libre ne veut pas dire plus sécurisé, on peut aussi completer la phrase en disant que le libre ne veut pas dire meilleur, c’est-à-dire plus ergonomique ou plus efficace… Bon, certes, j’enfonce les portes ouvertes mais ça va mieux en le disant.
En fait, je dirais que les choix sont plus nombreux qu’on ne le croit, ce n’est pas simplement logiciel propriétaire contre logiciel libre mais plutôt monopole propriétaire contre outsider propriétaire et acteur libre. Par outsider propriétaire, je parle d’un service ou d’une application qui essaie de concurrencer un monopole bien établi avec un produit qui essaie de se démarquer.
Si on prend les services de cartographie, on peut éviter Google Maps (monopole propriétaire), éviter OpenStreetMaps (libre) et préférer Here de Nokia (outsider correct).
Pour les navigateurs web, on peut éviter Chrome/Chromium (monopole propriétaire et je mets Chromium dedans car même opensource, vous irez mettre les addons du Chrome store de Google), tout comme on peut vouloir éviter Firefox (libre de chez Mozilla) et préférer Opera (outsider propriétaire mais qui a ses propres add-ons) ou Vivaldi (outsider propriétaire).
Le libre ne peut pas remplir toutes les cases du monde numérique, il suffit de voir le fameux Degooglisons internet de Framasoft ou des sites d’alternatives [1] [2] pour se rendre compte qu’il y a des manques importants dans le libre ou alors des offres trop techniques, inacessibles pour le commun des mortels, dont je suis.
le premier choix ? Éviter le monopole
Ma première priorité est d’éviter le monopole : je ne lui fournis pas mes données volontairement, je ne lui fais pas de publicité, je n’entretiens sa position dominante et je n’hésite pas utiliser d’autres services concurrents, même propriétaires.
Pour faire simple, en un schéma :
monopole propriétaire < outsider propriétaire < le logiciel libre (oui, le libre, c’est comme le gras, c’est la vie !)
Cela permet à des alternatives d’émerger, même propriétaires, et de faire face au monopole. Le monopole peut, avec un peu de chance, se remettre en question et s’améliorer en changeant. On peut toujours rêver, non ?
conclusion
Je sais défendre le logiciel libre mais ça n’est pas pour cela que je ferme la porte à des services et logiciels propriétaires qui apparaissent. Ce serait trop simpliste : cela empêcherait des éditeurs ou des créateurs d’émerger alors que leur travail mérite d’être soutenu. La route est longue et difficile face à un GAFA, que ce soit en empruntant la voie du libre, et nous ne le savons bien, ou en empruntant la voie d’un service propriétaire naissant et prometteur.
Pour ma part, j’éviterais toujours d’entretenir le monopole. C’est une façon de voir le monde, cela rend les choses plus compliquées par moment, je le reconnais, mais c’est gratifiant sur le long terme. Cela permet la concurrence saine ainsi que de voir des idées nouvelles apparaître, de ne pas se retrouver dans un monde binaire, on peut espérer des sociétés commerciales sérieuses et respectueuses de leurs utilisateurs dont le modèle économique ne se retourne pas tout le temps contre nous.
– Damien
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