Less Is More et libérté

Bien que nos machines deviennent de plus en plus puissantes et capables de supporter une charge de travail plus importante je suis, en ce moment, en quête de légèreté que ce soit sur mon ordinateur que sur mon smartphone. Cette quête de légèreté bien qu'initialement commencée pour décharger virtuellement la charge de travail de mes appareils, qui eux aussi ont bien le droit aux 35 heures semaine, m'amène à revoir mon utilisation des technologies et la part de mes libertés qu'elles m'ont emprunté revient peu à peu entre mes mains.
La semaine dernière je parlais du KISS et ce que j'en comprenais et comment j'appliquais cette philosophie. Aujourd'hui et suite à un commentaire d'Antistress qui me renvoyait à deux de ses billets, je me suis intéressé au Less is more et finalement c'est ce que j'ai entrepris depuis un moment déjà et il s'avère que ce concept se marie très bien avec le KISS.

 

Par un heureux hasard il se trouve que Iceman et Cyrille Borne ont également écrit sur le sujet (où s'en rapprochant sur certains aspects.)


Sur Android

L'appareil que j'utilise le plus est sans aucun doute mon smartphone android, il dispose d'un processeur quad-core cadencé à 1,19 Ghz avec 1 Go de RAM. Ce n'est donc pas une bête comparée aux mastodontes, mais il fait le job à merveille et ce même avec une utilisation assez poussée il reste suffisamment véloce.
Quand je suis entré dans le monde Android avec mon Nexus S je ne jurais que par Google et les services propriétaires, c'était il y a 7 ans maintenant et on peut considérer ça comme une erreur de jeunesse. J'étais obnubilé par l'imbrication de tous ces services entre eux, mon espace Dropbox était alimenté quotidiennement par les données synchronisées avec mes applications, j'étais over-connecté, à la pointe, Monsieur High-Tech, le king, le chef...
Mais en attendant je n'utilisais pas le tiers des applications installées sur mon téléphone et je ne réfléchissais pas non plus au système qui se cache derrière ces services et l'argent, les données que je donnais gracieusement à des firmes ne voulant que se mettre du blé de côté, pour se dorer la pilule tranquillement. Je ne connaissais pas bien le monde du libre et ce qu'il pouvait m'apporter. Bien que j'utilisais déjà Linux à l'époque il me manquait cette réflexion sur le libre et de vraiment savoir pourquoi je préférais Linux à Windows et tout ce qui en découle.

Donc c'est un grand ménage que j'ai entrepris et je privilégie bien entendu le libre mais surtout des applications simples, m'apportant uniquement ce dont j'ai besoin :

  • Antennapod pour les podcasts
  • Lightning Browser, un navigateur rapide,léger et libre.
  • Wallabag pour mes articles à lire.
  • Vanilla Music comme lecteur de musique.
  • Dicos français et anglais
  • puis des cartes, les pages jaunes, la météo, et c'est tout.

Le résultat c'est que je passe moins de temps sur mon téléphone, je respire. Et lorsque j'utilise mon téléphone c'est utile et concret. Alors bien sûr je continue à utiliser quelques services propriétaires comme Gmail ou YouTube car je ne suis pas un puriste, et que je n'aime pas ce manichéisme installé entre le libre et le proprio et je prends le temps de m'informer si une solution libre existe pour la préférer à un service propriétaire. F-Droid s'est bien étoffé depuis ces derniers mois et je pense qu'il peut amplement convenir pour une utilisation classique d'un smartphone.

 

La dépendance

En utilisant tout un tas de services en ligne je me suis rendu compte de ma dépendance à ces outils qui, ne  m'appartenant pas, peuvent tranquillement disparaître et m'enlever bien des choses.
Prenons un exemple simple :

  • Je suis un utilisateur convaincu de Firefox et j'apprécie la fonction Sync permettant de synchroniser mon historique, mes mots de passe, mes favoris entre mon ordinateur et mon smartphone. Si jamais le service plante ou vient à disparaître je suis dans la merde, notamment pour mes mots de passe, car je n'en connais, de mémoire, qu'un nombre infime d'entre-eux.

Et c'est bien là que réside le problème, sous couvert de faciliter notre vie, avec un usage simple, ces services nous emprisonnent et nous rendent dépendants d'eux.
Ne pas en abuser et refaire confiance à notre petit cerveau de temps à autre c'est récupérer une partie de liberté que nous avions préalablement donné sans réfléchir à des inconnus, c'est réapprendre à se rappeler de choses importantes.
En quittant Facebook je dois bien avouer que ça n'a pas été facile. Perdre le flux d'activités c'était une bonne chose en revanche, perdre la fonctionnalité de messagerie c'était perdre un certain contact avec mes amis pour discuter à plusieurs, organiser des choses. Cette perte m'a pesé au début puis a rapidement disparu quand je me suis rendu compte du temps que je gagnais à ne plus vagabonder sans but sur Facebook, et puis il reste toujours le SMS et si l'on veut me contacter il faudra faire l'effort de passer par un autre moyen de communication.

J'essaie également d'appliquer cette philosophie quant aux informations. La surinformation peut être dangereuse et je me limite donc à deux flashs infos par jour sur mon smartphone avec Yahoo News Digest. L'application est remarquable, car elle arrive à créer du contenu synthétique de qualité tout en traitant des sujets divers et variés tout autour du globe. Je garde également l'application du Monde pour les notifications push bien que 75 %  d'entre elles ne sont pas de la réelle information mais plutôt de la news people, sportive ou politique. J'ai également une newsletter du Guardian tous les matins qui synthétise l'actualité du moment, vu d'un autre pays. Ensuite je suis revenu à du traditionnel, à savoir un hebdomadaire papier qui prend le temps de poser l'information, car c'est bien cela le souci avec toute cette surinformation et cette rapidité qu'a apporté internet. Il n'y a plus de traitement de l'information, on réagit de façon compulsive, on n’approfondit ni ne recoupe les informations et surtout on ne cherche pas à aller plus loin. Nous avons perdu la main.

Se séparer de services propriétaires c'est accepté l'éventualité de ne pas retrouver ce confort immédiatement. Soit parce que les services alternatifs n'apportent pas autant de choses, soit parce que leurs mises en œuvre demandent du temps et il faudra peut-être tester plusieurs alternatives avant de trouver chaussure à son pied.
Changer pour une alternative libre ou éthique quand on utilise un service propriétaire c'est un peu comme faire un saut à l'élastique. On flippe avant de se lancer, puis vient le frisson, ce sentiment de liberté retrouvée, de contrôle (bon ça ne marche pas avec le saut à l'élastique.) et une fois le saut effectué on se dit que finalement ce n'était pas grand-chose et qu'on y retournerait bien tellement c'était bon.

 

Renoncer au confort de l'imbrication c'est abaisser au minimum l'effort de migration ultérieur et donc préserver au mieux sa liberté

Antistress, Le pénible chemin de la liberté


Au final, le choix de solutions libres et indépendantes les unes des autres me permet de me recentrer sur l'essentiel, avoir du temps pour écrire, faire autre-chose. Je reprends le contrôle de mon utilisation et ainsi je prends également le temps de comprendre ce que je veux vraiment et comment je le veux. Même si parfois le chemin de la simplicité, de la liberté et du libre peut s'avérer ardue il en reste pas moins fascinant et riche d'enseignement.

La déconnexion des services propriétaires, le temps (nécessaire) à prendre pour s'informer et réfléchir font partie d'un processus qui prend du temps à se mettre en place mais qui, au long terme, replace l'humain au centre en restaurant son implication dans ce qu'il fait.
Et peut-être qui sait, que je pousserai la démarche plus loin en repassant par du format papiers pour certaines choses.

Alors je n'essaierai pas de convaincre les autres que leur utilisation est nul, ni que la mienne est la voie à suivre pour être accepter au paradis. En revanche je resterai ouvert et critique, car le débat est la seule solution pour faire bouger les choses, pour façonner des hommes. Et si certains souhaitent découvrir Linux, le logiciel libre et la philosophie qui émerge de ces mouvements je serai là, et je partagerais avec plaisir et entendrai également ce que des non-passionnés en pensent. Car oui il faut souligner que beaucoup de libristes sont également des passionnés d'informatique tout comme de logiciel libre et donc, nos avis se rejoignent souvent sur certains points et il peut arriver qu'on en oublie les personnes souhaitant juste utiliser leur système.

Vus : 316
Publié par Bridouz : 36