[Invité] Du libre en entreprise, cher, certes mais si personne ne le fait jamais…
L'ami Augier souhaite réagir au billet publié hier : Du libre en entreprise ? Non, pas encore. Voici donc ses mots et ses idées :
dada a appuyé dans son billet sur un point assez pertinent : le libre en entreprise, contrairement à ce qu'on pourrait penser, ça coûte cher.
Et c'est vrai. Parce que quand une entreprise s'équipe en logiciel libre ou s'auto-héberge, il faut penser à embaucher le gros barbu qui va bien pour maintenir tout le bousin et il faut payer des formations aux noobs de la boîte. Ceci entraînant cela, les sociétés préfèrent payer de la licence plutôt que de passer au libre parce que ça coûte moins cher.
… À court terme…
Parce qu'en fait, il faut voir le passage au libre comme un investissement de long terme. Certes, dans le bilan comptable de l'année, le coût de la licence sera moins élevé que le coût de la masse salariale, mais uniquement quand tout se passe bien. Si les choses commencent à tourner au vinaigre — par exemple si le glandu qui maintient la boîte aux lettres est un gros branleur — l'entreprise l'a dans l'os et va se retrouver avec du matériel disfonctionnel pendant des semaines, voire des mois avant que le branleur ne daigne mettre des rustines sur les fuites.
C'est là où je pense que dada prend le problème à l'envers. Sur un plan strictement financier, il n'y a pas photo. Sur un plan humain, on se retrouves avec des personnes qui se disent ingés, développeurs, ou admin sys mais qui sont en réalité incapable de taper la moindre ligne de commande. Rigolez pas, récemment, la boîte où je bosse a décidé de passer à Debian. C'est la galère…
Alors voilà le constat que je fais : passer au libre, ça coûte cher et c'est contraignant, certes. Mais si personne ne s'y met jamais, on se retrouve en fait avec une somme colossale de pertes en compétences.
Et c'est précisément le problème qu'illustre le Commit Strip que dada poste à la fin de sont billet : choisir de garder des licences, c'est choisir de laisser des compétences essentielles à l'entreprise s'accumuler dans les mains de quelques informaticiens brillants et quelques lobbys.
Si le produit de gestion des mails de Google est si bon, c'est précisément parce que personne d'autre que Google ne souhaite s'en soucier. Et pourtant, il est aujourd'hui courant dans les boîtes d'informatique d'interdire aux employés d'utiliser la messagerie d'entreprise pour s'échanger des données sensibles, un comble…
Mais j'ai bon espoir : nombre d'entreprises commencent à se rendre compte d'à quel point l'informatique est une question sensible et à quel points elles ont besoin de compétences. Elles sont de moins en moins enclines à externaliser leur informatique. Et dans le même temps, on assiste à une poussée considérable du libre dans tous les domaines de l'informatique.
Moi je vous le dis : un jour, le libre dominera le monde ! Mais pas demain. Demain y'a conférence de Stallman.
Merci à lui ! Vous pouvez parcourir ses autres billets publiés sur le blog de Laurent Napias.