Owncloud reproduit-il les erreurs de MySQL ?

owncloud-logoOwncloud fait partie de ces logiciels libres qui ont le vent en poupe et à juste raison. Pour faire simple, cet outil peut-être qualifié de Dropbox libre. Ses fonctionnalités de partage de fichier couvrent en grande partie celle du service en ligne de stockage américain.

Mais Owncloud va plus loin et intègre d’autres applications comme un système de gestion d’agendas ou de contacts. Il est également possible d’intégrer des applications tierces comme le webmail Roundcube.

En quelque sorte, Owncloud se transforme en un intégré que l’on compose avec les applications qui nous sont utiles. Une approche tout à fait séduisante et qui permet d’envisager une simplification de son informatique personnelle ou de son entreprise. Au demeurant je fais partie de ses utilisateurs pour les fonctions de partage de fichiers. Je le recommande même dans mon guide de solutions informatique pour les TPE. Pour les autres fonctions de webmail, d’agenda et de contacts, je continue de préférer mon groupware SOGo.

Sur le sujet des mails d’ailleurs, le développement d’un webmail spécifique à Owncloud est en cours. Je suis cependant un peu dubitatif sur l’intérêt de développer un énième webmail alors que Roundcube le fait très bien et qu’il suffirait (il me semble) d’automatiser un peu plus son installation au sein d’Owncloud.

Quel rapport avec MySQL ?

Je me suis un peu penché sur l’évolution d’Owncloud sur le versant entreprise. Car Owncloud n’appartient plus à ce que l’on appelle la sphère non marchande du logiciel libre constitué d’associations et de développeurs bénévoles. Derrière Owncloud se trouve une entreprise portant le même nom. Sur le site de celle-ci, on peut voir qu’il existe une version professionnelle accessible en échange du paiement d’un abonnement qui donne accès à du support, mais pas uniquement.

Soyons clairs, je ne critique nullement le fait de proposer du support payant. C’est indispensable à la survie de cette entreprise et au financement des développements d’Owncloud. Mais ce n’est pas que du support. C’est aussi :

  • une licence commerciale permettant de modifier Owncloud sans obligation de reverser les modifications ;
  • des fonctionnalités qui n’existent pas dans la version communautaire ;

Un modèle qui n’est pas sans rappeler celui de la base de données MySQL. Au passage si le développement d’un client mail peut-être considéré comme une idée pertinente pour offrir une solution globale, elle peut aussi être vue comme une façon de s’assurer le  contrôle de tous les droits d’auteurs afin de garantir le modèle à double licence. L’utilisation de Roundcube et de la licence GPL rend la chose plus délicate probablement. Comme indiqué dans le fichier « CONTRIBUTING » pour participer au code de l’application mail d’Owncloud, il faut signer un accord de contribution.

Je ne sais pas comment le projet Owncloud va évoluer, mais il est désormais soumis aux aléas des rachats d’entreprises et aux stratégies de monétisation « traditionnelle » et aux conflits juridiques qui vont avec. Sur ce dernier point, je vous renvoie sur le nouvel opus de la communication autour du procès Bluemind vs Linagora mettant dans la boucle un acteur non marchand comme Framasoft. Ce modèle de l’entreprise unique qui détient les droits et porte un logiciel libre ne favorise guère le développement d’un logiciel vraiment libre sur le long terme. Il existe des contre-exemples,mais encore n’ont-ils pas l’ancienneté d’un projet comme MySQL. Tout tient souvent dans la volonté du dirigeant fondateur.

Il n’en reste pas moins vrai qu’à ce jour, c’est le modèle le plus efficace  pour permettre le développement rapide de logiciels aboutis hélas plus ou moins libre. Si Owncloud a encore de progrès à faire sur le plan technique, il réussit régulièrement à lever des fonds privés pour accélérer son développement. Mais quelles sont les contreparties de ces apports, quel impact sur la stratégie commerciale et par rebond sur la portion de code libre mis à disposition, seul l’avenir le dira.


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Article original écrit par Philippe Scoffoni le 24/09/2014. | Lien direct vers cet article

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