80% de logiciels commerciaux seront basés sur des piles open source, mais seront-ils libres ?

Yellow-legoDans son livre sur l’économie du logiciel libre, François Elie, nous prédit dans les scénarios du pire pour le logiciel libre :

La grande menace a deux visages, c’est le logiciel propriétaire 2.0 à visage libre ou en forme de cloud computing.

Une enquête de la Linux Foundation réalisée auprès de 700 développeurs et chefs d’entreprises, employés au sein des plus grandes entreprises informatiques révèle que le développement collaboratif est devenu un élément indispensable au sein des entreprises. Ainsi 77 % des sondés ont déclaré que l’utilisation des méthodes de développement collaboratives avait permis d’atteindre le marché plus rapidement. 44 % des cadres ont affirmé qu’ils vont augmenter leurs investissements dans le développement collaboratif et plus de 63 % de développeurs ont affirmé qu’ils passent plus de temps à faire du développement collaboratif.

En résumé, la mutualisation des efforts de recherche et développement dans le domaine du logiciel passe de plus en plus par l’usage du modèle open source. La question reste de savoir pour quel logiciel et surtout sous quelle licence ils seront diffusés au final.

Si l’on s’en tient au propos de Jim Zemlin, le directeur de la fondation Linux, 80 % des logiciels commerciaux seront basés sur des piles open source.

C’est bien le mot pile qui me fait réagir. Le modèle du logiciel libre à la sauce open source revient à fabriquer des briques intégrées dans des logiciels qui ne le seront pas. L’open source reste au final une commodité. Évidemment, les défenseurs de ce modèle nous diront que c’est aussi le moteur de l’innovation.

Et les utilisateurs dans tout cela ? Quelles différences cela fait-il que les logiciels propriétaires de demain soient bâtis sur de l’open source comme le sont aujourd’hui les grands services web ? Aucune, il n’y aura rien gagné et le combat du logiciel libre restera lettre morte.

Méfions aussi des velléités des grands du numérique d’apprendre à coder à tout le monde. Sous couvert de bonnes intentions, se cache probablement la volonté de disposer d’armées de développeurs bénévoles pour contribuer à leurs piles open source.

Tout n’est pas fini, ils sont encore nombreux, y compris chez certains éditeurs de logiciel libre à jouer le jeu. Mais face à cette concurrence, qui utilise le même modèle de développement qu’eux tout en bénéficiant des revenus que procure la vente de licence d’utilisation pourront-ils tenir le choc à long terme ?


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Article original écrit par Philippe Scoffoni le 28/03/2014. | Lien direct vers cet article

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