Balade dans la forêt de Lente

J'ai préparé le sac la veille. Par rapport à mes habitudes, je me chauffe au gaz. En effet, le feu est interdit dans le parc naturel du Vercors et le système réchaud à gaz (Primus Express) est léger et peu encombrant. Avec une recharge de 100ml (suffisant pour 2 jours d'autonomie), le poids du réchaud plus du combustible est inférieur à mon ancien réchaud à bois.

L'autre changement d'importance est la présence de Delta. Un bon compagnon, mais qui ne porte rien… je dois donc porter pour lui environ 500 grammes de croquettes, quelques friandises et un plaid léger en polaire. 500g, c'est un peu insuffisant pour 2 jours complets (sa ration est de 300g par jour) mais il fera comme moi, il mangera mieux au retour !

La liste du matériel au départ, le tout dans un sac à dos Reuter 45+10 (celui qui m'a accompagné au Canada) :

  • Sac de couchage Defence 4
  • Tapis de sol RidgeRest
  • Tarp 3mx3m D4
  • Réchaud à gaz Primus Express + 1 bonbonne 100ml
  • Popotte 1l alu + quart alu
  • 1 gourde à eau 2L
  • 2 nalgènes like (1 better bottle de camelback et une nalgène d4)
  • 1 softshell (toujours la même, celle qui m'accompagne partout <3)
  • 2 paires de chaussettes
  • 1 poncho golite
  • 1 kit premier soins (désinfectant, pansements, tire-tic, micropure forte)
  • Nécessaire pour le feu (au cas où… coton+vaseline+briquet)
  • 1 boussole
  • 1 plaid en polaire
  • 1 gamelle pliante pour l'eau du chien
  • 2 conserves (cassoulet et raviolis)
  • 2 salades de riz en boite
  • 2 boites de sardines
  • 1 demi-saucisson
  • Bouffe pour le chien
  • 10 sachets de thé
  • 200g de noix (mélange)

En complément, j'ai une petite sacoche ventrale qui contient :

  • 1 carte 1/250000 IGN de la zone (Combe Laval - Forêt de Lente)
  • 1 GPS
  • Téléphone portable Sony Xperia Active
  • Appareil photo Olympus Tough TG 310
  • 1 fond de sac de mélange de noix

En route

Nous partons donc Delta et moi de Vassieux en Vercors vers 8h30. Le but est de passer deux ou trois jours dans la forêt de Lente, histoire d'avoir un premier ressenti. Pour commencer, il faut s'attaquer au plus difficile : la montée vers le plateau. Vassieux est à 1000m environ et je choisis de passer par le col de la Mure et Serre-Plumé, qui sont à 1400-1500m.

7070161 - Vue sur Vassieux en Vercors

Après une première partie d'ascension raisonnable, ça monte raide ! Delta semble prendre son pied mais je fais un peu moins le malin. Bon j'ai l'habitude, je sais que le poilu fera moins le fier après quelques heures de marche :p Je dois faire plusieurs pauses lors de cette montée, la montagne c'est vraiment pas le même rythme que la plaine et ça donne chaud.

7060102 - Bientôt le col de Carri

C'est dans la montée vers Serre-Plumé que je vais me tordre le genou gauche. Une « marche » rocailleuse un peu haute, je cale le pied gauche dans un recoin, avance le pied droit, qui glisse… moi avec du coup mais sans le pied gauche bien calé :p J'ai senti tout de suite une bonne torsion du genou. Sur le moment, à part la douleur du choc, tout va bien et je repars donc. Je me doute que c'est plus tard que je vais le sentir.

En tout cas, la montée sur Serre-Plumé vaut le détour car un magnifique panorama s'offre à moi, même si rapidement les nuages vont rappliquer. Je fais une longue pause à cet endroit avant de repartir.

7060108 - Vue depuis Serre-Plumé

Un moment à suivre une crête, perdu dans les nuages qui nous ont engloutis, puis redescente sur le col de Carri, à 1200m environ. Cette partie est moins sympa car une bonne portion du trajet est un chemin carrossable. Au col de Carri, je trouve un endroit pour refaire le plein d'eau et il était temps.

Ça l'eau, ça va poser problème. Même avec la gourde de 2l et les 2 nalgènes, je ne serai pas capable de tenir plusieurs jours, surtout avec Delta. Et je n'ai trouvé nulle part une source d'eau, ni même de flaque immonde où Delta aurait pu trouver pitance. J'ai l'air fin d'avoir pensé à prendre du micropur, faudrait déjà trouver de l'eau à purifier…

Après le col, j'ai le choix entre plusieurs itinéraires. Je choisis de faire la boucle la plus longue pour rejoindre le hameau de Lente et ainsi contourner la combe de la Garne. Il est encore très tôt et quand je m'arrête pour faire la pause diner, il est 13h et je ne pensais pas être déjà là. Je vais rester tranquillement sur un bout de pelouse à l'ombre jusqu'à 16h, à regarder les papillons et les fleurs très nombreuses. Delta s'amuse à creuser un trou de taupe avant de venir se reposer à l'ombre près de moi.

Fraise des bois

Le genou devient cependant bien raide, la pause ayant refroidi le mécanisme, et il est bien gonflé. Je sens que le reste de la journée va être difficile.

Nouveau départ ensuite pour se rapprocher de Lente. Le truc de bien, c'est que les sentiers de la forêt de Lente ne sont pas des sentiers de montagne. C'est plutôt plat, facile à marcher donc les kilomètres avancent pas mal, même en s'arrêtant pour prendre des photos ou regarder les pistes.

Pistes qu'il n'y a pas en masse. Je trouve quelques crottes, renard et mustélidés surement. Mais les empreintes ne sont pas nombreuses en raison de la surface des sentiers, très durs et très secs. Un mauvais point pour moi ça. En même temps, je n'ai pas fait tous les passages possibles ni regarder tout attentivement. C'est juste une première impression que je recherche.

7060138 - Sous bois de la forêt de Lente

Je trouve un coin plutôt sympa pour le coucher. Il n'est pas l'heure encore mais cela me permettra de bouger un peu ensuite le dos léger. Plat, avec pas mal d'arbres et puis je le sens bien :p Des indices olfactifs me laissent penser qu'un renard rôde dans le coin.

Poser le tarp n'est pas un problème, le sol est bien plat et sans rocher. Delta a déjà depuis longtemps passé le cap du « c'est quand qu'on s'arrête » et me regarde installer tout ça, couché sur le tapis de sol.

7060134 - Premier bivouac en forêt de Lente

Ensuite, premier essai du réchaud à gaz. Je trouve une souche non loin et j'installe le coin cuisine. En fait, c'est pas un réchaud, c'est une turbine d'avion ce truc ! Au premier allumage, Delta a pris peur et s'est éloigné de 5m, il a fallu que je le rappelle :p Bref, très efficace, réglable donc parfait pour le cassoulet qui mijote pendant que Delta et moi prenons le saucisson en apéro. Un thé pour finir, très rapidement chauffé, c'est impressionnant.

7060136 - Premier souper en forêt de Lente

Une pause sous le tarp ensuite, Delta s'installe pour sa nuit et ronfle déjà… Il ne sera pas très chaud pour se relever et m'accompagner faire un bout de route en soirée, mais bon il me suit parce qu'il m'aime. Ce qui est dommage, c'est qu'en forêt, il n'y a pas de vue vraiment dégagée sur les cols et j'abandonne l'idée d'une jolie photo en coucher de soleil. J'aurais du y penser et me rapprocher d'une prairie ou d'une autre surface dégagée, c'est ce que je ferais le prochain coup.

Bon, le genou tire et je ne vais pas trainer jusqu'au coucher du soleil de toute façon. On retourne au tarp, j'abandonne chaussures et pantalon dans la douleur… la nuit va être dure.

Effectivement, chaque changement de position est un supplice. Plier ou déplier la jambe est un calvaire et comme je ne peux pas dormir les jambes tendues… Enfin, j'arrive à trouver le sommeil, jusqu'à ce qu'un son étrange nous réveille.

Typiquement, on a été réveillé par la même chose Delta et moi : je lève la tête en sursaut, réveillé par un cri proche, et je vois Delta dans la même position. Au deuxième cri, Delta se lève et vient se blottir contre moi… maudit froussard ! Décrire ce son, je ne saurais pas. C'était un animal terrestre et il devait se tenir tout proche. Le bruit s'est décalé de quelques mètres tout le long du truc, et ça a duré un sacré bout de temps. À mon avis, un habitant de cette forêt n'apprécie pas notre lieu de bivouac et nous le fais savoir. (Oh mon dieu, un dahut en pétard !!)

Alors, j'avais eu une expérience similaire au Québec lors du premier projet. J'avais emprunté un sentier et entendu un cri étrange, répété et c'était un renard qui est venu ensuite vers moi. J'ai su plus tard qu'il y avait sa tanière non loin.

Nous sommes début juillet et les petits sont encore en tanière. C'est peut être également un renard qui nous a sorti un cri d’outre-tombe pour nous impressionner ? Bon, ça n'a pas marché, le cri a fini par s'éteindre et Delta et moi nous endormir.

Samedi matin, je suis réveillé à l'aube, normal. Delta aussi. Bon, je traine un peu, Delta n'a rien contre :p Je décide de ne pas me faire de thé ce matin, je me contente de noix. En fait c'est les manipulations qui m'embêtent : chaque fois que je dois plier ou déplier le genou, la douleur se fait vive et rien que de démonter le camp et remettre tout dans le sac, ça va me suffire.

Delta ne m'aide pas en plus. Il s'amuse à se recoucher sur le tarp quand je le plie. Il aurait bien aimé resté ici un peu plus j'ai l'impression ! Enfin, tout est prêt et nous voilà reparti un peu clopi-clopant. Cela s'arrange à mesure qu'on avance, les muscles se réchauffent mais ce n'est pas très agréable.

7070153 - Pelouse de Bournette

Je décide à ce moment de ne pas rester une troisième journée dehors. Ça serait un peu risqué pour mon genou et je n'ai pas envie d'aggraver la blessure. D'autant plus qu'il y a pas mal de roches et il est assez facile de trébucher. Et comme Murphy l'a si bien démontré, quand les choses vont mal, ça empire toujours…

Je choisis donc un itinéraire qui me ramènera au col de la Chau, qui donne accès à Vassieux. Une petite dizaine de kilomètres d'un pas tranquille. Nous traversons deux prairies, que les moutons n'ont pas encore investies. Ces espaces dégagés sont vraiment plaisants sous le soleil du matin et je vais pouvoir croiser un renard alors que je prends une pause sur un rondin. Il est assez loin et avec l'APN que j'ai, il ne sera qu'un point sur la photo… Vivement que je récupère un reflex et un objectif adapté à ce genre de clichés.

7070154 - Renard dans la pelouse de Bournette

C'est aussi à cet endroit que je vais croiser le seul humain de cette balade, un cycliste. Une bonne chose pour l'instant, c'est que même en été, il n'y a pas foule par ici. À voir si cela continue.

Arrivé au col de la Chau, il me restera la descente vers Vassieux. Une descente ardue car le sentier est fait de gravier… je glisse plusieurs fois et me retrouve sur le cul 2 fois… heureusement, le genou n'a pas morflé.

7040077 - Vers le col de la Chau

Je suis de retour au camion, bien fatigué. Delta aussi et il va piquer une sieste toute l'après midi !

Du coup, cette vadrouille a un petit goût d'inachevé car j'aurai aimé rester plus longtemps dehors, pour me remettre l'esprit au vert. Cela devra attendre un peu, le temps que le genou se remette un peu. J'ai quand même eu quelques enseignements, dont celui que, à priori, on peut parcourir la zone de la forêt de Lente, Fond d'Urles et même le plateau d'Ambel en quelques jours. Rien n'est vraiment loin une fois qu'on est sur le plateau.

Pour voir plus de photos du Vercors, vous pouvez visiter le classeur Flickr consacré.

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Publié par botchchikii : 30