Diaspora* ou Diaspora* pas ?

J'attends encore de voir... Non décidément, Diaspora* n'est pas / ne sera pas le réseau social qu'il me (nous ?) faut. Dès leurs débuts, il y avait quelque chose qui clochait dans leur façon de faire.

Au début, ils se sont imaginés en "Facebook-killer" en voulant créer un réseau décentralisé. Soit. Comment s'y sont-ils pris ? En recréant un Facebook. Certes Libre, certes avec la possibilité de le répartir sur plusieurs serveurs, mais avec la même tête et la même idée derrière. Ça n'allait pas.

Depuis, les choses ont remué, ils ont cogité un peu. Chouette. Bientôt, ils vont nous présenter, pour le plus grand bonheur de nos yeux, une interface revisitée pour nos profils. À partir de "squelettes" pré-définis, nous pourrons présenter nos profils de la manière que l'on veut, de manière très "design" (de ce que j'en ai compris). la future interface de Diaspora Oh chouette ! Très joli, très soigné, ok. Nous n'aurons donc plus un Facebook-like, bien.

Par contre. Non vraiment, ils n'ont pas fait les choses dans l'ordre.
Le protocole de communication entre les pods et vers l'extérieur semble être un protocole fantôme dont on n'a jamais vu les spécifications. Embêtant si jamais on veut développer une application qui puisse communiquer avec Diaspora*. Un réseau social, c'est aussi un écosystème. Prenez Facebook. Sans les innombrables applications qui gravitent autour, le réseau est beaucoup moins attractif. Donc Diaspora* se doit de favoriser cet écosystème en spécifiant enfin correctement le protocole, en le documentant, en le rendant public. Les développeurs pourront alors s'en emparer. La pièce maîtresse du réseau ne doit pas être l'outil qui nous permet d'y accéder mais le protocole qui indique comment communiquer avec les gens.

Les développeurs se concentrent sur le design. Ok. Mais ce n'est pas l'essentiel. Il y a d'innombrables bugs qui apparaissent par-ci par-là, jamais corrigés. Écrire et mettre en forme un commentaire ou un billet relève du parcours du combattant. Ils se basent sur la syntaxe Markdown, que je ne trouve déjà pas intuitive, mais qui ne semble même pas être prise en charge correctement. Puis il y a les images qui n'apparaissent pas tout le temps ou qui mettent trois plombes à apparaître. Les notifications qui zozotent. Le repartage qui fait n'importe quoi. Des fonctionnalités qu'on demande depuis un moment qui semblent apparaître... pour disparaître bien vite.
Bref, on dirait que les développeurs n'utilisent pas leur propre réseau...

La communauté elle ? Très sympa, très ouverte, très engagée, très réactive. Mais on a quand même l'impression de tourner très vite en rond dans un monde geek (ou semi-geek car tout le monde ne l'est pas). Comme le regrette Flaburgan dans son dernier article chez les Geexxx, on peut rarement élever un débat car les avis vont régulièrement dans le sens commun.
Puis il y a le contenu. Les billets intéressants sur une journée doivent se compter sur les doigts de la main. C'est très subjectif, oui. Mais les gifs animés de petits chats-trop-mimis, c'est vite lassant. Les vidéos ? Ma connexion Internet s'en tient éloignée le plus possible. J'en suis à un stade ou je suis presque plus dynamique devant TF1...
Alors on a un Ploum qui essaye de batailler, qui nous ouvre les portes de débats assez régulièrement. On a quelques relevés de manifestations intéressantes à travers le monde. On a des nouvelles de tel ou tel projet qui n'en donnait plus. On a des écrivains qui publient quelques-uns de leur texte. Mais tout ça est bien vite noyé dans la masse. Plus rien.

Tout ce que nous voulons, c'est un moyen de communiquer, de partager, de débattre. Que faire alors ? Certains ont quitté Facebook par principe. Personnellement je m'auto-censure sur ce dernier (j'ai mes raisons de garder un compte là-bas).
Malheureusement, c'est bien là-bas que nous pourrions atteindre le plus de gens de par nos centres d'intérêts. C'est là-bas sans doute que le débat naîtrait.
On rejettera la faute sur la version alpha de Diaspora* qui dure, qui dure. C'est vrai.
On dira que ce sont à la base, 4 gus dans un garage qui ont lancé ce projet, et qu'ils se sont retrouvés avec des milliers de dollars sur les bras à ne plus savoir quoi en faire. C'est vrai, on n'aurait sans doute pas fait mieux.
On dira qu'on peut participer, que c'est un projet ouvert, qu'on peut mettre la main au code. C'est vrai.

Mais moi ce que j'aimerais avant tout, c'est que le cœur de l'équipe des développeurs se concentrent sur le protocole. Qu'ils nous pondent un joli document expliquant correctement comment un logiciel tiers peut interagir avec le réseau Diaspora*.
Alors d'autres développeurs prendront le relais pour nous créer un environnement d'applications qui permettra d'utiliser Diaspora* sur son mobile. On pourra imaginer récupérer le flux d'informations en mode non-connecté pour le lire le soir avant de se coucher. On pourra avoir des petits logiciels qui nous feront des statistiques super utiles ( "Vous avez 18 contacts vivant au Canada, 42 en France et 3 en Tchécoslovaquie, félicitations !" ).
Alors à partir de ce moment là, les développeurs de Diaspora* pourront se focaliser sur leur propre outil. Ils pourront corriger les petits bugs qui dérangent, implémenter les outils de base qui manquent (un petit sondage au sein de la communauté ?). On pourra alors imaginer que l'aspect social qui me manque suivra le mouvement.
Et enfin, là oui, ils pourront faire mumuse avec leur nouvelle interface-qui-déchirera-tout (les goûts et les couleurs hein...)

Mais personnellement, j'ai du mal à y croire. J'ai l'impression qu'ils se sont lancé dans leur truc, sans voir qu'il y a des choses qui ne vont pas. Je trouve dommage que tant d'énergie, tant de visibilité dans les média, tant de capital sympathie soit épuisé ainsi. Il n'est pas trop tard et j'attends beaucoup de leur insertion au sein de l'incubateur YCombinator qui a vu naître des projets comme Foursquare. On y croit, on y croit ! Et on espère avoir enfin un moyen simple de communiquer et de débattre sur Internet, sinon... Sinon il faudra bien le développer nous-même (ou miser sur d'autres projets comme Movim, évidemment ;))

Cet article a des relents de troll, peut-être, mais je souhaitais vraiment soulever cette question qui me semble manquer. Que manque-t-il à Diaspora* pour être un véritable lieu d'échange et de partage ? Comment peuvent-ils s'y prendre pour combler ce(s) manque(s) ?
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Publié par Marien Fressinaud : 94