Chrome – Firefox, la monnaie privatrice étouffe l’économie libre

Je fais ce nouveau billet sur le lien entre développement de valeurs libres et monnaie privatrice, car je viens de me rendre compte encore une fois que s’agissant du passage de Chrome devant Firefox il y a encore une incompréhension sur ce sujet, bien qu’on puisse constater que le problème de financement de la fondation Mozilla (qui édite Firefox) par Google (qui édite Chrome, on notera ici le paradoxe qui n’en est pas un si l’on comprend ce qui va suivre…) marquait déjà l’empreinte du Minitel monétaire sur l’économie repérée dans ce post du Framablog dès 2011

Firefox a démontré que malgré des règles monétaires et économiques truquées un logiciel véritablement économique doit être un logiciel libre.

Les fausses solutions restent des fausses solutions. Dès 2010 j’avais signalé en quoi Flattr ne résoudrait rien. Décentraliser les échanges d’une monnaie privatrice ne change rien au code d’émission de la monnaie utilisée. A la limite une monnaie libre pourrait utiliser Flattr et alors cet outil trouverait une utilisation intéressante dans ce cas.  Mais si on ne définit pas les caractéristiques d’une monnaie libre c’est, comme je l’ai déjà signalé, comme se contenter de développer des logiciels libres au sein d’un OS privateur, sans penser que l’OS lui aussi doit être libéré pour utiliser véritablement une informatique libre.

La Théorie Relative de la Monnaie démontre que, si l’on veut une monnaie qui respecte les trois libertés économiques et le principe de relativité, en tenant compte du fait que les hommes ont une durée de vie limitée, alors cette monnaie doit avoir la caractéristique fondamentale d’être établie sur un dividende universel dont la valeur est directement fonction de la masse monétaire en vigueur, du nombre d’individus qui la choisissent pour contrat social et de l’espérance de vie.

Et dans un tel système monétaire, est-ce qu’une fondation développant des logiciels libres comme la FSF ou Mozilla, ou une communauté défendant les logiciels libres comme Framasoft aurait nécessairement l’obligation de se financer auprès d’un centre de pouvoir monétaire ? Dans un tel système monétaire Flattr aurait véritablement une place, le soutien d’une communauté de citoyens pourrait véritablement s’effectuer, immédiatement, mais aussi et surtout sur le long terme.

GNU, emblème de la Free Software Foundation (FSF)

Mais est-ce possible quand les individus courent toujours après une monnaie dépendante d’un pouvoir centralisé arbitraire ? Quand ce pouvoir centralisé lui-même doit briser la concurrence pour survivre dans une monnaie arbitrairement définie et émise, est-il étonnant qu’il agisse lui-même selon des abus de positions dominantes et des décisions de vie et de mort économiques tout aussi arbitraires ?

On a pas de calculs connus pour Firefox, mais déjà pour Debian on a pu estimer correctement que la valeur développée atteignait au moins les 14 milliards d’euros. On peut comprendre dès lors que celui qui contrôle une monnaie privatrice établie comme un monopole est en mesure d’étouffer ces développements libres qui ne peuvent se développer ainsi indéfiniment, alors que leurs producteurs ne sont pas rémunérés. Ils sont en effet obligés mécaniquement pour se procurer cette monnaie vitale de contribuer de fait au développement des valeurs privatrices qui sont les seules à bénéficier d’une monétisation arbitrairement choisie.

Debian, une distribution de l’OS libre GNU/Linux

Cela est dû au fait profond que la communauté politique émettrice de sa monnaie commune ne veut pas reconnaître l’effort produisant toute la valeur avec l’utilisation d’une monnaie privatrice, mais uniquement celles qui parmi toutes les valeurs, libres ou non, ne se diffusent que dans l’obligation d’effectuer un échange monétaire interpersonnel et pas du tout sur un mode libre. Il est d’ailleurs symptomatique à ce sujet de constater que l’I-Store ne veut pas que l’on distribue chez lui des valeurs libres.

Dès lors, ce n’est pas la nature profonde du logiciel, libre ou non, qui fait la différence entre Firefox et Chrome, c’est le développement à marche forcée de Chrome, par le biais d’une monnaie privatrice, qui va le favoriser, alors que la même monnaie utilisée pour Firefox et Chrome eût donné à caractéristiques fonctionnelles égales un avantage indéniable au logiciel libre sur le logiciel privateur comme l’a démontré le développement historique des navigateurs sur le net quand Firefox a submergé MS/IE.

En sus ce n’est que parce que Google peut s’appuyer sur des valeurs libres (Chrome est non-libre, mais basé sur du libre !), qu’il peut rattraper un logiciel qui a déjà fait la preuve qu’un développement libre pouvait rapidement et efficacement dépasser un monopole privateur constitué par MS/IE.

C’est donc uniquement grâce à une non-reconnaissance du travail et des efforts d’autrui, appuyés par le maintien d’une monnaie privatrice que, péniblement et à coup de monopoles et de milliards, ce type de phénomènes profondément contraires à la véritable demande économique peut voir le jour.

On peut dès lors imaginer sans peine ce que donnera un développement économique dans tous les domaines connus et inconnus qui, dans son fondement, s’appuiera sur un code monétaire compatible avec le principe de relativité et les trois libertés économiques.

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Publié par Monnaie libre : 199