Maroc : vers une société sous surveillance ?
Il y a quelques jours, je suis tombé sur une news qui annonçait la décision du ministère de l’intérieure, d’installer dans plusieurs villes marocaines des caméras de surveillances. Une décision justifiée, selon le ministère, par la croissance de la criminalité dans nos villes. Dit comme ça, et avec un argument pareil, difficile de se dresser contre ce projet. Et pourtant, quelques secondes après avoir fini la lecture de l’article, je n’ai pas pu m’empêcher de soulever plusieurs points inquiétants.
Même dans les démocraties occidentales, où ne badine pas avec les droits de l’homme et la vie privée des gens, la vidéo-surveillance ne fait pas l’unanimité, du fait que de nombreuses questions posent toujours problème : protection des données collectées, usage fait de ces données, qui a accès à ces images/vidéos… etc.
Or, dans un Maroc où les manifestants sont filmés par les flics, arrêtés et violés et emprisonnés, peuvent-ils nous garantir que les vidéos et images issues des caméras de surveillances se seront pas utilisées à des fins qui ne sont pas les leurs ? ou qu’elles ne seront pas croisées avec d’autres données pour constituer/améliorer les fichiers des policiers ? Dans un Maroc où on traque les internautes avec le deep packet inspection, peut-on être sûr que la vidéo-surveillance ne sera pas utilisé pour traquer la population IRL cette fois-ci ? Permettez-moi d’en douter.
Mais ce n’est pas tout, il est de notoriété publique que la sécurité de serveurs et sites web des administrations et ministères marocains laisse à désirer. Le plus noob des scripts kiddies peut leurs causer des graves dégâts. Je me pose donc des questions quant à la sécurité des données collectées, seront-elles chiffrées ? Combien de temps seront-elles gardées ? Est-ce que dans un souci de transparence, l’accès aux vidéos et images enregistré sera accordé aux personnes qui ont été filmé ? Quel sera le rôle de la Commission Nationale de contrôle de la protection des Données à caractère Personnel (CNDP) ?
Voilà ce sont quelques questions que je me suis posé, et à qui je ne trouve toujours pas de réponse.
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