Découverte de Salix OS 13.37

Voilà un moment que je voulais écrire un article sur la distribution qui est maintenant installée sur ma machine : Salix OS.

Il y a quelques semaines, je cherchais une distribution pour remplacer Frugalware Linux qui prenait trop de place sur mon maigre disque dur, et qui me posait quelques problèmes (cf. mon dernier article sur le sujet).

Pourquoi avoir choisi Salix OS ?

Je voulais une distribution simple, proche d’Unix. Cela faisait longtemps que j’avais entendu parler de Slackware, mais je redoutais son installation et sa prise en main. Je me suis alors rendu sur l’excellente page Wikipédia francophone sur Slackware, qui liste toutes les distributions fondées sur Slackware. C’est là que je suis tombé sur Salix OS.

Alors pourquoi avoir choisi Salix OS parmi la grande liste des distributions fondées sur Slackware ? Il y a plusieurs raisons :

- Salix OS est une distribution qui n’est pas dérivée de Slackware, mais elle la complète et reste 100 % compatible avec elle. Ainsi, elle suit les mêmes numéros de version et réutilise les dépôts de paquets.

- Salix OS garde la simplicité Unix de Slackware tout y ajoutant des outils facilitant son installation et sa maintenance (installeur graphique, gestionnaire de paquets avec gestion des dépendances, nombreux outils maison, …).

- Salix OS propose plusieurs éditions de la distribution. Une édition consiste en fait à un ensemble cohérent de paquets permettant d’installer un environnement graphique complet. J’apprécie ce concept (même si aucune des éditions ne me convient vraiment) car il permet d’installer un système complet avec un seul CD, et sans connexion Internet.

- Salix OS propose, pour certaines de ces éditions, des versions Live. Là, cela répond à un de mes besoins annexes : celui d’avoir un support avec lequel je peux lancer un système Linux sans installation particulière (pour un dépannage, par exemple).

- Salix OS donne la possibilité, à l’installation, entre trois configurations (essentielle, basique, et complète). C’est simple, c’est clair. Lors de l’installation, on ne perd pas de temps à choisir ses paquets un par un, mais on dispose quand même d’un certain choix.

- Salix OS présente un site web clair et en partie francisé. Il présente, en outre, un très bon guide de démarrage (malheureusement pas encore disponible en français).

- Salix OS est maintenue par une équipe majoritairement européenne. Ce n’est donc pas la distribution orientée pour un pays particulier ou une langue particulière. Il semble qu’il y ait d’ailleurs une petite communauté francophone autour du projet.

Ouf ! Cela fait pas mal de raisons finalement.

Quelle édition Salix OS ai-je choisi ?

J’ai choisi l’édition Live XFCE, et cela pour trois raisons :
- Comme expliqué plus haut, c’était l’occasion pour moi d’avoir un système récent démarrant sur un CD ;
- cette édition était une des dernières sorties ; il y avait donc de fortes chances que les paquets présents sur le CD soient plutôt à jour (m’évitant ainsi la mise à jour massive suite à l’installation) ;
- XFCE est l’environnement de bureau que je préfère parmi les éditions disponibles ; il est par ailleurs relativement léger et peut convenir à une majorité de gens ; si j’ai besoin d’installer un système pour quelqu’un (ami, famille, …), cela peut plus facilement convenir.

Comment s’est passée l’installation ?

Après avoir téléchargé l’image puis l’avoir gravée sur un CD, j’insère ce dernier dans mon ordinateur, puis je redémarre le système. Salix OS propose un ingénieux menu de démarrage (fait avec GRUB), dans lequel on peut tout de suite choisir sa langue, puis avoir accès à différentes options (niveau de démarrage, prise en charge de certains matériels, …), avant de véritablement démarrer le système.

Par défaut, le système lance le gestionnaire de connexion GDM qui lance automatiquement XFCE. Là, j’ai buté sur un premier problème : dû à la faible quantité de mémoire vive de ma machine, GDM se plante. Pour palier ce blocage, j’ai redémarré et choisi le mode texte dans le menu de démarrage, puis je me suis connecté en tant que root et j’ai lancé gdm manuellement. Sur l’écran de connexion, j’ai choisi l’option « console » à la place du choix par défaut (XFCE), ce qui a pour avantage de n’ouvrir qu’un simple émulateur de terminal.

Normalement, sous XFCE, une icône sur le bureau permet de lancer l’installation de la distribution. Pour ma part, je l’ai simplement lancé un ligne de commande (je ne me rappelle plus du chemin, mais il s’agit d’un script Python référencé dans un des fichiers raccourcis présents dans le répertoire Desktop).

Le logiciel d’installation est pour moi un modèle du genre. Il est très didactique, plutôt convivial et entièrement en français (si le français a été sélectionné dans le menu du démarrage bien évidemment). Rien n’est effectivement effectué sur le système tant que toutes les étapes n’ont pas été passées en revue, et tant qu’on ne confirme pas formellement l’installation. Il en ressort un sentiment rassurant.

Lors de l’installation, les options essentielles sont proposées : clavier, horloge, partitions, logiciels, … Le clavier BÉPO n’est pas proposé lors de l’installation (mais il est directement disponible après installation). On retrouve les trois configurations logicielles dont je parlais un peu plus haut. J’ai, pour ma part, choisi la configuration basique (système de base + serveur X + XFCE).

Après avoir confirmé l’installation, les partitions sont créées et formatées, puis les paquets sont installés et configurés.

C’est là que j’ai buté sur un deuxième problème : lors de l’installation du noyau Linux, j’avais une erreur étrange. Après plusieurs tentatives infructueuses, je me suis rendu compte qu’il s’agissait encore d’un manque de mémoire vive. Mais j’ai également fait un deuxième constat : ma partition de swap n’était pas utilisée par le système Live. Je trouve cela un peu dommage pour un système Live… Après redémarrage du système Live, j’ai activé la swap avec la commande suivante (en tant que root) :
> swapon /dev/sda6
(« /dev/sda6 » est évidemment à remplacer par le fichier représentant la partition de swap)

Ceci m’a permis de passer l’étape de l’installation du noyau Linux. Après avoir installé le système sur le disque dur, le logiciel d’installation propose d’installer le gestionnaire de démarrage LILO. Une fois de plus, l’interface proposée est claire et complète.

Après avoir retiré le CD d’installation et redémarré la machine, c’est le moment de découvrir le système Salix OS nouvellement installé.

Qu’est-ce que donne le système Salix OS ?

Premier constat : le démarrage du système est assez lent sur ma machine. Un système d’initialisation très classique, en mode texte, est utilisé. Ce temps de démarrage n’est pas du tout un critère de choix pour moi, mais je sais que c’est important pour d’autres.

Deuxième constat : tout a bien été installé, et le système est utilisable. En particulier, mon pavé tactile et ma souris USB sont fonctionnelles sans aucune configuration particulière. Ça fait plaisir.

La place prise sur le disque dur par le système installé est d’environ 2 Go. C’est une bonne surprise, car cela laisse de la place pour installer des logiciels supplémentaires.

Premier accroc : il est impossible de se connecter en Wifi car ni wicd ni iwconfig ne sont installés par défaut. Je n’ai eu d’autres choix que de me connecter en filaire avec ifconfig (qui est bien installé), puis d’utiliser le gestionnaire de paquets afin d’installer les outils nécessaires pour se connecter en Wifi.

À propos du gestionnaire de paquets justement, il s’agit de pkgtool, le gestionnaire de paquets de Slackware. L’équipe de Salix OS a eu la bonne idée de mettre en évidence l’outil slapt-get, qui ajoute beaucoup de facilités dont la gestion distante des paquets et la gestion des dépendances. J’ai été agréablement surpris par sa rapidité, mais un peu moins par son interface (qui se veut proche de l’outil Debian apt-get).

Heureusement, l’outil graphique équivalent est disponible : gslapt. Son interface est plutôt claire, et son utilisation est assez intuitive.

L’équipe de Salix OS a défini les dépendances pour chaque paquet (y compris pour ceux provenant des dépôts Slackware). C’est un beau travail. Globalement, je n’ai pas eu de soucis mais slapt-get m’a quand même obligé d’installer cups et samba pour installer mplayer. Je crois qu’il y a un petit soucis dans la définition des dépendances…

Autre limitation de la gestion des dépendances : il n’y a aucun moyen de lister les paquets orphelins. Par conséquent, si je désinstalle mplayer, je devrais me souvenir que samba et cups ne me servent plus à rien afin de les désinstaller manuellement. Dommage car j’ai l’habitude d’utiliser le listage des paquets orphelins des autres gestionnaires de paquets afin de nettoyer mon système. À voir avec le temps si la base de données des paquets reste maintenable.

Rapidement, j’ai voulu naviguer sur Internet, et y regarder des vidéos. J’ai pour cela installé le plug-in Adobe® Flash Player. Malheureusement, cela ne fonctionnait pas : les animations ou les vidéos Flash prenaient toute leur place mais ne s’affichaient pas. Après plusieurs heures d’investigation, je me suis décidé à installer la version précédente du plug-in Adobe® Flash Player (version 10.3, encore disponible sur le site d’Adobe). Et mon problème a été réglé.

C’est à cette occasion que j’ai créé mon premier paquet sous Salix OS. Une fois de plus, l’équipe de Salix OS a voulu simplifier les choses, et propose d’utiliser l’outil slkbuild, qui automatise la création d’un paquet Slackware à partir d’un unique fichier de description (généralement nommé SLKBUILD). C’est cet outil que j’ai utilisé, en suivant le très bon tutoriel disponible en français dans la documentation de Salix OS, pour créer ou mettre à jour des paquets :
- flash-plugin 10.3.183.18 (pour les raisons données ci-dessus),
- klavaro 1.9.4 (que je n’ai pas trouvé dans la base officielle des paquets),
- gtkdatabox 0.9.1.3 (nécessaire pour klavaro),
- liferea 1.6.8 (seulement disponible en version 1.6.5, alors que j’utilisais la version 1.6.7 sur mon précédent système),
- sylpheed 3.1.4 (seulement disponible en version 3.0.3 en tant que paquet source).

En passant, si vous êtes intéressé par un de ses paquets, n’hésitez pas à me demander.

En parlant de sylpheed, j’ai voulu installer le paquet aspell-fr, afin de disposer de la vérification d’orthographe en français. Malheureusement, un problème dans le dépôt empêchait de l’installer. Je me suis alors décidé à rapporter l’anomalie. Après plusieurs tergiversations, je me suis rendu compte que les anomalies doivent être rapportées, non pas sur le bugtracker du projet Sourceforge, mais sur le forum, dans la section Bugs. J’y ai donc créé un nouveau sujet. Et j’ai eu le plaisir de voir que l’anomalie a été corrigée assez rapidement.

J’aimerais signaler un point par rapport à cette distribution : tout le système est en UTF-8. J’avais peur d’avoir quelques problèmes avec le système de fichiers, mais je n’avais finalement que peu de noms avec des caractères accentués. Par contre, j’ai remarqué que les fichiers texte s’affichent mal si ils ne sont pas convertis en UTF-8. Rien de bien méchant.

Autre point sensible : la mise en veille. Dans l’ensemble, cela fonctionne, c’est-à-dire que le système se met bien en veille, et qu’il se « réveille »  à ma demande. La plupart du temps (mais pas tout le temps malheureusement), je récupère bien l’interface réseau Wifi. Cependant, depuis quelques jours, j’ai remarqué un comportement étrange : quelques secondes après s’être « réveillé », le système se remet en veille automatiquement. Si je demande son réveil une nouvelle fois, il refait la même chose. Cela se répète trois fois, puis le système reste bien éveillé. Étrange…

Depuis que j’ai installé cette distribution, des mises à jour de paquets m’ont été proposées. La politique appliquée est celle de Slackware : un paquet n’est mis à jour que si la nouvelle version corrige des problèmes de sécurité. Cependant, j’ai été surpris de voir que le paquet Mozilla Firefox est mise à jour à chaque version majeure (version 14.0.1 en date). J’aurais éventuellement pensé que la version ESR serait plutôt privilégiée mais ce n’est pas le cas.

En conclusion, mes attentes ont été respectées. Sur la page d’accueil du projet, il est écrit : « Comme un bonsaï, Salix est petit, léger et est le produit d’une attention infinie. » C’est en effet mon sentiment par rapport à cette distribution. J’apprécie la compatibilité complète avec Slackware, les outils de gestion des paquets et l’internationalisation. C’est probablement une bon point d’entrée pour quiconque voudrait découvrir l’« univers Slackware ».

Si vous avez des questions, n’hésitez pas à les poser en commentaire.

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Publié par Julien L : 29