SPIP 3, le Système de Publication pour l’Internet fait son printemps

SPIP gestion de contenu CMS SPIP fait partie de ces logiciels qui ont marqué leur époque. Son système de publication a apporté une nouvelle façon de publier du contenu sur internet. Le voici toujours vivant avec une troisième mouture pour laquelle le logiciel a été grandement refondu.

SPIP, petite histoire

La première version de SPIP sort en juillet 2001. Le logiciel propose une approche séparant la gestion du contenu de sa mise en forme mais surtout se veut accessible aux non-informaticiens. C’est en quelque sorte la marque de fabrique de ce dernier. Il fallait rendre la saisie, l’organisation et la gestion du site le plus simple possible et ne pas nécessiter de connaissances techniques particulières.

Pour la mise en forme du site, SPIP propose un système de “squelettes” mélangeant du HTML classique avec un pseudo-langage permettant de générer ensuite dynamiquement les pages du site.

En 2002, le logiciel connaît une refonte radicale de l’espace privé, qui est au coeur de l’outil. Mais SPIP est un logiciel français et ignore au début les problématiques de gestion de site multi-langues. Un manque qui sera levé en 2003 pour l’espace privé, puis en 2004 avec la version 1.7 qui permet une gestion du contenu en plusieurs langues.

Le logiciel devient extensible à partir de 2005 avec sa version 1.5. Une possibilité qui verra fort logiquement apparaître un grand nombre de compléments et extensions aux fonctionnalités standards de SPIP.

Passé cette version 1.9, le développement du logiciel semble marquer le pas et c’est en 2008 qu’apparaît une version 2.0. SPIP s’ouvre alors à d’autres bases de données que MySQL. Cependant, le projet encaisse de plein fouet la concurrence de logiciels comme WordPress, Drupal ou Joomla. Le logiciel continue pourtant d’évoluer doucement avec une communauté plutôt fidèle. Malgré tout, une image “vieillotte” paraît coller à ce dernier.

SPIP et mon histoire avec les logiciels libres

J’ai toujours eu pour SPIP un attachement particulier, même si je lui suis devenu infidèle en 2007, lorsque je bascule sur WordPress mon petit site personnel (pas celui-ci, un autre). SPIP fut le logiciel qui en 2003 me fit découvrir les logiciels libres, alors que je cherchais une solution pour un intranet d’entreprise. Je suis séduit par cet outil qui permet à des non-informaticiens de saisir eux-mêmes les pages du site, en les libérant ainsi d’une trop grande dépendance au service informatique et de fait à l’informaticien.

C’est d’ailleurs une qualité à laquelle tous les logiciels libres devraient aspirer. Être suffisamment bien pensé et conçu pour que les utilisateurs n’aient plus besoin des informaticiens. Cela reste pour moi le but ultime que devraient chercher à atteindre les logiciels libres, mais nous en sommes encore souvent bien loin.

Pour en revenir à SPIP, ce qui me fit le quitter n’avait rien à voir avec le système de publication, mais plutôt à mon incapacité à développer des squelettes au look un peu moderne. A l’époque ce que l’on trouvait sur SPIP ne l’était guère. J’ai donc cédé par facilité, soyons lucide, au côté bling bling de WordPress et de ses thèmes.

SPIP 3 le retour

J’avoue honnêtement que je ne pensais pas que le projet puisse encore proposer une nouvelle mouture de ce logiciel. La lente évolution du logiciel me semblait un mauvais signe? C’est avec un très grand plaisir que je découvre donc cette version 3.

La modularité et l’adaptabilité ont encore été renforcées. Cela se traduit par le développement au maximum de la logique du framework (ou kit de composants logiciels). Pour preuve, l’ensemble de l’espace privé est désormais devenu un squelette à part entière. Il est donc possible de le modifier pour l’adapter à ces besoins. Une approche vers laquelle d’autres outils de gestion de contenu comme Drupal ont également orienté leur développement.

Le logiciel a été rendu encore plus modulaire dans le sens où désormais l’ensemble des fonctions de SPIP 2 repose sur un noyau SPIP 3 accompagné de 23 plugins. L’API ou interface de programmation a également été fortement complétée.

Une approche qui suscite une certaine inquiétude de ma part. SPIP sera-t-il aussi simple d’usage qu’auparavant pour un non informaticien ? Pour m’en assurer, je me suis lancé dans un test “éclair” en installant cette version sur mon serveur.

SPIP gestion de contenu CMS

Le test

L’installation débute comme toujours avec le téléchargement du script d’installation spip_loader.php. Un assistant vous guide comme au premier temps de SPIP. Le seul changement que je perçois est la liste des plugins affichés à la fin et activés par défaut. Avec un environnement Apache, PHP, MySQL prêt à l’usage, il m’a fallu 5 minutes pour accéder à l’espace privé du site. Une performance que l’on retrouve, il est vrai, en général dans ce type d’outils. Disons que SPIP fait tout aussi bien que ses concurrents les plus répandus.

Je découvre également un nouveau jeu d’icônes agréables qui sont l’oeuvre de Sébastien Desbenoît ainsi que trois pavés :”Bienvenue”, “Configurer votre site” et “Publiez!”  me guidant dans mes premiers pas avec l’outil. Pas de grosses surprises sinon, je retrouve au premier abord  les fonctionnalités du SPIP que j’avais laissées avec la version 1.9.

Les principales évolutions que je constate se situent au niveau des plugins et notamment de la possibilité d’ajouter des dépôts de plugins, ce qui rend leur installation beaucoup plus simple et hisse à nouveau SPIP au niveau de ses concurrents.

Les fameuses “boucles” du pseudo-langage de SPIP ont bien évolué depuis “mon époque” et j’avoue avoir un peu de mal à me repérer. Cependant, leur usage ne me parait pas plus complexe que le PHP imbriqué au HTML de WordPress. Une des nouveautés de cette version est la boucle “DATA” qui permet de parcourir tout type d’ensemble de données, qu’elles proviennent d’une base de données traditionnelle, d’un fichier texte, voire d’une URL. Il devient ainsi possible d’afficher des données issues d’une feuille de calcul Google Spreadsheet ou encore de Youtube, Flickr, etc…

Convaincu ?

SPIP 3 me fera-t-il revenir à lui ? Difficile aujourd’hui pour moi de faire marche arrière. Migrer ce site vers SPIP représenterait probablement un travail important. D’une certaine manière, je suis prisonnier de WordPress. L’interopérabilité des outils de gestion de contenu n’est pas encore là, même si des passerelles ont été développées ça et là. Un paradoxe pour moi dans le monde des logiciels libres où chaque projet d’une certaine manière ne fait rien pour faciliter le changement de plateforme de ses utilisateurs.

Passées ces considérations, je pense que SPIP reste un outil crédible pour qui veut monter un site éditorial mené par une équipe de rédacteurs. Je n’ai pas d’expérience sur les possibilités de montée en charge de SPIP, mais d’importants sites comme Agoravox et d’autres ont démontré, il me semble, cette capacité.

Reste les squelettes bien moins nombreux que pour ces concurrents et qui de fait nécessiteront peut-être quelques sacrifices esthétiques.

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Article original écrit par Philippe Scoffoni le 23/05/2012. | Lien direct vers cet article

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