La guerre de Microsoft contre l’open source est-elle finie ?

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L’open source va tuer Redmond !

C’est l’affirmation faite par Keith Curtis un  programmeur qui a travaillé durant onze années au service de Microsoft. Il découvre en 2004 les logiciels libres et en devient un ardent défenseur. Il vient de publier un livre intitulé “After the Software Wars” dans lequel il prédit la fin de Microsoft.

Quels sont ses arguments ? Il nous les livre dans une interview faite par  Shane O’Neill sur le site NetworkWorld.

Keith Curtis voit deux raisons principales à la disparition de Microsoft :

  1. La communauté du Logiciel Libre produit des produits techniquement supérieurs grâce à son modèle de développement collaboratif et ouvert. Il cite l’exemple de Firefox qui est techniquement supérieur selon lui à Internet Explorer. Le noyau Linux est un autre exemple de réussite car utilisé sur des terminaux mobiles ou des super-calculateur. Même Apple a remplacé son noyau propriétaire par un noyau open source.
  2. Les logiciels libres grignotent les profits de Microsoft. Même si ce dernier utilisait Linux, son modèle économique serait menacé. Il y a beaucoup de façon pour les constructeurs et les sociétés de service de générer des revenus avec les logiciels libres, mais qui ne rapportent rien à Microsoft.

La première raison souvent avancée est discutable. Il y a de mauvais logiciels open source aussi. L’ouverture du code n’est pas forcément un gage de qualité. Elle peut y contribuer néanmoins.

Je crois plus à sa deuxième raison. Microsoft fut obligé pour reprendre pied sur le marché des netbook de casser les prix de ces licences Windows XP auprès des revendeurs de matériels. Le dégât collatéral est qu’il semble difficile à Microsoft de remonter le niveau de ses tarifs à ce qu’ils étaient avant pour Windows Seven. Heureusement, il lui reste ces produits pour les serveurs. Autre fait en faveur de cet argument, la phrase de Sam Ramji, le patron de l’open source chez Microsoft  : “pas de compétition sur les prix, mais sur la valeur !”.

Cependant ces deux raisons et peut-être d’autres qu’il n’a pas citées dans son interview ne me semblent en tout cas pas suffisantes pour que l’on puisse envisager sérieusement la disparition de Microsoft.

Par contre, je pense que Microsoft va changer, voir est déjà en train d’effectuer sa mutation. Je crois plus à un Microsoft faisant un usage massif de briques open source dans ces produits. Ces derniers, ne rêvons pas, resterons sous des licences propriétaires.

Pour étayer cela je me suis amusé à appliquer à Microsoft les 5 étapes de l’engagement dans une communauté open source.

Etape 1 : Le déni. En 2002, Bill Gates disait de la GPL qu’elle allait “casser votre économie” en empêchant les ventes de logiciels commerciaux. Plus prés de nous en 2005 lors du Sommet mondial de l’information de Tunis, une polémique avait eu lieu sur la suppression par des intervenants de Microsoft d’un passage faisant référence à l’open source.

Etape 2 : Utilisation de solutions open source pour des besoins internes. Prenons l’exemple du plugin ODF développé en 2006. Microsoft a tout bonnement réutilisé du code open source.

Etape 3 : Il ne suffit plus de prendre, il faut donner aussi. La mise à disposition de codes source par Microsoft n’est pas récente. En 2002, Microsoft avait publié en “shared source” le code d’un certains nombre de  ces technologies liés à .Net. Cependant il ne s’agissait pas d’une licence de type “CopyLeft”.

Microsoft obtient de l’OSI en octobre 2007 la validation de deux de ces licences Shared Source : la Microsoft Public License (Ms-PL) et la Microsoft Reciprocal License (Ms-RL). Qui plus est ces deux licences sont reconnues par la Free Software Fundation comme des licences de logiciels libres bien que incompatible avec la GPL et déconseillées d’usages.

Etape 4 et 5 : Il faut maintenant pour Microsoft dépasser le stade de l’approche technologique et de développer des partenariats. Il doit s’agir de partenariats à double sens ne se faisant pas sous la menace de représailles juridiques comme ce fut le cas pour les accords passés avec Novell.

Par contre les accords croisés entre Red Hat et Microsoft dans le domaine de la virtualisation semblent plus équilibrés. Il faut aussi retenir la montée au créneau commune avec la linux Fundation pour défendre l’égalité de traitement entre les licences open source et propriétaire. Il s’agissait d’un document  de  l’ALI (American Law Institute) qui semblait exempter les éditeurs open source de certaines garanties exigées des éditeurs propriétaire.

Microsoft a franchis bien des étapes de cette démarche et l’on peut considérer que désormais l’open source fait parti de sa stratégie de développement et n’est plus seulement une approche technique pour réduire ses coûts.

Un dernier élément allant de ce sens, Microsoft vient de publier un Livre Blanc “Participation in a World of Choice” (Attention PDF !) expliquant sa position vis-à-vis de l’open source. Ce n’est pas tant le contenu de ce document qui est significatif, mais son existence car il officialise la position de Microsoft et semble vouloir refermer le chapitre de la guerre contre l’open source.

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Article original écrit par Philippe Scoffoni le 28/05/2009. | Lien direct vers cet article | © Philippe.Scoffoni.Net - 2009

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