« Qui sauvera Clitorine? » : un fan-film libre

TimCruz me laisse aujourd’hui la parole pour vous parler du court-métrage « Qui sauvera Clitorine », réalisé presque intégralement avec des outils libres. Je ne vais pas parler ici de l’histoire, mais des techniques utilisées.

 CAMESCOPES

Filmé avec une Panasonic NV-GS330 DV, une Canon HV-40 HDV et une GoPro Hero2 à carte SD. J’ai également un micro Rode Videomic pour la prise de son.

 

ACQUISITION

Pour les deux premiers formats, l’acquisition se fait depuis les cassettes numériques en FireWire. Le transfert est en temps réel, car le FireWire sert de support au signal vidéo normalisé DV (M-JPEG) ou HDV (MPEG-2). J’utilise pour ça DVGRAB en ligne de commande, avec les options -i pour piloter manuellement la caméra et -a pour la détection de scène qui découpe automatiquement les prises en autant de fichiers sur le disque dur.

Par contre pour la caméra à carte SD, c’est du H.264. Je craignais devoir le convertir avec ffmpeg pour l’utiliser, mais finalement il est bien reconnu sous GNU/Linux, si ce n’est qu’il ralentit légèrement le logiciel de montage.

MONTAGE

Donc ensuite je dispose de mes rushes que je trie dans des dossiers, puis j’importe ceux qui me conviennent dans KDEnlive. Le terme « importation » est en fait légèrement erroné, car (heureusement) KDEnlive ne fait que noter l’emplacement du fichier et n’effectue aucune conversion. Avantages : pas de format spécifique au logiciel, pas de place supplémentaire  sur le disque. Inconvénient : il ne faut pas déplacer ou renommer les fichiers originaux.

KDEnlive est un très bon logiciel. L’équipe de développement a visiblement des périodes de creux puis de forte motivation, mais c’est souvent comme ça en open source… J’ai commencé le montage avec la 0.8 et fini avec la 0.8.2. Petit bémol : suite à la mise à jour du logiciel, la plupart des effets avaient sauté, j’ai dû les refaire. Je déconseille donc de mettre à jour si on est sur un gros montage.

 

Ici, gros avantage de l’open source : un bug très énervant bridait la durée de mes clips titres, mais comme les fichiers *.kdenlive sont lisibles et utilisent un système de balisage compréhensible, j’ai pû en tâtonnant contourner le problème. Mais globalement, les développeurs de KDEnlive sont à l’écoute quand on signale un bug.

 

MATÉRIEL INFORMATIQUE ET SÉCURITÉ

Mon PC n’est pas spécialement puissant : processeur AMD dual-core + 3Go de DDR-2. J’utilise actuellement Ubuntu 11.04 64 bits avec Gnome2 (surtout pas Unity ou Gnome3, beurk), le 64 bits me permettant d’avoir un petit gain de performance en encodage vidéo.

Pour éviter les mauvaises surprises, j’utilise deux disques sata de 1 To en raid1 logiciel + une synchro rsync de mon home sur disque externe après chaque séance de travail, disque que je déplace ensuite à l’autre extrémité de la maison (qui a dit parano?). Le dossier contenant tous les scripts, scénarios, découpages et autres documents « légers » est synchronisé via Dropbox avec trois autres ordinateurs (ma connexion est en 512kb/s ). En cas de gros crash + incendie de la maison + tsunami + bombe nucléaire, je conserve tout mon dossier Dropbox et mes cassettes de tournage qui sont stockées ailleurs.

 

ENCODAGE

Quand le montage est terminé, j’exporte le résultat depuis KDEnlive, mais sans lui confier directement la tâche de compression dans un format destructif. En effet, je pense qu’il vaut mieux séparer le calcul des effets+rendu de la compression définitive. J’obtiens donc un très gros fichier AVI de plusieurs gigas contenant du M-JPEG (images compressées en JPEG séparément les unes des autres).

Ensuite, je ferme KDEnlive et j’utilise :

  • FFMPEG (ou WINFF) pour générer une version MPEG2 d’environ 700 Mo pour diffusion par clé USB et envoi vers des sites de partage vidéo
  • FFMPEG pour obtenir une version très compressée en MPEG4 encapsulé dans un fichier flv pour la version « bas-débit » d’environ 70Mo)
  • Kino pour envoyer en temps réel mon fichier AVI de plusieurs gigas vers le camescope et le stocker en bonne qualité sur une cassette miniDV pour archivage

 

EFFETS SPÉCIAUX

Point noir dans le tableau « libre » : pour les effets complexes (éclairs, masquages, ajout de sang…) j’ai dû utiliser AfterEffects sur une machine Windows… J’ai bien essayé d’utiliser Cinepaint, Jashaka ou autres mais soit il faut BAC+12 en GNU/Linux pour les installer, soit ils plantent tout le temps :-(

À noter que les vrais « pros » de l’audiovisuel utilisent des systèmes comme Inferno ou Smoke qui tournent sur UNIX. Ces logiciels sont eux-mêmes leur propre interface graphique, on les lance directement depuis un shell UNIX. C’est du propriétaire mais ça tourne sur un « vrai » système d’exploitation.

 

TRUCAGES

La scène où le savant fou localise Clitorine par satellite a été la plus compliquée à tourner au niveau technique. Mais je vais en décevoir certains, car je n’ai pas fabriqué de système type Kinect connecté sur Linux ! En fait, l’image est projetée à l’envers sur le drap par un vidéoprojecteur. Ensuite, le savant fou effectue des gestes tactiles sur l’écran, mais tous ses mouvements sont « chorégraphiés » et prévus à l’avance. Hors champ, je manipule un ordinateur équipé d’Ubuntu avec Compiz/fusion activé pour coller aux gestes de l’acteur ! C’est du bricolage, je sais ;-) L’ordinateur utilisé est un SAMSUNG N150+.

On aperçoit derrière le savant fou un écran faisant défiler des lignes de commandes, il s’agit d’un vieux COMPAQ Deskpro EN sous Debian qui effectue un bête script lançant un tail -XXX /var/log/syslog, XXX étant incrémenté après une pause de quelques secondes pour faire défiler à chaque fois plus de lignes que la fois précédente (c’est clair? ;-)

 

GRAPHISME

J’utilise le duo Inkscape+Gimp pour toutes les créations graphiques comme l’affiche du film. Deux logiciels véritablement extraordinaires et très agréables à utiliser.

 

MUSIQUES ET SON

Toutes les musiques du film sont libres de droits, et environ 90% sont publiées sous licence Creative Commons. La plupart des sons et bruitages proviennent du site freesound.org.

 

EN PLUS…

Une version audiofilm du court-métrage est aussi disponible sur le site, pour les mal-voyants ou les aveugles, réalisée à l’aide d’Audacity + KDEnlive.

Le film et le site sont disponibles en anglais et en russe (les autres traductions sont en attente).

Pour ceux qui s’intéressent à la vidéo, j’ai construit une petite grue type « Louma » de 6m en aluminium avec une tête motorisée. Malheureusement je n’ai pu l’utiliser que très brièvement pour le combat des ninjettes et pour le dernier plan du film car elle est complexe à transporter et tombe régulièrement en panne
La voiture orange avec la mitraillette au-dessus, la « Téhachimobile », est une LADA COMBI 1200 en échappement libre. Tous les sons de moteurs sont les sons qu’elle produit réellement !
La mobylette sur laquelle part le héros est évidemment une Motobécane 88 dite « Bleue ».

 

LIENS

Le vrai-faux réseau social Wake-Up qu’on voit brièvement dans le film : http://thewakeup.fr/ (ça marche vraiment, vous pouvez vous inscrire !)
Si vous voulez me contacter pour tout complément d’info ou pour m’insulter copieusement : flomoto chez free point fr

MERCI à TimCruz de m’avoir laissé cette opportunité de parler du film à des Geeks !

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Publié par Geek de France : 203