Saymal

La blogosphère, les forums, les gens, ont adopté la mode du saymal. Concrètement, prenez un concept ou une entreprise qui marche bien, et trouvez des arguments pour expliquer aux gens pourquoi ils ne devraient pas l'utiliser. Les deux gagnants du moment sont Canonical et Google.

Pourquoi Canonical ? Parce qu'ils sont situés dans un paradis fiscal et qu'avec Ubuntu ils ne contribuent pas assez aux autres projets. Soit. Imaginons deux minutes ce qui se passerait si tout le monde boycottait Canonical et que ceux-ci jetaient l'éponge. La presse titrerait "L'échec de Linux" parce qu'on a beau dire, c'est bien Ubuntu qui porte l'image de Linux auprès du grand public. Par la même occasion, beaucoup de distributions dérivées, telles que Mint, ne survivraient pas. La grande majorité des distributions se basant sur Ubuntu ne sont pas des fork, mais des repackaging. Prenez ubuntu, faites 2 ou 3 apt-get install et remove, puis distribuez-là sur CD en donnant un nouveau nom. Et après, clamez haut et fort que vous n'utilisez pas ubuntu parce que c'est naze.

En plus de cela la disparition de ubuntu entraînerait une rupture de beaucoup de sociétés avec Linux. Adobe continuerait-il à distribuer le plugin flash pour Linux ? Nero ? Chrome ? Je n'en suis pas certain. Le déni des développeurs et des fabricants envers Linux serait encore plus important. Linux serait vu comme un OS n'ayant plus aucune chance de s'imposer auprès du grand public.

C'est pourquoi il est important de soutenir ubuntu, quand on est Linuxien. Ubuntu est le porte-étendard de Linux auprès du grand public et des constructeurs, et son influence découle sur les autres systèmes aux alentours. J'utilise kubuntu, parce que j'aime KDE, et elle est très à jour tout en étant grandement stable et propose un éco-système logiciel très important (dépots, ppa, développeurs).

Passons maintenant à Google. Je suis le premier à critiquer les services comme Google+, intrusifs, je pointais d'ailleurs du doigt les blogueurs "du libre" qui revendiquaient leur appartenance à ce réseau. Mais quand je vois des critiques sur leur moteur de recherche, j'ai envie de dire qu'il ne faut pas déconner. Les reproches sont bien peu concrètes, on les accuse d'enregistrer les recherches et les IP. Oui et ? Une IP ne donne pas grand chose, et chaque site web fait pareil, en effet le serveur web apache tient lui aussi ses logs enregistrant les requêtes HTTP associées aux IP et diverses informations.

Et là encore, je me pose la question d'un monde sans Google. Imaginons encore une fois que l'on boycotte cette entreprise et qu'on la fasse couler. Le web serait donc aux mains de Microsoft et Apple, ce qui est loin d'être une vision joyeuse. On doit à Google l'adoption officieuse du codec WebM comme standard pour les vidéos HTML5. Si on s'en était remis à Microsoft et Apple, ce serait H264. Faisons un tour du côté des smartphones et tablettes : il n'y aurait qu'iOS (Apple) et WP7 (Microsoft). Peut-être un peu de blackberry, mais ils ne visent pas le même marché.

Du côté du web on perdrait un superbe moteur de recherche. Personnellement j'utilise beaucoup les "actualités" qui permettent d'avoir des nouvelles très fraîches. Sans Google, quel moteur de recherche utiliserait-on ? Bing ? Génial... DuckDuckGo ? Ah oui mais ce serait oublier que ce dernier s'appuie sur Google.

D'une manière plus générale, le "saymal" est très vaste. Si je veux vivre avec un esprit sain dans un corps sain avec un PC sain, je devrais utiliser une machine avec un bios libre, du GNU/Hurd, ne pas utiliser internet à cause des logs et fichage. A côté de ça je ne mangerai pas de viande, je n'utiliserai pas de portable, ne regarderai pas la télé... il y a donc un moment où il faut dire "ça suffit, on est au XXIe siècle !" (pour être poli) et cesser de voir le mal et les complots partout. A la limite quand on dit que quelque chose est mal, il faut proposer une solution alternative fonctionnelle. C'est ce qui selon moi explique la mauvaise image de RMS, passant son temps à dénoncer ce qui est mal sans réellement proposer de solution concrète parce que souvent le besoin existe réellement, et la technique des œillères n'est pas acceptable.

Ma conclusion à cette réflexion est que même si ces sociétés ne sont pas innocentes, elles sont un mal nécessaire pour l'informatique. Comme je l'ai démontré précédemment, je n'aimerais pas vivre dans un monde sans ubuntu et Google. Je ne peux pas non plus me passer de ce qui est "mal" du moment qu'il n'existe pas d'alternative solide. C'est peut-être ce qui fait de moi un opensourcien et pas un libriste, mais il faut de tout pour faire un monde comme on dit.

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Publié par Maniatux : 95