La machine à voter open source est-elle vraiment une solution ?
C’est le dernier article de Tristan Nitot qui m’a interpellé avec cette idée de machine à voter open source.Voici l’extrait de son article où il en est question :
Bruce Schneier explique que la transparence offerte par le fait que le code source soit public est essentielle dans cet environnement. On peut citer d’autres exemples, comme les fameuses machines à voter, boîtes noires de la démocratie ( l’Irlande vient de mettre les siennes au rebut, faute de fiabilité), ou encore les mouchards annoncés dans le cadre de la loi Hadopi, qui peuvent mener à la coupure d’accès à Internet. Comme l’explique Bruce Schneier, à partir du moment où l’enjeu est important (élections, décisions de justice), il faut être sûr que le logiciel qui aide à la prise de décision soit transparent, et qu’on puisse le compiler soi-même pour être sûr que le code source qu’on analyse est bien celui qu’on exécute. Cela implique en substance que le logiciel en question soit libre.
Une machine à voter open source est-elle la garante de la transparence du vote ? Etudions un peu la question.
Si le code est ouvert il est effectivement facile de s’assurer qu’il fait bien ce qu’il censé faire. C’est un point positif. Maintenant ce code va être installé dans une machine à voter. Il faut donc aussi que la conception de cette machine à voter soit ouverte.
Il faut donc aller un cran plus loin dans la définition de la machine à voter. Elle doit utiliser un logiciel libre et sa conception matérielle doit être ouverte. Par cette énoncée on commence déjà à toucher les limites. Mais cependant cela existe, il y a par exemple l’OpenRISC 1000 un processeur aux spécifications libres.
On peut donc obtenir une machine à voter dont les spécifications logiciels et hardware sont libres.
Comment va-t-on garantir que les machines à voter construites selon ces spécifications y seront conformes ? Qui sera chargé de cette certification ? Ensuite en admettant que ce point soit aussi levé, il faudra s’assurer que la machine livrée au point de vote soit bien celle qui a été contrôlée et qu’elle n’a subie aucune altération.
Vient ensuite le moment d’entrer dans la machine à voter les données concernant le point de vote : la liste des électeurs, des candidats. Il faudra trouver une solution pour que cette opération ne permette pas d’introduire des données falsifiées ou tout autre programme susceptible de modifier le programme officiel.
Tout ceci m’a l’air très compliqué pour ne remplacer qu’une simple urne et s’éviter la corvée du dépouillement. Cette procédure manuelle n’est pas sans faille non plus. Mais son contrôle est accessible à n’importe qui et pas seulement les informaticiens.
Richard Stallman s’était déclaré opposé au principe des machines à voter quelle soit libre ou pas :
La démocratie est trop importante pour y prendre des risques évitables. Si un système numérique de comptage des voix paraît solide, il faudrait vingt ans d’expérience pour y faire confiance.
Tout cela pour montrer que dans ce cas précis, la transparence de l’open source ne régle pas forcément tous les problèmes. Bien sur cela parait bien mieux qu’une machine à voter propriétaire. Mais en l’occurrence cela ne change au final que peu de choses. La question étant plutôt : avons-nous vraiment besoin d’une machine à voter ?
photo credit: John of Lebanon
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Article original écrit par Philippe Scoffoni le 20/05/2009. | Lien direct vers cet article | © Philippe.Scoffoni.Net - 2009
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