Vers un auto-hébergement simplifié
La conférence de Benjamin Bayart, Internet libre, ou Minitel 2.0 ? , est sans doute une des plus emblématiques du monde de l’Internet et du libre. Elle en a motivé plus d’un à s’essayer à l’auto-hébergement. Toutefois celui-ci présente encore des contraintes à repousser.
Pour rappel, la conférence en question met en parallèle les 2 façons d’aborder l’Internet : un Internet centralisé où des géants tels que Google, Youtube, Facebook, etc. concentrent les données et un Internet libre où chacun est un acteur maître de son contenu.
Je ne vais pas vous refaire la conférence (disponible en vidéo ICI et le slide ICI) mais le risque du premier modèle est bien entendu la montée en puissance de sociétés au monopole et au pouvoir tels qu’elles peuvent altérer la notion de neutralité du réseau Internet et faire commerce de nos informations personnels (et elles ne se gênent pas pour le faire). Sans parler du risque que ces géants décident de bloquer l’accès aux plus petits, limitant ainsi encore plus la liberté d’Internet (cf. cet article)
La solution serait simplement la multiplication des petits acteurs auto-hebergés pour la création d’un modèle décentralisé, un réseau maillé complet et complexe. A l’heure de l’ADSL et des machines consommant 30W, cela est tout à fait possible!
De mon point de vue, les contraintes de l’auto-hébergement se résument en 3 points :
- Le coût
- Les compétences
- La problématique de tolérance de panne
Le coût
Le coût a été pour moi le plus grand frein depuis longtemps. Toutefois, les différents commentaires laissés en réponse à l’article L’auto-hébergement, n’est-ce seulement qu’un truc de geek ? sur le blog generation-linux.fr m’ont permis de réaliser que l’auto-hébergement coûte bien moins que je le ne pensais.
J’estimais à la louche (la grosse louche de grand-mère, bien débordante), le prix de la consommation électrique d’un petit serveur à une dizaine d’euros par mois, auxquels venaient s’ajouter 250€ d’investissement pour monter une machine équipée d’un processeur à faible consommation Atom et un abonnement annuel d’environ 10€ pour un nom de domaine. Partant de ce calcul, j’estimais le coût de l’auto-hébergement à 380€ la première année((12*10)+250+10=380€) et 130€ les années suivantes ((12*10)+10=130€).
Les informations qui m’ont été communiquées, notamment par Makoto, m’ont permis de ré-estimer la consommation électrique annuel d’un petit serveur à 30€, ramenant le coût de l’auto-hébergement à 290€ la première année ((30+250+10=290€) et 40€ les années suivantes (30+10=40€). Et encore, si je fais le choix d’une machine d’occasion (genre un EeePC), je peux facilement baisser mon investissement initial de 100/150€!
Comparé à mon hébergement actuel (Blog+Mail) qui me revient à 80€/an (70€ chez mon hébergeur Web4All+10€ de NDD), l’auto-hébergement deviendrait même vite rentable.
Les compétences
Monter son serveur n’est pas chose aisée pour Mr Toutlemonde, voire impossible pour Mme Michu (féministes, flagellez-moi, je l’ai fait exprès). Malgré tout, les choses sont de plus en plus simples (installer LAMP sur un serveur Ubuntu se résume presque à la commande sudo tasksel install lamp-server). On s’approche de plus en plus du aptitude install skyblog dont parlait Benjamin Bayart.
D’ailleurs, comme Benjamin de Generation-linux, j’attends beaucoup de BeedBox, une distribution taillée sur mesure dont l’objet est d’installer très simplement un serveur (mail, site internet, etc.), lequel s’administrerait très simplement via une Interface Web.
Aussi, ce genre de projet, appuyé par une forte communication ainsi qu’une documentation technique claire et solide tend à gommer la difficulté liée aux manques de compétences. Après tout, il y a encore 5 ans, posséder un PC Media Center était un truc de geek puis les box ADSL ont proposé des boîtiers TV si intuitifs que presque tout le monde a son Media Center (griffé du nom de son FAI) sous sa TV. « Yapluka » faire la même chose avec les serveurs auto-hébergés!
La problématique de tolérance de panne
Reste effectivement la question de la tolérance de panne. Les principales pannes possibles liées à l’auto-hébergement étant :
- les coupures d’Internet
- les coupures d’électricités
- les pannes matérielles de son serveur
Si les 2 premières sont de moins en moins fréquentes, elles peuvent être longues et pénalisantes. Dans le cadre d’un changement d’adresse, il n’est pas rare de rester 10 à 15 jours sans Internet. La panne matérielle, elle, reste fréquente et la mise en place de solution de redondance locale reste encore chère (avoir 2 serveurs) voire impossible (beaucoup de boîtiers mini-ITX ne peuvent pas contenir 2 disques durs et rendent impossible le RAID quand le serveur n’est pas un ordinateur portable).
Si tout cela est d’une importance moindre pour un site familial, il en est tout à fait autrement dans le cadre d’un serveur mail ou d’un site fréquemment visité. Aussi, il est important de réfléchir à une solution de redondance distante. Vincent abordait la question :
« On peut également réfléchir à faire du « load balancing » entre auto-herbergés. Bah oui ! Pourquoi cette piste n’est-elle jamais envisagée ? Mon serveur tombe, il y a une chance sur 1 million que le serveur de mon meilleur ami soit également tombé. Donc je transfère temporairement (grâce à mon enregistrement DNS sur mon nom de domaine) mon MX vers son serveur, puis il me les relayera une fois revenu à la normale. »
Cette idée me semble très pertinente et de fait j’ai décidé de travailler sur une série de scripts interfacés lesquels permettraient d’une façon simplifiée un backup d’un serveur auto-hébergé vers un autre. L’objectif sera d’avoir quelque chose de largement documenté, peut-être même appuyé par un Wiki.
Je vais me pencher d’abord sur le cas des blogs et sites web puisque c’est le plus simple : sauvegarde quotidienne ou hebdomadaire du contenu de son site et de sa BDD (pour les WP, Jommla, et j’en passe) via script (automatisés par la crontab) vers un serveur distant et élaboration d’une procédure de reprise d’activité (mise à jour des DNS en cas de panne du serveur, etc.). Une fois cela bouclé, on pourra pousser les choses au service mail, etc.
Si vous êtes intéressé par la chose et que vous voulez participer à la réalisation de l’ensemble, n’hésitez surtout pas à me le faire savoir. A terme, si je (nous) parviens (parvenons) à quelque chose qui tient a route, je le soumettrai sans doute à l’équipe de BeedBox.
Et qu’on se le dise, il faut que cesse ce Minitel 2.0!