Contribuer à OpenStreetMap

OpenStreetMap est à Google Maps ce qu’est Linux à Windows : une alternative libre de qualité trop peu connue à ce que la plupart des gens utilisent.

Photo par Calsidyrose

OpenStreetMap (abrévié OSM) a pour but de constituer une base de données cartographiques libres de droit. Si des projets comme Google Maps sont gratuits, ils ne sont pas libres et l’on ne peut pas utiliser leur données comme on le veut, cela vaut également pour la plupart des cartes papier.

Introduction

Comme pour la plupart des projets libres (non Android, tu n’es pas considéré ici), c’est la communauté qui permet la réalisation du projet via ses contributions. Que ce soit via un GPS, des vues aériennes, des photos ou simplement la connaissance des lieux, les volontaires partagent les données cartographiques de l’endroit où ils se trouvent. Ce qui est beau est que la plupart des participations viennent du crowdsourcing, soit la participation de la foule sans connaissances particulières et non par des spécialistes.

Ce système communautaire a de nombreux avantages : une utilisation des données via la licence libre (ils sont d’ailleurs entrain de faire une migration de Creative Commons en Open Database License), des endroits pouvant être détaillés beaucoup plus précisément (regardez la carte du zoo de Berlin) et une grande flexibilité et vitesse de réaction.
L’exemple sans doute le plus parlant de cela est le cas du séisme en Haiti, en janvier 2010. Peu de temps après la catastrophe, quand l’aide humanitaire a commencer à affluer, la cartographie de la région en question a été largement développée via OpenStreetMap. Tous les camps d’aides et points importants ont été recensés et ainsi partagés en quelques minutes. On peut, sans exagérer, dire que le projet aider à sauver des vies. Plus de détails.

Si ça c'est pas de la contribution de qualité...

Venons en aux faits, comment pouvez vous participer à ce magnifique projet communautaire ? Je vais l’expliquer via mon apprantissage et première contribution.

Collecte de données

Armé d’un smartphone flambant neuf, je cherche donc l’application adéquate. Sur le coup je n’ai pas pu m’empêcher de penser au strip de XKCD concernant les standards. Il y a tellement de programmes différents qui offrent plein de fonctionnalité différentes qu’on a juste envie de bidouiller le sien from scratch. Bon j’en ai essayé deux : Navit et GoPens. Tous les deux sont gratuits, open source et dans le market (bon pour navit je l’ai remarqué après).
Si vous en avez testé d’autres pas mal, faites moi signe dans les commentaires.

Si vous ne voulez pas installer d’application sur votre beau smartphone, vous pouvez aussi prendre des photos des endroits en prenant soin que les coordonnées GPS soient mémorisées dans les métadonnées de la photo.

Navit est plus développé, multiplateforme, multiformat de cartes mais plus axé navigation que tracking. Je n’ai d’ailleurs pas réussi à le faire fonctionner pour enregistrer des logs. La configuration est assez poussée, si ça vous intéresse rendez-vous sur le wiki d’OSM et de Navit. Je n’en parlerai pas plus comme je n’ai pas réussir à obtenir ce que je voulais.

GoPens est beaucoup plus simple, demande une connexion internet pour télécharger les cartes (donc conseillé de les mettre en cache avant de partir) mais fonctionne très bien pour le tracking. On allume le GPS, on active le log dans les options, on marche et on désactive le log une fois fini.
Attention qu’il ne tourne pas en arrière plan et il faut donc rester sur l’écran GoPens toute la durée du trajet (mais on peut verrouiller le clavier), gênant mais pas insurmontable. J’ai eu quelques soucis de tracking (pas de mise à jour de la position) quand je l’ai utilisé en allant courir mais je crois qu’il avait du mal à supporter le fait que j’utilisais Endomondo en même temps.

GoPens, simple et +/- efficace

Une fois le ou les (divisez votre trajet en plusieurs morceaux si vous voulez éviter de tout perdre en cas d’erreur) trajets et puis une fois chez vous, connectez vous à internet et envoyez les données. GoPens a un bouton pour les envoyer directement sur le site d’OpenStreetMap (sur lequel il faut créer un compte) ou sinon ils se trouvent sur la carte SD de votre téléphone dans le dossier org.go.gopens/log/.
Les logs sont au format GPX qui est un fichier XML contenant toutes les info nécessaires. C’est un format largement rependu et si votre GPS vous permet d’enregistrer les traces GPS, il y a des chances qu’il suive celui ci.

Attention, dans la config de votre GPS, il faut prendre soin de bien désactiver l’option (si elle est présente) qui incite le GPS a suivre les routes qu’il connait : cela sera plus précis et surtout le cas contraire poserait des problèmes de licence. Ils sont pointilleux avec ça, n’allez pas copier des données d’autres cartes.
En parlant de copie, saviez-vous que certaines compagnies introduisaient des petites erreurs volontaires dans leurs cartes pour vérifier qu’il n’y a pas eu copie (si vous avez également cette erreur, c’est que vous avez pompé les données de la carte existante et paf procès dans les dents!). On appelle ça des Copyright Easter Eggs.

Lye Close à Bristol ? Ça n'existe pas en réalité

Bon revenons à nos moutons, sur le site d’OpenStreetMap, vous trouverez vos tracés, les données brutes qui serviront à la réalisation de la future carte.
Et voila, vous venez de participer à la réalisation de la plus grande carte communautaire, un jour sans doute, ce sont vos données qui permettront à des voyageurs perdus de retrouver leurs chemins, tel les marins regardant les étoiles. C’est beau, on mérite une médaille je trouve.

Quoi c’est tout ? Non bien sûr, on ne va pas s’arrêter en si bon chemin. Nous allons maintenant traiter les données pour créer nous même ce chemin.
Au passage si vous n’avez de GPS mais une bonne connaissance de la région, vous pouvez participer à cette étape sans avoir de trace.

Modifier la carter

Comme pour les traces GPS, il existe plusieurs éditeurs de cartes mais au moins là deux ressortent : JOSM, un éditeur bureau en java, et Potlache, une application flash en ligne. Nous utiliserons le premier ici, il se trouve dans les dépôts des grandes distrib linux. La version anglaise est conseillée comme celle en français est moins à jour apparemment (pas testé).

Ma première trace, c'est beau

Je conseille de lire le tutoriel JOSM assez bien fait sur le wiki d’OSM mais je vais quand même passer en revue les étapes importantes.

Dans Edit, Preferences, Connection Settings, spécifiez vos identifiants OpenStreetMap. Cliquez ensuite sur l’icône Download pour sélectionner la zone que vous désirez modifier. Essayez d’être le plus restrictif possible (au risque de le faire en plusieurs fois si vous avez une route de 10km de long), ça améliore les performances. Vous pouvez cocher la case « Raw GPS data » pour récupérer toutes les données GPS des utilisateurs soumises (pour comparer) ou choisir manuellement les vôtres depuis l’icône ouvrir sur le bureau.
Les traces GPS apparaissent en gris sur la carte et permettent de tracer les routes.

Pour faire court, 3 raccourcis sont utiles à savoir. S pour sélectionner, A pour ajouter et D pour supprimer.
Commencez en mode ajout et tracez le chemin de votre route (superposé aux traces récoltées). Une fois fini, appuyez sur S pour repasser en mode sélection. Vous pourrez ainsi déplacer des points pour arrondir des courbes par exemple.

Avant mon passage

Votre route est tracée, passons maintenant au tagging. Si vous sélectionnez un ou plusieurs tracés, vous pouvez leur donner une signification via l’ajout de tag. Dans le panel de droite, vous avez un menu « Properties/Memberships », appuyez sur le bouton « Add » pour rajouter un tag. L’on se rend sur la page du wiki listant les principaux pour remarquer qu’elle est très longue.

OSM est fait de façon à ce que les possibilités de tags soient infinies ce qui lui permet sa grande flexibilité. Je peux mettre ce que je veux avec un système de clé-valeur. Si lors du festival des courges de mon village, je veux cartographier les stands, je peux avoir une clé vendeurs_de_courges et comme valeur bio, cultivé en serre,… Ainsi je peux faire un programme pour afficher les différents stands et toutes les autres applications ne comprenant pas ce tag l’ignoreront. C’est ainsi par exemple que l’on peut cartographier les campements de la croix rouge en Haiti, via des tag spécifiques (liste). Des sets de tags différents peuvent d’ailleurs être importé dans JOSM.

Ma modeste contribution

Me concernant, je travaillais sur des chemins dans les bois et le parc de l’abbaye où je me trouve (c’est là qu’ils font la Chimay!). Je reste donc avec les tags basiques. Clé : Highway, Valeur : footway ainsi que clé « sac_scale » (difficulté du chemin) et valeur « hiking ».
Il existe des conventions pour tagger par pays (Belgique, France) mais vous pouvez aussi regarder dans la liste des tags la description pour les conventions générales. Il existe des pages spécifiques pour la marche, les bus et un peu toute sorte de tracés différents. Ils vous disent quels tags utiliser pour quelles routes et je vous conseille donc de lire tout ça. En cas d’hésitation, appliquer le principe de Duck Tagging : si ça ressemble à un canard, ça sonne comme un canard, ça marche comme un canard, on dit que c’est un canard, même si ça n’en est pas vraiment un mais une espèce proche, on rajoutera un autre tag pour préciser. En somme : faites le plus simple et équivoque.

Ça y est ? Vous avez fini ? Appuyez sur le bouton envoyer (à coté de télécharger) et vos données partent sur OpenStreetMap. Un peu de patience, d’ici quelques minutes elles apparaitront sur la carte du monde, consultable par n’importe qui. Que faire en attendant ? Faire d’autres modifications bien sur !

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