Pourquoi je suis utilisateur de logiciels libres : les vraies raisons
« Je ne suis pas un numéro ! »
Parce qu'il n'y a pas qu'une seule raison (la liberté !) expliquant pourquoi je suis passé au Libre (et y suis resté fidèle), je vais essayer d'en dresser la liste. Objectivement.
Les raisons pour lesquelles j'ai adopté un système libre
Parce que c'est gratuit
Cette raison ne semble pas s'appliquer dans mon cas, au contraire : Je dépense plus en argent (dons aux associations de défense du Libre) et en temps (implication dans différents projets sous forme de rapports de bogues, tests, traductions...) depuis que je suis passé au Libre. Par contre j'ai d'avantage l'impression de faire un investissement qu'une dépense à présent.
Par curiosité
Certainement, oui. Ayant, comme la plupart des utilisateurs, connu le modèle propriétaire en premier (faute de choix laissé lors de l'achat d'un ordinateur), un système 100% libre a dû m'apparaître alors emprunt d'un certain exotisme : découvrir un nouveau modèle doté de son propre fonctionnement, emprunt d'idéalisme, et qui en plus fonctionne... il y avait de quoi être excité !
Par esprit d'indépendance
Clairement. Ayant subi durablement le joug des éditeurs de logiciels commerciaux, j'ai fini par en avoir ma claque : marre des éditeurs qui considèrent que la correction de bogues constitue l'occasion d'une mise à jour payante, des éditeurs qui font évoluer pernicieusement leurs formats pour vous obliger à acquérir la mise à jour dont vous n'auriez pas besoin sans cet artifice, des éditeurs qui enferment leurs utilisateurs dans des formats secrets volontairement incompatibles avec les autres logiciels, des éditeurs qui brident volontairement les fonctionnalités de leurs logiciels (pour pouvoir vendre après coup une version « Premium », ou, pire, par accointance avec les industries culturelles qui demandent que le logiciel ne puisse pas lire tel format ou pas plus de X fois) etc. Acquérir une relative indépendance par rapport au logiciel et reprendre le contrôle sur celui-ci constituait sans nulle doute une raison importante de ma migration.
Pour influer sur le cours des choses
Peut-être pas une raison de mon basculement, mais plutôt un bienfait supplémentaire découvert après-coup. Dans la droite ligne du paragraphe précédent, découvrir des développeurs à l'écoute des utilisateurs et dont le but est de produire le meilleur logiciel possible pour l'utilisateur a été une grande satisfaction. Les logiciels développés ouvertement proposent des outils facilitant les rapports des bogues par les utilisateurs (un bogue pouvant consister en un dysfonctionnement, une fonctionnalité manquante ou toute autre suggestion d'amélioration). Il est assez grisant de pouvoir discuter dans ce cadre directement avec le(s) développeur(s), de mettre son grain de sel dans le développement du logiciel qui vous tient à cœur, et de découvrir le cas échéant, à l'occasion d'une nouvelle version, que votre suggestion a été prise en compte et est à présent intégrée... Peut-être s'agit-il d'orgueil, voire de vanité ?
Par vanité
J'aime me démarquer, sortir des sentiers battus. D'aussi loin que je me souvienne, il suffit que quelque chose soit déclaré cool de l'avis général pour que l'envie m'en passe.
Les PC sous Windows sont si communs (le système de Monsieur-tout-le-monde : vous n'y pensez pas sérieusement ?) tandis que la marque Apple bénéficie d'un effet de mode irritant chez les pseudo-geeks (vous savez bien, les victimes de la techno-mode auto-proclamés geeks que je décrivais dans ce précédent billet) : quels autres choix avais-je réellement ?
C'est ainsi que je décidais, en octobre 2005, de quitter le morne système de Monsieur-tout-le-monde pour le prometteur Ubuntu.
Et maintenant ?
L'histoire ne s'arrête pas là. Aujourd'hui je m'apprête à délaisser Ubuntu et à ouvrir un nouveau chapitre ; Debian GNU/Linux me fait les yeux doux (je l'utilise déjà sur mon netbook).
Est-ce, cette fois :
Par arrogance ? Le succès (certes relatif) d'Ubuntu agit-il comme un repoussoir à mon endroit de sorte que j'éprouve à nouveau le besoin de changer d'air, de m'éloigner, cette fois, de la masse grouillante des utilisateurs d'Ubuntu ?
Par conviction ? Comme d'autres, je n'adhère pas aux récentes décisions de Canonical, le sponsor derrière Ubuntu.
Par goût ? Je suis fan de GNOME, et Ubuntu n'en propose qu'un ersatz pailleté.
Par curiosité ? L'envie d'essayer d'autres choses...
Par lassitude ? Ai-je encore envie de continuer à réinstaller mon système tous les six mois pour profiter des dernières versions ? J'hésite encore entre Debian Stable et Testing pour y remédier.
Les raisons qui, alors, m'ont fait adopter un système libre et qui, aujourd'hui, m'en font choisir un autre, sont multiples, et sans doute pas toutes estimables, mais, pour une bonne part, elles sont restées les mêmes.