GNU/Linux, 1% dans le monde, pas si sur…

L’étude du moment nous montre encore une fois la faible part des systèmes d’exploitation libre sur le marché du poste de travail. Assez étonnamment personne ne semble remettre en cause les chiffres donnés. Probablement parce qu’ils correspondent à une réalité dans notre pays comme semble le confirmer une autre étude publiée par AT Internet Institut sur l’équipement des internautes. Pour la France Linux aurait 1,2% de part de marché soit un résultat similaire à l’étude américaine.

C’est du coté de la presse anglo-saxone que j’ai trouvé un article  se posant la question de la validité de ce chiffre. Je vous en propose ici une “traduction-résumé”.

Bruce Byfield son auteur met en doute ce chiffre et nous en explique les raisons.

Pour commencer l’origine de ce chiffre est basé sur les statistiques de trafic collectés sur des sites web nord-américain qui sont ensuite extrapolés pour le reste du monde. Sachant que selon l‘étude de Red Hat, les USA et le Canada ne sont classés respectivement qu’à la 9ème et 23ème position en terme d’activité dans l’open source, cela ne doit pas améliorer le résultat de GNU/Linux.

Mais alors comment évaluer la part de marché de GNU/Linux ?

L’approche par Firefox

Celle d’Asa Dotzler basée sur l’usage du navigateur web Firefox. Il part du fait que 90% des PC sont connectés à Internet, accepte le constat que seul 1% des utilisateurs dans le monde sont équipés de GNU/Linux et que parmi cette population 75 à 90% utilisent Firefox comme navigateur Web.

En recoupant cela avec les chiffres issus des serveurs de Mozilla concernant les téléchargements de mises à jour, il conclu que les utilisateurs de distribution GNU/Linux sont entre 5,5 et 16 millions, ce qui ramené aux 1,6 milliards de PC dans le monde donne entre 0,5 et 1,5% (ma calculette me dit entre 0,35 et 1%, mais je vous donne les chiffres de l’article). Cependant il faut pondérer ce chiffre par le fait que les mises à jour de Firefox sont souvent (majoritairement ?) diffusés par la distribution et non téléchargés depuis les serveurs de Mozilla. Sans compter que Firefox n’est pas le seul navigateur disponible sous GNU/Linux. On atteindrait alors 2 à 5%.

L’approche indirecte

Cette fois c’est Aaron Seigo qui émet un autre raisonnement : son point de départ est la différence parfois observées des chiffres entre l’Amérique du Nord et le reste du monde. Il met en avant les indicateurs de l’adoption croissante des solutions GNU/Linux comme le nombre grandissant de fabricants proposant des modèles pré-installés avec GNU/Linux. Il cite également les ministères des gouvernements européens adoptant GNU/Linux ou encore les 53 000 laboratoires brésiliens déployant ce système d’exploitation pour 52 millions d’étudiants, la domination de Red Flag Linux en Chine ou d’autres succès de ce type en Inde ou en Amérique du Sud. “Regardez à l’extérieur des USA” lance-t-il, les chiffres généralement acceptés deviennent alors trop faible. Aaron Seigo estime lui à 8 voir 10 à 12% la part de GNU/Linux dans le monde.

Ces arguments et ces chiffres sont bien sur discutables, mais ils tendent à prouver que quelque soit le chiffre aujourd’hui il est appelé à augmenter.

Choisissez votre logique, choisissez vos chiffres

Bruce Byfield conclu sur l’écart significatif entre ces deux approches qui montre bien la difficulté d’estimer le nombre réel d’utilisateurs. Qui de Siego ou de Dotzer détient la vérité difficile de le savoir. Il se félicite cependant de constater que ces deux défenseurs de l’open source communiquent ouvertement sur leur méthodologie de calcul et ne se contentent pas de “donner” un chiffre.

Difficile donc de connaître la situation exacte des distributions GNU/Linux à l’échelle mondiale.

Comment améliorer la situation ? Pas de solutions miracles probablement. Travailler encore pour faire connaître et utiliser les logiciels libres,  profiter des hésitations des entreprises face à Windows Seven ou encore éduquer notre jeunesse à l’aide d’outils informatiques libres.

Dernière supposition : et si les distributions GNU/Linux restaient un marché de niche sur les Desktop et ne dépassaient jamais 5% de part de marché ? Est-ce si inconcevable ?

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Article original écrit par Philippe Scoffoni le 05/05/2009. | Lien direct vers cet article | © Philippe.Scoffoni.Net - 2009

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