Les GPS, l’open source et le cas TomTom
Voici un billet écrit à deux paires de mains. C’est Philippe du site Tomtomvoix qui s’est prêté au jeu. Une rencontre dut au hasard des commentaires de ce site et d’un article annonçant le développement d’un système de navigation à base de logiciel open source.
Que propose l’open source en matière de logiciel de navigation
Ce petit panorama n’a pas pour volonté d’être exhaustif, je vous laisserais le soin si c’est nécessaire de le compléter. Il est issu de cet article en anglais dont je vous donne ici quelques passages.
Pour Android, on trouve le logiciel OsmAnd. Il supporte plusieurs fournisseurs de carte dont OpenStreetMap le Wikipédia de la cartographie. L’application utilise deux moteurs de calcul de route : un commercial : CloudMade et un open source Yet another OpenStreetMap Route Service (YOURS). Cependant, le module de guidage nécessite une connexion internet active. OsmAnd peut calculer les routes en mode déconnecté, mais vous devrez regarder la carte pour suivre votre chemin.
Pour les geeks de la cartographie, le logiciel gvSIG Mini permet de superposer différentes sources de cartes. Vous pouvez ainsi superposer des images satellites et des cartes vectorielles issues d’OpenStreetMap. Il supporte également les serveurs de cartes compatibles avec WMS (Web Map Service). Ce logiciel est disponible sur Android et Symbian.
Pour Maemo qui équipe mon Nokia N900, c’est l’application Mappero qui est citée. Pour avoir passé un peu de temps à comparer les différentes solutions sur ce smartphone, je confirme que c’est celle qui m’a semblé la plus aboutie. Cependant, difficile de tenir la comparaison face au logiciel de navigation “officiel” Ovi Maps ou encore à Mobile Maps. Deux solutions qui restent des logiciels propriétaires voir payante pour le second.
Sur le WebOS, l’application Minimap semble pour l’instant faire office de service minimum syndical.
Navit est un logiciel disponible sur plusieurs systèmes d’exploitation mobiles, dont Maemo. Il permet un rendu en deux et trois dimensions. Personnellement, je ne suis pas arrivé à grand-chose avec Navit. L’interface est totalement déroutante. J’avoue ne rien avoir compris au fonctionnement qui ne m’a pas semblé intuitif en tout cas sur mon N900. Mais j’ai fait du “speed testing”et peut-être s’agit-il d’un problème d’implémentation sur cette plateforme ou d’un probléme “d’utilisateur”.
Pour le reste, on trouve plusieurs projets comme Roadnav ou Gpsylon mais dont les dernières nouvelles remontent à quatre ou cinq ans. A noter aussi le projet OpenSource GPS qui inclut une partie matérielle, mais dont je doute aussi de la fraicheur.
En résumé, il n’y pas beaucoup de projet open source convaincant en terme d’expérience utilisateur dans ce domaine.
Voilà pour l’existant. Dans le domaine du futur, on trouve le projet d’une association de différents constructeurs basé sur le système d’exploitation Meego. Ce projet de plateforme appelée IVI (In-Vehicle Infotainment ) est mené par la Linux Fondation (LiFo). Peut-être faut-il y voir une futur solution réellement opérationnelle et open source. Seul l’avenir le dira.
Le cas TomTom
Vous vous souvenez peut-être de cette affaire concernant TomTom qui avait été accusé par Microsoft en 2009 de violer huit brevets dont trois concernaient le noyau système employé : Linux. Pourtant l’histoire de TomTom et de l’open source semblait avoir pris un tournant favorable. Hélas,les derniers modèles du constructeur de GPS semblent indiquer la fin de l’ouverture. Philippe nous raconte cette histoire :
TomTom c’est quoi ? Wikipédia explique que c’est d’abord du logiciel qui est devenu du logiciel + du matériel (comme Sony par exemple, qui fabrique les tuyaux et leurs contenus). Cette idée m’a conduit, peut-être à tord, à penser qu’ Ubuntu pourrait faire la même chose : logiciel+matériel… Mais c’est un autre sujet.
- Un GPS doit offrir une bonne base matérielle : t’annoncer qu’il faut tourner à droite alors que la rue est passée depuis 10 mètres, c’est s’assurer que ce type d’appareil va aller tout droit à la poubelle !
- Son interface doit être conviviale: une jeune fille qui a besoin d’aller d’un point A à un point B, tout en conduisant, appréciera de le demander facilement à son GPS.
Ces deux caractéristiques sont la base même de la réussite de TomTom : ça marche bien et il est facile de s’en servir.
Comme “il tourne” sous Linux et que TomTom fournit un kit de développement (SDK) une communauté de développeurs s’y ait naturellement intéressée :
- Des plug-ins l’enrichissent comme celui qui affiche l‘altitude (Height), celui qui cache les radars aux yeux de la police des pays germanophones ou encore tripmaster qui est pleins de fonctions intelligentes.
- Chacun peut, dans les menus de son TomTom, se créer son propre point d’intérêt (POI), qui est une sorte de petit drapeau qu’on épingle sur une carte. Cette fonction a servi à créer les bases de radars fixes et mobiles, alimentées par les membres de sites vedettes comme tomtomax.
- D’ autres marques de GPS permettent nativement de lire des vidéos. Un Tomtom aussi, mais grâce à une application GRATUITE, comme tomplayer, ce qui lui permet d’en offrir autant, sans avoir à la développer lui-même.
On pourrait penser que cette situation profite aux deux parties et que TomTom s’appuie sur un groupe de passionnés pour renforcer sa position, en voyant ses appareils enrichis GRATUITEMENT par des logiciels pratiques ou des bases de POI que les autres marques n’ont pas. Des sites de partage et de conseils voient le jour. Ils prodiguent leurs conseils et leurs astuces aux utilisateurs de TomTom. Ce-là a été vrai jusqu’à ce que TomTom diffuse de nouveaux appareils dont le NAVCORE (ou système d’exploitation) empêche toute greffe de programme additionnel.
Pourquoi ? L’explosion des ventes des nouveaux smartphones, qui contiennent aussi des fonctions GPS, freine-t-elle la vente des GPS ? Indice : sur mon site, le nombre de visiteurs entre Noêl 2009 et Noêl 2010 – temps fort de l’année – a chuté d’un tiers ! Comment alors trouver de nouveaux revenus pour TomTom ? En vendant de nouvelles cartographies, en vendant de nouvelles voix de navigation, en vendant un service d’alertes radars. Bien entendu si la concurrence des sites participatifs (et gratuits) est abolie, l’intérêt des offres payantes est renforcé.
On a là un très bon exemple que Linux n’est pas forcément synonyme d’ouvert, de gratuit et de participatif. Les smartphones, qui sont de véritables couteaux suisses, chers mais utiles, possèdent des applications de géolocalisation et aussi l’application TomTom. “Ils font” GPS. Tomtom va-t-il revenir a ses origines : produire des logiciels pour smartphones, en conservant une activité marginale de vente de GPS ?
Tomtom possède le savoir faire et la cartographie, Google possède aussi les deux… Quel est l’avenir pour tomtom ?
Crédit image Certains droits réservés par TarSiala
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Article original écrit par Philippe Scoffoni le 01/02/2011. | Lien direct vers cet article
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