Vous dites Linux, je dis GNU/Linux.

Ceci est une traduction d'un article intitulé You say Linux, I say GNU/Linux et publié sur Off the Beat: Bruce Byfield's Blog


 

Vous dites Linux, je dis GNU/Linux.

Plus je vieillis, plus je suis certain que la plupart des discussions tournent autour de demies-vérités. En fait, plus l'argumentation est forte et véhémente, plus il est probable que personne ne détienne la vérité. Et ce phénomène ne semble jamais autant se vérifier que dans le débat sur le système d'exploitation que nous finissons tous par appeler Linux ou GNU/Linux. Pourtant, cela ne signifie pas nécessairement que vous devez éviter de prendre position et dans mon cas j'ai fini, avec quelques réserves, du côté des utilisateurs du "GNU/Linux".

Cet argument a récemment refait surface sur la liste de diffusion de la Fondation GNOME. Si vous connaissez déjà cette communauté, vous savez quels sont les arguments : les supporters des logiciels libres disent que le système d'exploitation devrait s'appeler GNU/Linux en l'honneur des deux projets fondateurs. De l'autre côté, les gens disent que ce nom est maladroit et depuis que tout le monde appelle le système Linux, il n'est plus possible de changer le nom.

Pour faire bonne mesure, ceux qui proposent d'utiliser le simple Linux rajoutent que si on doit citer le projet GNU et le noyau Linux, il faut aussi citer X tout comme les autres éléments clés. Généralement, cet argumentaire est suivi d'une attaque envers Richard Stallman, la Free Software Fondation et ses supporters qui sont décris comme obstinés, dépassés et hors de propos. Souvent, ces attaques sont très clairement visibles et semblent être le véritable centre de l'argumentaire de ceux qui choisissent le "Linux".

Ce sont les arguments qui sont toujours employés. Il est très rare que quelque chose de nouveau sorte d'un camp ou d'un autre.

Choisir son camp.

J'ai argumenté pour les deux camps en temps voulu. Quand j'étais nouveau dans la communauté et que travaillais dans le marketing, j'argumentais en faveur de Linux. Comme tout le monde continu de le dire, c'est plus court, plus simple et plus connu. Pour faire court, ça me semblait mieux.

Ensuite, j'ai quitté le marketing et mes préoccupations ont changé, utiliser GNU/Linux prend plus de sens pour moi. Depuis, j'utilise le terme à chaque fois que j'écris même si les éditeurs changent parfois le terme sans me le signaler.

Qu'est ce qui m'a fait changer ? Principalement le fait qu'une bonne pub m'intéresse maintenant moins que la vérité.

Pas que le camps que j'ai quitté ai totalement tort. Oui, Stallman chipote sur le langage qu'il considère comme correct a tel point qu'il semble parfois oublier les autres problèmes. Dans les faits, quand je l'ai entendu parler l'année dernière, il semblait se concentrer sur le bon langage à employer chaque fois qu'il ne savait pas comment répondre.

Mais ça ne signifie pas que ce soit toujours inutile. Parler, définir et décrire les termes d'une discussion influence les personnes sur leur façon de penser ces termes. Et si vous ne croyez pas ca, dites-moi : une personne qui pirate un ordinateur est elle un hackeur ou un crackeur ? J'ai rencontré très peu de personnes qui concèdent à l'usage populaire dans ce cas.

De la même manière, combien de personnes dans la communauté s'opposent au fait que la Free software Fondation renomme le Digital Rights Management en Digital Restrictions Management ? Leur ire semble réservé pour le seul "GNU/Linux" ce qui qui me suggère que le véritable but de ce débat pour certains est de montrer leur désaccord avec la position du logiciel libre. Très bien, mais n'essayez pas de cacher vos motivations, surtout pas à vous-même.

Plus vous discutez, plus la double dénomination semble être un reflet de ce qui s'est passé dans le début des années 90.

Bien sûr, d'innombrables projets contribuent au système d'exploitation que nous connaissons aujourd'hui. Mais la décisions de rassembler Linux et le projet GNU est le socle de ce système. Si vous les avez utilisé, vous devez avoir vu l'attribution de fichiers de configuration et de manuel à l'employé de la Free software Fondation Ian Murdock en 1993-1994, bien que ces attributions ne semblent plus être présentes pour une raison quelconque. Le projet GNU n'a pas contribué seulement aux applications, bien qu'il y aie attribué de nombreuses heures, mais aussi dans les licences qui ont largement fait son succès.

L'argument selon lequel d'autres projets méritent aussi un crédit n'est vraiment rien d'autre qu'une absurde réduction. Une faute de logique classique. Et nous savons tous qu'attaquer une personne au lieu des arguments est également invalide, n'est-ce pas ? Stallman peut être une personne entière (et la dernière fois que nous avons discuté, il a exigé des excuses que je ne crois pas devoir), mais cela ne réfute en aucun cas ses arguments, pas plus que la méchanceté croissante de certains de ses adversaires ne discrédite complètement leur position.

Le choix de l'anarchiste.

Si j'ai choisi "GNU/Linux", la raison n'est pas que je suis totalement d'accord avec tout ce que cet usage implique et que je rejette les arguments de l'autre partie. Cela indique que je le trouve plus juste que "Linux".

Mais il y a aussi une autre raison que j'utilise "GNU / Linux." Ce trait d'union, comme il est maladroit, me permet de signaler exactement où j'en suis dans les discussions autour du logiciel libre et open source. Le terme est à la fois pratique et honnête, et me permet d'aller au fond plus rapidement.

Non pas que le terme me satisfasse pleinement. Quand je peux, j'essaie de l'éviter, en parlant plutôt de libre et open source (logiciels libres), ce qui est généralement plus précis de toute façon. Mais je ne suis pas ici pour faire de la poésie. Je parle d'ordinateurs et de logiciels, domaines qui sont remplis d'acronymes qui n'aident pas. Je pense fortement qu'un acronyme de plus ne serait pas bon.

Dans tous les cas, je ne vais pas forcer les autres à suivre mon usage. J'ai pris ma décision et j'ai suivi assez de débats anarchiques pour voir d'autres personnes prendre des décisions que je considère comme mauvaises (ce qui est précisément sans espoir pour soutenir quoi que ce soit à qui que ce soit). J'espère juste que les autres personnes des deux camps peuvent garantir le même privilège a tout le monde.

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Publié par Louis Roché : 19