De Drupal 7 à Drupal Gardens
Après 3 années d’attente, la version 7 de Drupal vient de sortir. Ce CMS (Content Management System) est en troisième positon du classement des parts de marché des CMS Open Source devancé par WordPress en seconde position et Joomla en tête.
Pour rappel un CMS ou Système de Gestion de Contenu est [Source Wikipédia] une famille de logiciels destinés à la conception et à la mise à jour dynamique de site web ou d’application multimédia. Ils partagent les fonctionnalités suivantes :
- ils permettent à plusieurs individus de travailler sur un même document ;
- ils fournissent une chaîne de publication (workflow) offrant par exemple la possibilité de mettre en ligne le contenu des documents ;
- ils permettent de séparer les opérations de gestion de la forme et du contenu ;
- ils permettent de structurer le contenu (utilisation de FAQ, de documents, de blogs, de forums de discussion, etc.) ;
- certains SGC incluent la gestion de versions.
J’ai eu l’occasion d’utiliser et de mettre en œuvre concrètement plusieurs outils de ce type. Le premier pour lequel je garde une certaine nostalgie, car il m’a permis de découvrir les logiciels libres fut SPIP. Vint ensuite wordpress pour mon premier blog (ce n’est pas celui-ci et ne le cherchez pas il n’existe plus). C’est à peu près à cette époque que date ma première rencontre avec Drupal alors en version 5 probablement.
Une rencontre qui tourna rapidement à l’avantage de WordPress. Je ne suis pas sur d’ailleurs que l’on puisse classer Joomla ou Drupal dans la même catégorie que WordPress. Leurs concepts sont quelque peu différents. WordPress est à la base conçu pour le format blog bien qu’on puisse l’utiliser autrement un peu comme je le fais sur la page d’accueil de mon site.
Je passerais rapidement sur une année en compagnie de Xoops qui ne me laissa pas un souvenir impérissable bien qu’avec un peu de recul, je dois dire que l’on était arrivé à faire quelque chose d’intéressant, mais au prix de développements spécifiques.
Quant à Joomla, le leader du moment selon le classement cité plus haut, j’avoue que je n’ai absolument pas accroché à cet outil. Je l’ai toujours trouvé d’une grande complexité dès que l’on souhaitait sortir des sentiers battus. Sans compter pas mal de soucis d’incompatibilité entre les différents modules d’extension disponibles.
Drupal 7
Venons-en au cœur de cet article après ce bref et partial passage en revue des autres solutions équivalentes. Je ne vais pas vous présenter ici l’installation en détail de Drupal. Elle a consisté à :
- Télécharger le fichier archive contenant les sources de l’application;
- Créer une base de données MySQL et un compte associé;
- Configurer un “virtual host” pour le site;
- Lancer le script d’installation et suivre ces instructions. Durant l’installation, il me faudra télécharger et installer le fichier de traduction pour disposer d’une interface francisée de Drupal.
J’obtiens alors une installation “basique”. J’utilise ce terme, car commence alors le long chemin de l’amélioration et de l’augmentation des fonctions de Drupal. Là où un WordPress ou Joomla me proposent en standard un éditeur d’article en mode wysiwyg (What you see is what you get) je ne dispose de base que d’un simple formulaire en mode texte.
En l’occurrence, j’ai installé le module Wysiwyg le bien nommé que j’ai complété de l’éditeur CKeditor comme on me le suggère dans la configuration de Wysiwyg. Notez bien que je fais cela un peu au hasard, ne sachant pas vraiment lequel de ces éditeurs est le mieux. Je passe sur le petit moment de découragement quand je constate qu’aucun bouton n’est présent dans la barre qui désormais s’affiche au-dessus de la zone d’édition des articles. Il fallait activer les fonctions dont on souhaite disposer dans la configuration du “profil Wysiwyg”.
Mon objectif était de relooker rapidement le site d’une association, j’ai donc cherché un thème compatible Drupal 7 qui me semblait à la fois complet, mais pas trop compliqué à mettre en œuvre, le site ne devant pas comporter plus de trois ou cinq pages pour commencer. Là encore, mon choix s’arrête sur Danland toujours un peu au hasard. L’installation et l’activation du thème sont assez simples.
Il ne me reste plus qu’à insérer mon contenu et a créer un menu pour afficher mes pages et deux premiers articles. Là encore, pas de difficultés particulières. C’est à cet instant que je commence à constater tout de même un changement important par rapport au souvenir de ma première tentative de mise en oeuvre.
Je gardais en effet le souvenir d’un logiciel aux concepts complexes et pas évidents à mettre en oeuvre avec ses notions de “node”, de “views”, etc… Ici je réalise mon petit site sans trop me soucier ,ni même vraiment rencontrer ces notions.
Une impression qui n’est peut-être pas étrangère au travail effectué sur l’interface d’administration au travers du projet D7UX. Les fonctions sont regroupées selon le contexte d’utilisation : contenu, structure, apparence,personnes, modules, configuration, rapports.
J’avoue ne pas me souvenir de l’organisation de l’interface d’administration des versions précédentes de Drupal. Mais là les choses me semblent simples et les principales fonctions accessibles en peu de clics.
Ce que je viens de décrire met-il Drupal à la portée du premier venu ? Il me semble que non. En l’état l’installation que je viens de faire fourni les fonctions de bases d’un site web, mais il manque bien des fonctions utiles. Peut-on faire encore plus simple pour rendre Drupal accessible aux “êtres humains” ? Voici un début de réponse.
Drupal Gardens ou Drupal pour les nuls
La société Acquia propose un service web dont l’objectif est de permettre la création d’un site web complet basé sur Drupal, le tout sans connaître le moins du monde ce dernier.
S’agissant d’un service web, il vous faut tout d’abord vous inscrire afin de disposer d’un compte. La création d’un site se fait alors au travers d’une page qui va vous permettre de configurer les fonctionnalités dont vous souhaitez disposer sur votre site.
Comme vous pouvez le voir sur l’image suivante, cette page vous permet de choisir parmi une petite liste de sites types. A chacun de ces modèles correspond une liste de fonctionnalités qui sont activées ou pas. Il vous est possible de définir vous -même la liste exacte des fonctionnalités parmi toutes celles disponibles.
Chaque fonctionnalité est expliquée de façon claire. Une fois les choix effectués il ne reste plus qu’à lancer la génération du site, ce qui ne prend que quelques instants. Vous disposez dès lors d’un site entièrement configuré auquel a été ajouté tous les modules nécessaires à son bon fonctionnement.
J’ai trouvé le système de création extrêmement bien pensée et très simple d’utilisation pour quelqu’un qui n’a aucune notion d’informatique. Il n’en reste cependant pas moins vrai qu’une fois le site configuré il faut encore savoir l’utiliser. L’utilisateur ne coupera donc pas à une phase d’apprentissage plus ou moins longue. L’interface d’administration a cependant été retravaillée pour simplifier la configuration
Mais l’objectif de simplifier au maximum la création d’un site utilisant Drupal est atteint. On pourra reprocher qu’il manque des modules ou des fonctionnalités, que la liste des thèmes est limitée. Cependant, il reste toujours possible d’ajouter de nouveaux modules ou un thème différent. Car c’est bien un Drupal 7 complet qui est mis à disposition.
Une autre fonctionnalité très intéressante proposée par Drupal Gardens est son “Theme builder“. Il permet en usant simplement de sa souris de configurer son thème. Une opération qui nécessite d’ordinaire des connaissances techniques en matière de CSS, HTML voir de PHP.
Je vous conseille la lecture du diaporama de Léon Cros de la société Chipway présenté lors des JDLL 2010 de Lyon dont toute une partie est consacrée à la mise en œuvre de Drupal Gardens.
Cette simplicité a-t-elle un prix ?
Cela dépendra de vos besoins et de l’utilisation qui sera faite de cette installation. Drupal Gardens est un service web. Il ne se contente pas de créer votre site, il vous permet également de l’héberger et garanti la mise à jour de votre installation avec les derniers correctifs de sécurité.
On peut lire dans la FAQ que le service sera gratuit jusqu’en mars 2011 puis la facturation commencera. Je n’ai pas très bien compris si les prix actuellement affichés sont déjà en vigueur ou s’ils ne seront appliqués qu’à partir de cette date.
Toujours est-il que le service d’hébergement serait utilisable gratuitement dans la limite de 4 000 pages vues par jour et de 1Go de contenu ainsi que cinq tickets pour déclarer des incidents. Cela permet tout de même de “voir venir”. Le “seul” prix à payer est l’affichage de publicité sur votre site. Pour vous débarrasser de ces dernières, il vous en couterait 19,95$ par mois pour 6 000 pages affichées quotidiennement ou encore 39,95$ pour 8 000pages par jour avec respectivement 2 et 5 Go de stockage.
Parmi les défauts, car il faut bien en trouver, ce service n’est disponible que dans la langue de Shakespeare ou alors je suis passé complètement à côté de la bonne option. En résumé on peut quasiment qualifier Drupal Gardens de Drupal pour les Michus.
Où est le piège me direz-vous ?
Il n’y en a presque pas. Un des arguments mis en avant est l’absence de “lock-in” ou verrouillage des utilisateurs. C’est en effet un point important lorsque l’on envisage d’utiliser un service web. Il convient de vérifier que ce service offre toute liberté dont celle d’en sortir.
Cela passe par la possibilité minimale de récupérer à tout moment l’intégralité des données que l’on a confiées à ce service sous un format ouvert et facilement lisible par des outils eux-mêmes facilement accessibles.
Drupal Gardens répond à cela en offrant à ces utilisateurs la possibilité de sauvegarder intégralement le site sous la forme d’un fichier compressé. Cette archive contient l’intégralité du répertoire de votre site avec tous les médias que vous avez pu charger , l’intégralité du code source PHP de Drupal, les extensions, le thème et bien sûr une sauvegarde de la base de données.
Il vous suffit ensuite de prendre un hébergement supportant PHP et Mysql et vous avez entre les mains tous les éléments pour retrouver votre site Drupal à l’identique et parfaitement fonctionnel. Il ne reste pas moins vrai que si vous avez fait le choix de passer par Durpal Gardens à l’origine, vous n’aurez pas forcément les compétences pour réaliser cette “externalisation”.
Je soupçonne cependant que l’outil “theme-builder” ne fasse pas partie des éléments exportés. Si vous avez l’information merci de la laisser en commentaire.
Peut-on faire mieux ?
Question qui peut sembler prétentieuse, mais c’est ce que l’on appelle une tentative de critique constructive. Tout d’abord et sauf erreur de ma part le code source du service web Drupal Garden n’est pas disponible. Il s’agit donc vraisemblablement d’une application fermée. Cette caractéristique écarterait-elle ce service de la “certification Service Libre” au sens du TIO Libre ?
Le TIO Libre exige que l’on puisse changer de fournisseur ou que l’on puisse devenir son propre fournisseur de service. C’est bien le cas si l’on considère que Drupal Gardens est un service web dont la finalité est l’hébergement de sites web sous Drupal. L’outil permettant de générer des sites n’est utilisé qu’une seule fois à la création du site est n’est plus nécessaire par la suite.
On le voit ici la façon dont le service a été conçu est encore une fois intelligente et permet de garder un atout compétitif sur d’autres hébergeurs spécialisés dans Drupal tout en ne dérogeant pas à certains principes de liberté de l’utilisateur.
Il n’en demeure pas moins que si le générateur était sous licence libre, il contribuerait probablement à augmenter encore la diffusion de Drupal. D’une certaine manière Acquia ne lui rend pas service ainsi.
J’aime en tout cas beaucoup cette approche visant à simplifier au maximum la mise en oeuvre de ce CMS qui demeure pour moi une référence en la matière. Si vous vous sentez l’envie de contribuer à la réalisation d’un Drupal Gardens libre (pour sa partie création facile de sites Drupal) laissez-moi un message, j’en connais certains que cela pourrait intéresser.
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Article original écrit par Philippe Scoffoni le 19/01/2011. | Lien direct vers cet article
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