Fedora 14 pour un habitué d'Ubuntu
Comme je commence à être en désaccord avec la tournure que prend Ubuntu et que j’ai acheté un nouveau portable de seconde main (Thinkpad T43p!), je me suis dit que je jetterais un coup d’oeil à Fedora 14. Malheureusement, je n’ai pas réussi à briser la dépendance à Ubuntu. Voici mes trouvailles.
D’abord les points positifs/attraits de Fedora:
- Version vanille de GNOME, sans patchage à l’arrache comme Ubuntu a tendance à faire.
- Intégration de la biométrie (lecteur d’empreintes digitales) un peu partout si vous le désirez. Ça marche.
- Version libre pure et dure (pour le fanatique en vous). C’est soit un avantage ou un désavantage.
- Versions plus récentes des logiciels et mises à jour continues même après la release (gThumb 2.12, Evolution 2.32, Sunbird 1.1, anyone?).
- Vu que les développeurs de GNOME sont majoritairement des utilisateurs de Fedora/Redhat, on y retrouve moins de bugs dans certains modules comme Pulseaudio (par expérience).
- Franchement, Fedora fait la majorité des choses correctement; je suis probablement juste rendu un peu trop exigeant. Je regarde ceci d’un oeil de «Est-ce que je pourrais donner ça à mes proches et qu’ils se débrouillent avec?»
Maintenant, mes observations:
- Beaucoup de bizarreries avant qu’on n’applique toutes les mises à jour, ce qui prend un temps assez long. Une fois toutes les mises à jour appliquées, on peut respirer.
- Installer Flash est un peu plus difficile (comparativement à “aptitude install adobe-flashplugin”). Idem pour Java (essayez de faire marcher BlueJ pour voir…)
- Que Chromium ne soit pas par défaut dans les dépôts soit, mais qu’il ne fonctionne pas avec les vidéos HTML5 c’est… moins drôle. On est un peu obligé d’installer Flash. Pire, au moment où j’écris ces lignes, il ne se lance plus du tout (à cause d’une bizarrerie de ffmpeg).
- Installer tous les plugins de gstreamer (ou, en fait, n’importe quoi qui pourrait avoir l’ombre d’un risque côté brevets) est encore une fois une opération ardue.
- La version GNOME de PackageKit a divers bugs, certains tellement ridicules que je me demande comment ça perdure depuis des années. Les devs n’utilisent probablement pas leur propre interface graphique (ie: “dogfooding”).
- Les tailles des fenêtres n’est jamais retenue
- Il utilise des recherches “OR” au lieu de “AND”
- Il donne une certaine impression de lourdeur. C’est probablement un effet placebo, cependant.
- Divers bugs étranges. Par exemple, parfois la moitié des cases à cocher disparaissent quand on sélectionne un paquet! En fait, je crois que c’est parce qu’il ne veut pas qu’on fasse de la suppression de paquets en même temps qu’on fait de l’ajout… Pourtant Synaptic le fait très bien.
- Compiz est un espèce de mélange bizarre de cube et de pas de cube, et rend impossible le fait de cliquer sur le bas ou haut de gnome-panel en “frappant” la souris contre le bord de l’écran (bye bye loi de Fitt). Ugh.
- La version de GNOME Shell fournie gèle aléatoirement (au point où les magic sysrq keys ne fonctionnent pas). Probablement pas la faute de Fedora.
- Apache est installé par défaut. WTF?! (je spécifie ici que c’est la version “LiveCD”/”LiveUSB” de Fedora, donc pas de sélection des paquets, et donc on peut s’attendre à un usage de bureau moyen.
- L’utilisation de Root au lieu de sudo. Bon, en même temps, Ubuntu est essentiellement la seule distribution Linux à utiliser sudo partout.
- Pour M. Tout-le-monde, system-config-firewall est une immondice. gufw fait beaucoup mieux.
- Quand on a été gâté par l’installateur d’Ubuntu, certains détails nous manquent. L’installateur de Fedora est loin d’être mauvais, mais Ubiquity, dans Ubuntu 10.10, nous offre quelques raffinements agréables:
- Un meilleur sélecteur de région géographique
- Un choix de clavier correspondant réellement à ceux de GNOME (donc je peux spécifier le Canadien Dvorak français dès le début et ne pas me battre avec GDM par la suite, et ne pas avoir de bizarreries comme ceci et cela)
- Le partitionnement est plus joli et plus simple. Ça m’a pris un bout de temps avant de comprendre cette histoire de LVM que Fedora utilise par défaut. Pas nécessairement intuitif pour l’utilisateur lambda (mais bon, Fedora comprend beaucoup de geeks). Graphiquement, le gestionnaire de partitions d’Ubuntu est également mieux organisé et plus joli.
- L’installation démarre dès qu’on a spécifié les partitions, économisant du temps pendant qu’on répond aux questions suivantes
- L’installation offre d’installer les mises à jour et paquets restreints directement
- Des bugs étranges et difficiles à cerner avec gdm (l’écran de connexion) et la gestion des sessions d’utilisateur
- vi au lieu de nano (ou pico) par défaut et y’a pas de fichier de configuration global comme “sensible-editor”, il faut mettre un “export EDITOR=nano” dans son ~/.bashrc. Ceci est un problème pour ceux qui utilisent bazaar, subversion, ou autre (D)VCS lors de l’édition du message de commit. Si on ne sait pas déjà utiliser vi, bonne chance pour enregistrer ou même en sortir.
- locate ne fonctionne pas par défaut (faut exécuter updatedb manuellement!)
- bzr-gtk est inexistant (j’en ai besoin pour bzr gdiff et bzr viz), tout comme bzr patch
- Le boot est significativement plus lent (bon, on s’en tape un peu, les vrais ils utilisent la mise en veille et ont un uptime moyen de 3 semaines…)
Je passe les embêtements mineurs (noms de paquets différents, commandes différentes, courbe d’apprentissage), ce n’est pas la faute de Fedora. Par exemple, voici ma traduction de certaines commandes de Yum (pour les habitués de apt-get):
- apt-get update = yum check-update # vérifie les repos seulement
- apt-get upgrade = yum update # vérifie les repos puis met à jour les paquets
- apt-get dist-upgrade = yum upgrade # vérifie les repos puis met à jour les paquets — semble un peu redondant étant donné qu’il y a “yum update”
- apt-get build dep = installer le paquet yum-utils, qui permet d’utiliser la commande “yum build-dep”
Je rédige présentement ces lignes à partir de Fedora. Pour l’avoir utilisé quelques jours, c’est pas mal, mais le cumul des irritations ci-haut, combiné au fait que je n’ai pas une quantité infinie de temps à ma disposition (travaux scolaires obligent), est suffisant pour que j’installe tout de même Ubuntu (même si ça veut dire que je n’ai pas GNOME vanille et à jour). Verdict: dommage, peut-être la prochaine fois.