Fuyez Mono !

Ceux qui lisent mon blogue régulièrement savent que je fuis Mono comme la peste ; mon ancien blogue comporte d'ailleurs une catégorie dédiée que je vous invite à parcourir, énonçant les alternatives aux logiciels monoïsés que l'on commence très malheureusement et très inconsciemment à trouver dans nos distributions GNU/Linux – jusque dans la traditionnelle Debian, c'est dire.

Pour expliquer pourquoi je fuis Mono, je dirai simplement que Mono c'est le loup déguisé en mère-grand pour dévorer toute la communauté du Logiciel Libre.

Loup rodant autour du petit chaperon rougeLoup au chevet de mère-grandLoup déguisé en mère-grand, au lit à côté du petit chaperon rouge

Arrêtons-nous un instant sur cette métaphore illustrée par les gravures de Gustave Doré :

  1. La première gravure montre Microsoft, depuis toujours en embuscade, cherchant le moyen d'entraver l'avancée du Logiciel Libre.
  2. Après un round d'observation, Microsoft passe à l'offensive en découvrant un maillon faible du Logiciel Libre en Novell qui prête une oreille plus qu'attentive aux promesses économiques de Microsoft (deuxième gravure).
  3. Le round qui se déroule actuellement consiste à diffuser Mono sous l'apparence d'un logiciel libre pour permettre, le jour venu, de porter au Logiciel Libre un coup que Microsoft espère fatal (troisième gravure).

Quel est donc le problème avec Mono et les logiciels reposant sur cette technologie ?

Comme l'indique Wikipédia, Mono est une mise en œuvre sous licence libre de la plate-forme de développement Microsoft .NET. Le projet Mono a été initié par Miguel de Icaza et est actuellement soutenu par Novell.

Si le code lui-même est libre (au sens où il résulte d'un travail de développement original, placé sous licence libre, à partir des spécifications de la plate-forme de développement Microsoft .NET – et non d'une copie du code de ce dernier qui lui n'est pas libre), les mécanismes que Mono implémentent sont susceptibles d'être couverts par des brevets de Microsoft compte tenu du fait que .NET a été entièrement développé en interne par cette société.

Certains objecteront que les brevets logiciels ne sont pas reconnus en Europe (le Parlement européen, emmené par notre Michel Rocard national, s'y est opposé récemment). Alors pourquoi s'en soucier ?

Je répondrai qu'il faut privilégier des solutions libres de brevets pour au moins deux raisons :

  1. Les brevets logiciels sont légaux dans d'autres pays et, dans la mesure où la communauté des utilisateurs et développeurs de logiciels libres est mondiale, il serait égoïste de se servir de logiciels brevetés en sachant que d'autres n'auront pas ce droit. En outre, nous devons éviter de diviser la communauté pour ne pas l'affaiblir.
  2. Paradoxalement, pour éviter que les brevets logiciels ne soient un jour reconnus en Europe, il faut éviter d'utiliser des logiciels brevetés. Si les utilisateurs privilégient des logiciels non brevetés, ça réduit l'intérêt des brevets et ça diminue donc le risque que ça arrive chez nous (moins d'intérêts financiers en jeu, donc moins de lobbying de la part des détenteurs de brevets). Tout se tient.

Dans ces deux hypothèses on voit bien que les utilisateurs que nous sommes ont une responsabilité collective dans leurs choix individuels.

Cette responsabilité ne s'arrête pas là : il faut arrêter d'utiliser les logiciels basés sur Mono pour permettre aux alternatives d'émerger. Par exemple si j'utilise tel logiciel monoïsé pour des raisons pratiques – parceque ses fonctionnalités me conviennent – alors je n'essaye pas les alternatives indépendantes de Mono que je ne peux donc pas conseiller – notamment sur mon blogue – donc je n'aide pas à leur diffusion, donc de possibles rapporteurs de bogues, traducteurs, développeurs etc. ne contribueront pas à ces projets. À nouveau, tout se tient.

Les actions de chacun comptent et ont des répercussions – même petites – qui, l'une après l'autre, peuvent en entraîner d'autres.

Ces raisons de ne pas utiliser de logiciels basés sur Mono sont essentielles et s'appliquent bien entendu à d'autres logiciels. Lorsque vous faites le choix de préférer un codec breveté comme le H264 pour la diffusion de vidéos sur le Web au lieu d'un format libre comme Ogg Theora (lire ce précédent billet), vous encouragez égoïstement la balkanisation du Web et incitez les puissants détenteurs de brevets à renforcer la règlementation des brevets logiciels à travers le monde.


Quelques logiciels monoïsés que vous utilisez peut-être sans le savoir : Tomboy, F-Spot (tous deux installés dans Ubuntu par défaut), Banshee (envisagé pour être inclus par défaut dans Ubuntu à l'avenir), GNOME Do, gTwitter, GNOME Subtitles etc. Pour désisntaller tout ce qui a trait à Mono sous Ubuntu (logiciels compris), entrez la commande sudo apt-get autoremove --purge mono-runtime. Et trouvez ici les alternatives dont vous avez besoin.

Les arguments pour/contre Mono dans la blogosphère :

Rebondissement suite la « clarification » consentie par Microsoft à la demande des développeurs de Mono :

Enfin, un argument définitif contre mono : Stop using mono! sur B.O.F.L.

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