Comment GNU/Linux pourra s'imposer dans l'informatique grand public...

Introduction

Nombreux sont ceux qui veulent que GNU/Linux soit sur toutes les machines du monde entier, ou du moins avec un système libre. Et l'existence de OpenSUSE, Mandriva ou encore Ubuntu confortent dans cette volonté d'y parvenir un jour. Et malgré tous les efforts actuels, force est de constater qu'on est encore loin de représenter une part du marché suffisamment importante pour faire peur à Apple ou Microsoft. Je sais que certains s'en moquent de cet objectif, pour des raisons qui leurs sont propres et je le respecte mais je pense qu'en tant que défendeurs des Logiciels Libres, nous devons partager cette liberté aux autres et non la conserver pour nous mêmes et enfin rétablir un équilibre dans un marché hautement dominé par 2 entreprises qui dictent leurs lois. Le but de ce billet est de déterminer comment et quand on pourra envisager une bonne implémentation de GNU/Linux au sein de la population mondiale. Ceci dit je ne suis ni expert en markéting, ni en économie d'ailleurs donc cela est à prendre avec des pincettes (comme tout ce que je peux dire de toute façon). Pour étudier tout cela, j'ai trouvé qu'une comparaison avec le succès de Mozilla qui est sans doute le Logiciel Libre grand public le plus répandu comme une bonne base pour faire autant avec GNU/Linux.

Il était une fois, un panda roux...

Il y a quelques années, disons avant fin 2004, on avait un navigateur gouvernant tous les autres : Internet explorer. 4 ans plus tard, un concurrent arrive à lui prendre quelques 20 à 30% des parts du marché. Un succès incroyable mais qui n'est pas du au hasard, on va tenter de voir les clés de cette réussite. Tout d'abord, Internet Explorer était technologiquement hors norme. Plus de mise à jour importante depuis 2002 soit pendant 2 ans (et encore, 2001 pour des évolutions vraiment importantes) avec des restes de la 1ère guerre des navigateurs : l'absence d'onglets, de flux RSS, d'anti-pop-up et tant de choses. Firefox a apporté ces fonctions qui sont utiles à la navigation de manière quotidienne. Il est clair qu'une fois qu'on surf avec ce genre de navigateurs, Internet Explorer laisse un gout amer.

Mais cela ne suffit pas, car après tout Opera, Netscape ou Mozilla (le papa de Firefox) disposaient déjà de ces fonctionnalités ou presque. Pourquoi n'ont-ils pas progressé en part de marché ? Car en réalité le succès de Firefox tient surtout d'un coup marketing incroyable pour le Logiciel Libre actuellement. Opera a toujours été discret autour de la sortie de ses produits, et le fait qu'ils soient payant (ou avec un bandeau de publicité) n'a pas aidé les choses, Mozilla et Netscape sont les perdants de la 1ère guerre des navigateurs et héritent d'un héritage trop lourd d'autant que Mozilla a mit du temps avant d'être considéré comme stable. Firefox lui rien, développement rapide, léger, et surtout on a entendu parler de lui. Entre l'article paru dans le New-York Times, un nombre incalculable de sites ou de journaux informatiques qui en font la promotion et le soutient de Google, si on aimait l'informatique fin-2004 on voyait du Firefox partout avec les louanges de tous ceux qui l'ont testé dont beaucoup de webmasters qui ont pu répandre leur enthousiasme.

Outre cette campagne médiatique réalisée d'un coup de maitre, le cadre temporel fut parfait. Le marché n'avait aucune concurrence, IE n'évoluait plus et les gens commençaient à se lasser de cette stagnation. Il est clair que si on retente la même chose avec un autre navigateur aujourd'hui, le succès sera plus mitigé que jamais à cause de la forte concurrence qui « tue » des projets trop petits que sont les Logiciels Libres à la base.

Pour mettre cela en application avec GNU/Linux, on va retenir 3 idées : les « fonctionnalités-killer », la campagne publicitaire et le cadre temporel vis à vis du marché. Sans ces 3 éléments réunies cela peut être une catastrophe, comme nous allons le voir...

Puis arriva le manchot !

Aujourd'hui nous arrivons à un carrefour important pour GNU/Linux qui peut se répandre partout. Depuis quelques années on commence à voir ce rêve ancien d'un professeur barbu du MIT (Richard Matthew Stallman) comme enfin réalisable (enfin pas complètement). Mais la moindre erreur pourrait tout détruire à jamais ou presque... En effet imaginez une campagne publicitaire menée d'une main de fer lancé actuellement ? Soit ça sera un coup d'épée dans l'eau, soit GNU/Linux sortira avec une image populaire mauvaise pouvant empêcher un nouvel essai. De même qu'il faut le faire avant que la concurrence ne tue le marché par les mines qui se posent petit à petit... On va voir quand est-ce que sera ce bon moment approximativement.

Le développement du système libre

Le développement de GNU/Linux est très rapide, si on regarde quelques années en arrière, GNU/Linux ne tenait pas longtemps la comparaison face aux OS propriétaires pour un non-libriste à moins d'avoir une grande volonté. Mais GNU/Linux a rattrapé beaucoup de son retard face à ces OS, si on regarde bien de Fedora Core 3 à Fedora 10 j'ai senti une progression plus importante qu'entre XP et Vista qui a eu pourtant plus de temps. Ceci a pu se passer grâce à la remise en cause de beaucoup de points de GNU/Linux ce qui a entrainé des dégâts (comme PulseAudio ou SELinux) mais cela est nécessaire pour avancer plus vite et se libérer des contraintes de l'héritage du passé. Car il est vrai, ces dernières versions de GNU/Linux ont connu quelques instabilités, mais cela a permit peut être de compenser l'écart qu'on avait avec les autres OS qui eux trainent du code datant d'il y a 20 ans et qui est obsolète au possible.

Des applications-killers en vue ? Une opportunité marketing ?

Ceci dit à cause de ce climat, il est sans doute trop tôt pour tenter une action marketing à grande échelle. Après tout dans certains domaines GNU/Linux a de gros points faibles comme les jeux vidéo. Mais les Logiciels Libres avancent vite et KDE 4.2, The GIMP 3.0, Firefox 3.1, etc. promettent énormément et pourrait devenir des applications incontournables, suffisamment pour attirer la population. Il est donc intéressant d'attendre l'évolution de ces logiciels, comme de l'intégration des pilotes libres de ATI par exemples. Mais un danger guette : Windows Seven. On ignore beaucoup de ce dernier, il y a certaines choses que l'on sait comme l'interface tactile mais est-ce que Windows Seven va révolutionner l'informatique comme cela était annoncé pour Vista ? On l'ignore, et si Seven est un succès populaire (après l'échec de Vista, cela est fort possible), GNU/Linux aura du mal à percer car les gens n'auront d'yeux que pour lui sauf si c'est un fiasco. Les gens profitent en ce moment d'un Vista peu populaire, rejeté de toutes parts. On peut supposer qu'il faudra le faire avant la sortie de Seven.

Comment faire la promotion de GNU/Linux ?

Pour faire ce type de publicité, il faudra sortir plus gros que les magazines de Diamond Edition et votre cousin Robert. Toute l'industrie informatique devra s'y mettre corps et âmes dans un assaut ultime. Tout d'abord il faut une unification dans le développement marketing pour éviter de se disperser. Les alliances comme entre Canonical, Red Hat et IBM sont une bonne chose vers ce sens, mais il faudrait également le soutiens d'autres poids lourds comme Sony, ASUS, Acer, Intel, nVidia, ATI/AMD, Dell et d'autres. Avec eux la campagne sera plus crédible et son impact ne sera que plus fort car ce sont des valeurs sures pour le grand public et même l'entreprise.

Cette campagne devra en somme faire un gros buzz, un peu comme l'iPhone ou Firefox à leurs sorties. Tout le monde doit en parler, de la presse informatique à la presse généraliste et évidemment dans le bon sens. La vente de machines et de matériels spécialement conçues pour GNU/Linux (comme l'EeePC avec la Xandros) est également essentielle. Bien que cela paraisse utopique, on se souvient de la publicité d'IBM diffusée de manière confidentielle ou encore le fait que GNU/Linux prend de la place dans l'embarqué et les netbooks. Le bouche à oreille devrait conclure cette campagne si bien menée permmettant peut être à GNU/Linux de grignotter quelques parts de marché et d'y faire son trou.

Ou alors la méthode douce

L'intrusion de GNU/Linux peut être plus progressive et moins brutale. La migration d'entreprises ou d'administrations est un exemple possible qui permet par la suite la migration des personnes qui y travaillent convenablement et sans accroche. Elle coutera moins chère mais sera plus lente. Dans ce cas, c'est vous utilisateurs de système libre qui avez la plus lourde tâche : faites migrer votre lieu de travail et votre famille sous GNU/Linux si évidemment cela ne pose pas de soucis dans l'efficacité. Aidez et aidez-vous des GULLs ou autres associations comme l'APRIL qui font en sorte que l'État français défendent et soutiennent le Logiciel Libre chaque jour. Et qui sait, si le gouvernement fait des actions et de la publicité pour notre système préféré, cela pourrait aider la conversion massive des utilisateurs non ?

Conclusion

Je pense et je montre à travers ce billet qu'il est trop tôt pour espérer une migration à grande échelle, pour l'instant on est à une migration douce et progressive. Mais cela ne suffira probablement pas si on veut que notre système se popularise au monde entier. Mais dans ce cas cela ne dépend pas que de nous mais aussi de l'industrie et comme on peut le voir, il y a des contraintes pour que la campagne soit un succès. De même que je pense que les systèmes comme Fedora ou Ubuntu sont assez peu stables notamment ces dernières versions car on est dans un cycle de renouveau pour doper l'évolution de GNU/Linux, si cela vous déplait, changez de versions ou de distributions (d'un autre côté prendre Fedora sans vouloir de la nouveauté, c'est un peu étrange non ? ;) ).

Et vous, vous envisagez comment la diffusion de GNU/Linux au sein du grand public ? Vous y croyez ? Vous en voulez ? Que faut-il faire selon-vous pour y parvenir ? Donnez vos idées aux développeurs, et participez aux projets que vous tenez le plus à cœur et ça aidera vous verrez.

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Publié par Renault : 180