Troisième étape, là où le bât blesse

Après avoir fait le tour des différents avantages de Linux, il est nécessaire de passer en revue ses inconvénients majeurs. Si beaucoup d'inconvénients sont plutôt liés à la mauvaise connaissance du système par le nouvel utilisateur, d'autres sont causés par les faibles parts de marché du système. En effet, Linux équipe à peine 1 % des PC actuels contre 90 % pour Windows et 9 % pour Mac OS X (source) : peu d'éditeurs de logiciels ainsi que de constructeurs fournissent des produits compatibles Linux. Voyons à quel point tout cela peut affecter l'utilisateur dans sa démarche de changement.

Linux n'est pas un Windows gratuit

Non, Linux n'est pas et ne sera jamais Windows. Configurer Linux est différent, aucun menu ne correspond, les options sont différentes... Bien des choses qui peuvent être perturbantes au début. De plus, un programme Windows ne s'installera pas sous Linux, excepté bien sûr si une version Linux existe. Ceci est vrai en sens inverse : un programme Linux ne fonctionnera pas sous Windows à moins qu'une version Windows existe. La majorité des logiciels fonctionnant sous Windows ont un équivalent sous Linux. Ne vous attendez cependant pas à des copies conformes : ce sont des nouveaux logiciels, et un temps d'adaptation pourrait être nécessaire. Ces logiciels auront leurs avantages et leurs inconvénients, et des limites différentes.

Une exception à la règle précédente existe : WINE. WINE permet à certains programmes Windows de s'installer et de fonctionner sous Linux. Il est cependant déconseillé d'utiliser WINE, qui ne doit être utilisé qu'en dernier recours. En effet, il n'est pas garanti que le fonctionnement soit parfait, et des erreurs peuvent survenir.

Quel que soit votre niveau en informatique, il vous faudra accepter de redevenir débutant : s'y connaître en Windows, ce n'est pas s'y connaître en Linux. Le temps d'adaptation peut être plus ou moins long, mais en règle générale n'espérez pas être aussi à l'aise sous Linux les premiers jours que vous l'êtes sous Windows. Soyez donc sûr d'avoir quelques jours de libre pour appréhender ce nouveau système, et il faudra compter quelques semaines pour être réellement à l'aise. Il faudra un peu de motivation, mais dans tous les cas ne vous découragez pas car le jeu en vaut la chandelle : quand vous maîtriserez votre nouveau système, vous serez surpris à quel point vous pouvez être plus efficace que sous Windows.

Au sujet des jeux

Un jeu est un logiciel comme un autre : si un jeu n'a été prévu que pour Windows, il ne tournera pas sous Linux. Certains fonctionnent cependant avec WINE, bien qu'il existe aussi des jeux libres et gratuits développés pour Linux. Cependant, si vous êtes un joueur invétéré, il y a peu de chances que vous soyez satisfaits par les possibilités de Linux en matière de jeux.

Le matériel non pris en charge

Si vous avez déjà installé vous-même Windows, ou simplement un périphérique (imprimante, webcam, lecteur MP3...), vous avez très probablement dû utiliser un CD fourni par le constructeur (contenant les drivers) pour que votre matériel fonctionne. Il est assez rare que les constructeurs fournissent ce CD pour Linux, et c'est à la communauté de développeurs de créer les drivers pour le matériel. La situation est donc quelque peu disproportionnée : sous Windows les constructeurs fournissent de quoi faire fonctionner leur matériel, alors que sous Linux ce sont des personnes extérieures qui doivent faire le travail. Il est donc probable que du matériel ne soit pas reconnu pendant quelques semaines/mois sous Linux, voire ne fonctionne jamais. Avant d'acheter du matériel, vous devrez vous renseigner pour être sûr de son fonctionnement sous Linux.

Lorsqu'un périphérique fonctionne par contre, l'installation se fait souvent automatiquement. Il suffit de le brancher et il peut être utilisé de suite. Par exemple, un PC portable 100 % reconnu sera fonctionnel dès la fin de l'installation d'Ubuntu : réseau, wifi, webcam, micro ou touchpad ne nécessitent aucune installation supplémentaire. Nous pouvons passer en revue quelques marques reconnues pour fonctionner sous Linux.

Imprimantes et scanners

Hewlett-Packard et Brother sont à privilégier pour la qualité de leur matériel et leurs drivers libres pour Linux. Canon, Epson et Lexmark sont à éviter.

Webcams

Les Logitech et les Labtech sont généralement bien reconnues.

Lecteurs MP3

Les iPod nouvelle génération ne fonctionnent pas encore, mais les anciennes générations sont reconnues sans problèmes. Les Sony sont à éviter. Il est toujours préférable de choisir un lecteur « Full UMS », c'est-à-dire reconnu comme une clé USB ; que ce soit sous Windows, Mac OS X ou Linux, vous n'en tirerez que des avantages. Parmi les plus connus, Cowon, Archos, certains Samsung ou Meizu.

Appareils photos numériques

En principe, tous les appareils photos sont reconnus sans problèmes. Au pire des cas, vous pouvez utiliser un lecteur de cartes universel pour récupérer vos photos.

Cartes graphiques

nVidia et ATI fournissent des drivers pour utiliser leur matériel sous Linux. Quelques semaines peuvent cependant s'écouler entre la sortie d'un nouveau modèle et la sortie du driver Linux.

PC portables

Lenovo, Asus et Dell (qui fournit certains modèles avec Ubuntu préinstallé) sont à privilégier.

La peur de la ligne de commande

Lorsque vous devrez régler un problème, vous risquez de vous frotter à la ligne de commande, outil ô combien repoussant pour le néophyte, mais tellement pratique et puissant pour l'utilisateur averti. En principe, Ubuntu vous permet de régler tous les problèmes graphiquement. Cependant, beaucoup d'utilisateurs vous orienteront vers la solution en ligne de commande, tout simplement par facilité. En effet, il est plus simple pour eux (et pour vous ;-) ) de faire un copier-coller de la commande à utiliser que de vous expliquer sur quels boutons cliquer pour arriver au bon endroit. De plus, l'hétérogénéité des environnements de travail (Gnome, Kde, Xfce, etc.) ne facilite pas la tâche, alors que la ligne de commande est universelle.

Ne vous faites donc pas de soucis avec ce vieux cliché que traine Linux : la ligne de commande, on peut très bien s'en passer, mais elle reste un outil très pratique.

L'utilisation d'un projecteur

Si vous utilisez régulièrement votre ordinateur portable pour faire des présentations via un projecteur, vous constaterez que le raccourci classique Fn + F5 (ou F8) ne fonctionne pas. Rassurez-vous, c'est bien évidemment possible d'utiliser un projecteur, mais mieux vaut faire quelques essais auparavant car ce n'est pas toujours automatique. nVidia fournit un utilitaire très pratique pour configurer l'affichage : utiliser un projecteur ou même faire du dual screen devient un jeu d'enfant.

Le montage vidéo

Quelques logiciels existent sous Linux, les plus connus étant Kdenlive ou encore Cinelerra. Le premier est simple d'utilisation mais pêche un peu du côté des possibilités avancées. Le second offre des possibilités étendues, mais n'est pas simple à utiliser. Ces logiciels évoluent rapidement, mais il faut reconnaitre qu'ils ne sont pas encore à la hauteur de iMovie sous Mac OS X.

Second bilan, tout n'est pas rose

Passer sous Linux peut amener son lot de problèmes, avec en tête la compatibilité matérielle. Toutefois, le prix d'une licence Windows est équivalent voire (très) supérieur à celui d'une imprimante ou d'un lecteur MP3. Investir dans du nouveau matériel et passer sous Linux peut être plus économique qu'acheter une nouvelle licence Windows. En outre, si aucun de vos programmes habituels n'est lié à une obligation quelconque (par exemple professionnelle), il y a de grandes chances pour que vous soyez satisfaits des alternatives libres.

Si malgré tout l'utilisation de Windows ou Mac OS X vous est indispensable, une solution est toujours possible. Nous l'aborderons dans le sujet suivant.

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