De l’intérêt de détacher des programmes de la console (sans screen)

Qui n’a jamais perdu par erreur une compilation, une session ssh ou une fenêtre irssi en fermant une console par inadvertance, à cause d’un lag réseau, ou bien à cause d’un redémarrage brutal de X11? Les outils présentés ici permettent de vous affranchir de ce genre de problème.

dtach est un petit programme bien pratique qui sert à détacher un programme de la console où celui-ci tourne. De manière simple, ça veut dire que si on quitte le terminal dans lequel on a lancé le programme détaché, on pourra par une courte commande récupérer ce programme. Exemple, la commande suivante permet de lancer le programme irssi en détaché, sur le socket /tmp/irssi.sock (qui sera créé par le programme), où, s’il est déjà lancé, de récupérer ce programme.

dtach -A /tmp/irssi.sock /usr/bin/irssi

J’en connais des tas qui ne jurent que par gnu screen. Mais  à quoi bon, si on peut se contenter d’un simple alias?

alias irssi='dtach -A /tmp/irssi.sock /usr/bin/irssi'

Jusque là, je me contentais de deux ou trois alias du genre, et j’avais une petite fonction au début de mon .zshrc qui me permettait de toujours lancer mon shell en détaché. Cependant, tout ceci manquant de souplesse, je me suis intéressé à screen et à ses alternatives, et je dois dire que je trouve tmux vraiment propre. Je mets de côté tous les aspects de coupage d’écran en deux, onglets et tutti quanti, qui  sont plus ou moins inutiles quand on utilise un vrai window manager. Si screen et tmux peuvent tous deux ouvrir un nombre illimité de sessions (screen pouvant, si j’ai bien compris, ouvrir jusqu’à 10 fenêtres au sein de la même session), tmux offre un mécanisme pour alterner entre différentes sessions que j’ai cherché en vain dans screen (je vois d’ici les ardents défenseurs de leur programme favori venir me crucifier dans les commentaires: tant pis, si ça existe, j’assume ma mauvaise lecture des pages de manuel). Dans tmux, avec la configuration par défaut, un simple CTRL-b suivi de s montre une liste à choix des sessions ouvertes (attachées ou détachées) et il suffit alors de selectionner une entrée pour que tmux se connecte à ladite session (et si vous aimez couper l’écran en deux et mettre plusieurs fenêtres dans la même session, vous pouvez, sans limitation de nombre).

Voici quelques lignes que j’ai rajoutées au début de mon .zshrc: elles garantissent qu’une nouvelle session tmux est toujours lancée avec le shell. La fermeture de la session en cours entraine l’essai de connection à une autre session, sauf s’il n’y a plus aucune session de lancée.

# TMUX
# if no session is started, start a new session
if test -z ${TMUX}; then
tmux
fi
# when quitting tmux, try to attach
while test -z ${TMUX}; do
tmux attach || break
done

Et désormais je lance irssi de la manière suivante:

# IRSSI IN TMUX
# switch to irssi session (and if necessary starts this session before)
irssi()
{
if tmux has -t irssi >/dev/null; then
tmux switch -t irssi
else
TMUX="" tmux new -d -s irssi /usr/bin/irssi
tmux switch -t irssi
fi
}

Si vous utilisez zsh et/ou urxvt, et que vous souhaitez tenter l’essai, je vous suggère de jeter un coup d’oeil à ma configuration (les problèmes de couleurs et de scrolling y sont réglés). À noter qu’il existe d’autres alternatives à gnu screen, dont le très prometteur neercs, qui permet entre autre de détacher des programmes qu’on avait oublié de lancer dans neercs.

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Publié par Christophe-Marie : 13