Reportbug vs Launchpad
Suite à ce commentaire sur mon billet précédent concernant Reportbug, j’ai pensé devoir développer un peu une réponse.
Launchpad, jusqu’à très récemment, était un logiciel propriétaire. L’année dernière, il a été finalement libéré par Canonical. C’est selon moi une bonne chose, et on en avait tellement parlé que je ne m’y attendais plus vraiment. Après tout Canonical est une entreprise et le but d’une entreprise intrinsèquement est de faire de l’argent, les considération éthiques n’ayant généralement dans les entreprises qu’un poids très restreint.
Bien, donc Reportbug face à Launchpad ? Il y a moins d’un an j’aurais répondu que comparer un logiciel libre et un logiciel privateur est par essence un exercice biaisé et quasi inutile. L’un appartient au patrimoine de l’humanité et l’autre à une entreprise qui peut en faire ce qu’elle veut et dont le but est de faire de l’argent. Je vais donc parler un peu de Reportbug (que je contribue à développer, les lecteurs réguliers de ce blog sont au courant) qui, lui, est un logiciel libre depuis sa naissance et depuis des années l’une des briques logicielles les plus importantes de Debian. Nous arrivons bientôt à 570000 rapports de bugs (qui peuvent aussi être des demandes d’amélioration). Reportbug offre ses services principalement en mode texte et en mode graphique (GTK2) aux utilisateurs. Comme je l’ai dit dans mon précédent billet, chaque rapport de bug est (potentiellement si le rapport est recevable) le début d’un mouvement au sein de Debian. Considérant le travail de Debian qui met en place une distribution multi-noyaux (Linux et le noyau de FreeBSD aujourd’hui gérés) et multi-architectures (un grand nombre est officiellement supporté), on peut facilement comprendre que toucher à l’outil qui est au coeur de l’organisation et du suivi de ce travail est une opération très délicate. Et pourtant Reportbug ne cesse d’évoluer, supporte de nouvelles options et travaille à satisfaire les désirs parfois contradictoires et souvent pointilleux de ses utilisateurs.
De fait Debian fonctionne grâce à l’e-mail, le courrier électronique et l’IRC étant les deux canaux de communication principaux des utilisateurs et développeurs de Debian. Reportbug s’appuie donc sur l’e-mail, qui s’avère avoir des avantages non négligeables pour une organisation à la communication largement asynchrone (il est rare d’avoir une réponse à ses questions dans la minute, qu’on soit développeur ou utilisateur) et décentralisée comme Debian.
Je pense avoir donné ici des pistes qui permettent de comprendre que Reportbug satisfait très bien ses utilisateurs et n’a pas de problème d’ergonomie, sauf à considérer que tout ce qui n’est pas une appli Web n’est pas ergonomique, argument pour le moins spécieux. Launchpad fait sûrement très bien son travail et est digne d’intérêt depuis sa libération. Reportbug fait également très bien son travail et soutient le travail journalier des acteurs de Debian, la distribution grâce à laquelle Canonical et Ubuntu vivent et (je leur souhaite) continueront à vivre longtemps.