Dé-rawtiser ses photos sous Linux partie 1 : UFRaw

Pour obtenir le meilleur de son appareil photo numérique, il est préférable de faire ses photos en RAW et non en jpeg. Seulement, un fichier RAW n'est pas directement exploitable par les logiciels de traitement d'images comme Gimp, Krita ou Cinepaint. Nous devons d'abord passer par une étape de conversion (dé-rawtisation ou dématriçage) en un fichier utilisable. UFRaw est un logiciel libre qui permet de faire cette conversion.

C'est quoi le RAW ?

Un fichier RAW contient les données brutes du capteur de l'appareil photo. Il n'existe malheureusement pas un seul format de fichier RAW. Chaque fabricant à son propre format ... propriétaire ... quand ce n'est pas un format par appareil photo ! Le RAW a tout de même un intérêt, les images sont codées sur un plus grand nombre de bits que le format jpeg et ne sont pas compressées de façon destructive. Il offre ainsi une plus grande possibilité de manipulation au post-traitement qu'une image jpeg issue de l'appareil photo.

Le traitement RAW sous Gnu/Linux

Nous avons plusieurs logiciels de traitement RAW sous Linux (liste non exhaustive) :

  • UFRaw : libre, mon préféré
  • Rawtherapee : nouveau libre (depuis la version 3.0), il donne des résultats intéressants
  • Rawstudio : libre, je n'aime pas, c'est une affaire de gout
  • Lightzone : pas libre, concept original basé sur le Zone System
  • Bibble 5 : pas libre, très rapide, possède un système de calques
  • DPP via Wine : pas libre, logiciel de Canon spécifique pour ses boitiers.

Les avantages d'UFRaw

Il ne fait qu'une seule chose mais il le fait plutôt bien ! Il gère les profils ICC et les courbes de luminosité de Nikon. Sa fonction "Simulation de film" est très efficace et son effet s'apparente à celui des compresseurs de dynamique audio bien connus des MAO-istes. On peut s'en servir pour le traitement par lot. Il est aussi possible de le compiler avec la librairie lensfun qui offre les options suivantes :

  • corrections du vignetage
  • correction des déformations optiques
  • correction des aberrations chromatiques.
Il affiche aussi en permanence l'histogramme brut (du capteur) et l'histogramme après conversion. Enfin, la qualité du rendu n'a rien à envier aux logiciels propriétaires comme Bibble 5 ou lightzone.

Configurer UFRaw

D'abord, agrandir la fenêtre à la taille de l'écran. Basculer le bouton "Simulation de film" et cliquer le bouton "Exposition Automatique".

Dans le premier onglet en forme de balance, mettre la balance des blancs sur "balance du blanc du boitier". laisser l'interpolation sur AHD.

Dans l'onglet "Courbes tonales", laisser une courbe linéaire, si vous avez un boitier Nikon, vous pouvez utiliser l'option "courbe de l'appareil". cette courbe tonale est appliquée en même temps que la correction de l'exposition, cela signifie que si l'exposition est en mode "Exposition automatique", une action sur la courbe tonale aura un impact sur le calcul automatique de l'exposition.

Aller dans l'onglet de "gestion des couleurs", si vous avez créer un profil pour votre boitier, c'est ici que vous pouvez l'utiliser.

Terminer par l'onglet "Enregistrement" et dans l'option "Sauver param. comme défaut", choisir "Juste cette fois".

De cette façon, à chaque ouverture UFRaw s'ouvrira avec les paramètres que nous avons sélectionné, à savoir :

  • Exposition automatique
  • simulation de film
  • Balance des blanc du boitier
  • Courbe tonal de base
  • profil icc de base de l'appareil

Utiliser UFRaw au quotidien

Une fois notre configuration sauvegardée, lorsque nous ouvrons une nouvelle image, nous pouvons d'abord corriger l'exposition de l'image à l'aide du curseur.

Dans l'onglet de balance des blancs, si la balance n'est pas bonne, il est possible de la corriger en sélectionnant d'abord une zone supposée neutre dans l'image (n.b: les trois composantes RVB sont à peu près égales), puis en cliquant sur la pipette.

Je ne me sers pas de l'option de dé-bruitage car je préfère me débrouiller pour ne pas augmenter la sensibilité ISO et ainsi générer du bruit dans l'image. J'essaie autant que possible d'utiliser un objectif lumineux, un flash ou un trépied (dans le cas d'une vitesse d'obturation lente).

aller ensuite dans l'onglet "Corrections", la courbe de correction offre en bas à gauche une option "noir automatique" intéressante qui cale la courbe sur le début des pixels les plus sombre. Par contre la correction automatique à droite donne des résultats très artificiel.

Un nouvel onglet a fait son apparition avec la version 0.16 d'UFRaw.

Il permet de corriger la luminosité d'une couleur donnée prise dans l'image. Il suffit de sélectionner une zone dans l'image, un nouvel ascenseur apparait et permet de modifier la luminosité de la couleur moyenne correspondant à cette zone. Il est possible de contrôler jusqu'à trois couleurs.

Il ne reste plus qu'a éventuellement recadrer l'image.

Utiliser UFRaw en mode batch

Lorsqu'on a de nombreux fichiers à traiter, on peut simplement sauvegarder les réglages souhaités dans un fichier .ufraw pour chacune des photos et lancer un petit script comme celui-ci à partir du gestionnaire de fichier (Nautilus, Konqueror, Thunar, ...) pour les traiter en masse. Pour que UFRaw écrive juste un fichier de paramètre et non l'image, il faut aller dans "sauver" et sélectionner "seulement" au niveau de l'option "Créer un fichier ID".

A quoi sert l'histogramme brut ?



Premièrement, il s'agit de l'histogramme de ce qu'a enregistré le capteur. C'est le seul histogramme qui permette de savoir si les limites du capteur ont été dépassées au moment de la prise de vue. Tant qu'il n'y a pas de barre verticale sur la droite de l'histogramme, il est toujours possible de récupérer de la matière dans les hautes lumières en diminuant l'exposition dans UFRaw.

Par rapport à ce qu'affiche l'écran arrière du boitier, il faut bien avoir en tête qu'il s'agit uniquement de l'image APRES traitement par les algorithmes internes du boitier. Même si le boitier indique une légère surexposition par endroit, cela ne signifie pas que les limites du capteur aient été atteintes. Bien sûr il faut que cette surexposition reste raisonnable (en général, de l'ordre d'un diaphragme). La technique de l'exposition à droite permet d'exploiter au mieux le capteur de son boitier : on surexpose à la prise de vue et on sous expose au développement dans UFRaw... au passage le bruit se trouve aussi sous-exposé.

L'histogramme brut d'UFRaw affiche aussi des informations intéressantes lorsqu'on sélectionne une zone dans l'image :

  • la valeur moyenne des trois composants rouge, vert et bleu de la sélection
  • la luminosité moyenne de la sélection
  • un chiffre qui correspond à la valeur moyenne de la sélection dans le Zone System.

Le rendu des couleurs dans UFRaw

Etant équipé avec du matériel Canon, j'ai d'abord fait comme tout le monde, c'est a dire que j'ai essayé d'utiliser les fameux styles d'image de la marque dans UFRaw. Seulement, le rendu des couleurs est terne, fade et en dessous de ce que propose DPP. J'ai aussi fait le test avec les profils ICC d'Adobe mais sans plus de succès. Cela proviendrait des algorithmes utilisés pour le dématriçage, les calculs sont différents d'un logiciel à un autre. Les profils de Canon ne fonctionnent bien qu'avec le logiciel de Canon, les profils d'Adobe ne fonctionnent bien qu'avec les logiciels d'Adobe et pour UFRaw ... il faut se faire son profil à soi à l'aide d'une charte de type Gretag et d'un logiciel comme LPROF ou Argyll CMS. Cette dernière solution sera testée dans un prochain billet.

UFRaw a aussi tendance à générer des effets de moiré. Par contre au niveau de la gestion du contraste, du rendu de la lumière et de la qualité du dématriçage, il est, je trouve, au dessus de DPP.

En attendant de créer un profil ICC qui me donne entièrement satisfaction, je sors l'image à la fois avec DPP et UFRaw. Ensuite, avec Gimp et le script "Separate Luminance", je fusionne la chrominance de la version DPP et la luminance de la version UFRaw. J'obtiens ainsi une image avec les belles couleurs de Canon, la belle lumière et la précision d'UFRaw. En dehors du fait que cette méthode est lourde, elle n'est pas libre.

To be continued

Le prochain billet sur la dé-rawtisation des photos sous Linux sera consacré au nouveau libre : RawTherapee. Je ferai une petite comparaison avec UFRaw. Je prévois aussi un autre article sur la création d'un profil ICC pour l'appareil photo.

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