Mandriva sur le Dell Inspiron Mini 10

Mon U810 était parfait pour les grands voyages. Compact et relativement puissant pour sa taille, il est nickel pour la bourlingue. Mais en réunion, ou pour faire une présentation, ce n'était pas le top. De même pour une utilisation urbaine, il était juste trop gros. Du coup, j'ai décomposé l'usage en deux outils supplémentaires, un smartphone (HTC Hero sous Android, mais j'en parlerais une autre fois) pour l'urbain, et un netbook pour le reste. Pour ce dernier mon choix s'est arrêté sur le Dell Mini 10 avec la crainte classique de savoir si le pingouin allait correctement s'y faire.

Présentation

L'idée d'origine AsusTek avec le fameux eeepc était de nous pondre un portable à bas coût. Aujourd'hui cette idée si elle reste valide a quelque peu évolué avec des machines relativement chères (400€) et une course à la puissance pour une consommation toujours plus faible. Finalement, plus qu'une machine à bas coût, le netbook est aujourd'hui un format d'ultra-portable (9, 10 et 12 pouces) allié à une ultra-basse consommation.

Le Dell Mini 10 (aka Inspiron 1010) fait partie de la famille des netbooks 10 pouces. Je ne vais pas vous faire un comparatif, ce n'est pas un site de hardware, mais pour faire simple c'est un jolie petite machine d'un peu plus d'un kilo (avec la batterie) d'un fini assez pro (même si la charnière fait un peu "jouet" tout en étant solide). L'esthétique assez classique est sauvée par la possibilité de choisir sa propre couleur de coque (vert olive pour moi Smiling.

Côté connectique on y trouve tout ce qui peu s'attendre sur une telle machine : 3 ports USB, des prises casque et micro, une fente pour une carte SD, une prise ethernet et... une prise HDMI. Là c'est le premier "hic" de l'histoire car pour une utilisation professionnelle, cette prise externe sert avant tout à un vidéo-projecteur. Et rares sont ceux qui dispose d'une entrée DVI et encore moins HDMI. Une piste de solution qui n'est cependant pas donnée est l'usage d'un convertisseur comme ceux d'HD Fury. Le second "hic", de moindre, importance est la faible capacité mémoire (1Go), non extensible de surcroît (sauf bidouille). Le troisième hic est que windows n'est pas une option sur cette machine, contrairement à la version 10v.

Les machines DELL sont assemblées sur demande. L'avantage est que vous y mettez ce que vous désirez dans les options offertes. J'ai ainsi opté pour la version 1.6Ghz du CPU (au lien de 1.3Ghz), l'écran haute résolution 1366x768 (au lieu de 1024x576) et la batterie 6 cellules (au lieu de 3). A noter que le petit chargeur fournit ne dépasse pas de beaucoup la taille d'un adaptateur de téléphone portable, mais surtout qu'il n'est pas exotique (19v, fiche standard) et peut donc être remplacé au carouf du coin en cas d'oubli.

Le truc bizarre en revanche est que malgré la présence d'un slot pour une carte SIM à l'arrière de la bestiole (derrière la batterie), aucune carte 3G n'est disponible dans les options d'assemblage...

A la loupe

Contrairement aux anciens netbook basés sur une architecture intel Atom, le Mini 10 est animé par seulement deux puces. Tout d'abord le Z530 à 1.6Ghz (ou Z520 à 1.33 Ghz) qui est le dernier né des CPU Intel Atom. Cette puce fait tenir 47 millions de transistors sur 12x14mm, avec un TDP (officiel) de seulement 2W contre 2.5W pour l'ancien N270. Pour rire, un bon vieux 6502 arrivait à coller dans 27mm2 une population faramineuse de 4000 transistors. Nous avons donc là une machine à peine moins grosse qu'un Oric Atmos (ou Apple ][) mais cumulant 11750 fois sa puissance, ça ne nous rajeunit pas tout ça Wink

Pour finir sur cet atom, il supporte (comme le N270 il me semble) les instructions SIMD , MMX, SSSE3 , SpeedStep ( EIST ) ainsi que l' hyperthreading qui permet de simuler du dual-core. En revanche, sa FSB a été poussée à 533Mhz.

La seconde puce porte de doux nom de Poulsbo et cumule les rôles de southbridge et northbridge, avec 2 lignes PCI Express, un contrôleur PATA (UDMA 5, 100Mo/s), 8 contrôleur USB, audio HD (2 canaux) et interface graphique. Le tout sur une surface de 22mm2 avec une TDP (toujours officielle) de 2.3W. Elle remplace donc pour les netbooks le classique couple i945/ICH7. Le principe est que le CPU communique avec le SCH (System Controller HUB) du Poulsbo qui lui dispatche sur la mémoire (1Go DDR2 à 533Mhz), les périphériques USB, le disque dur, etc. Le disque dur fournit (pas de SSD pour les mini 10, malheureusement) est un Samsung 160Go à 5400rpm. Sur le hub USB sont disposés la WebCam (SuYin, 1.3m pixels), le bluetooth (Broadcom - v2.1) et le lecteur de carte SD (Realtek). Sur le bus PCIe nous trouvons les cartes Wifi (Broadcom) et Ethernet (Broadcom).

Ce qui nous donne le tableau de synthèse suivant :

CPUIntel Atom AZ530 - 1.6Mhz - 512kb cache - FSB 533Mhz
Mémoire1Go DDR2 533Mhz
ChipsetIntel Poulbso
Affichagepanneau LCD 10"1 en 1366x768
Codec AudioRealtek ALC269 HD
Disque durSamsung HM160I - 2"5 - 160GO - SATA - 5400rpm
Lecteur SDRealtek - USB - 0bda:0158
EthernetRealtek 8101L 10/100 - PCIe
WIFIBroadcom BCM4312 - 802.11b/g - PCIe
Bluetoothv2 - Module Broadcom BCM2046 - USB - 413c:02b0
WebCAMSuYin - 1280x1024 - USB - 064e:a129
Batteries11.1V - 6 cellules 56Wh
Connectique3xUSB - jack in - jack out - Eth - HDMI - SIM - SD

Et GNU/Linux dans tout cela

Avant d'installer une Mandriva 2009.1, j'ai commencé par tout reformater. En effet, Dell a une manière assez exotique de partionner ses disques qui rend quasi impossible l'ajout d'un nouvel OS en Dual Boot. Et vu que j'ai payé cette licence WinMachine autant en profiter pour m'en servir pour mettre à jour mes autres saletés (tomtom & co) qui ne parlent qu'à un windows.

Après avoir installé le dit Windows, et les what-milles drivers à la con qui m'ont fait redémarrer la bécanne 10000 fois, je suis enfin passé à l'installation de la Mandriva. A noter que pour tout cela j'ai utilisé un petit lecteur DVD LG auto alimenté sur USB qui a fonctionné sans l'ombre d'un problème.

Vidéo

Après les 15 minutes d'installation (à comparer aux deux heures bien tassées pour WinMachin), j'étais sous Gnome avec toutes mes applications en place. C'est généralement à ce stade que l'on compte ses abattis et que commence la quête du "quoiquimarchepo" suivi du "ouquilestlehowtoquivabien". Le premier couac a bien évidement été Poulsbo. Je prenais un risque en prenant une machine avec un aussi récent chipset, je n'ai pas été déçu. Fort heureusement la carte ethernet fût quant à elle parfaitement reconnue du premier coup.

Après avoir googliser quelques minutes, j'ai trouvé la solution. Le pilote pour le Poulsbo n'est pas "intel" comme je l'avais imaginé mais "psb". La raison de ce changement ne va pas plaire à tout le monde, en tout cas elle en m'a pas plu du tout. L'idée est que cette fameuse puce Poulsbo intègre le processeur graphique. Mais ce processeur, appelé GMA 500, n'est pas d'origine Intel mais PowerVR. Du coup, l'architecture n'a plus rien à voir avec les précédents GMA 945 & co. Et le pilote, écrit conjointement par Tungsten Technologies et Intel, est un vrai merdier comme l'explique Phoronix.

Bref, exit donc le pilot Intel et merci au mainteneurs des dépôts "backport" de mandrive, le pilote à utiliser est donc "psb" et il suffit donc d'installer les paquets dkms-psb, libdrm-psb2 et x11-driver-video-psb pour disposer de tout ce qu'il faut, ou presque...

En effet ce pilote utilise la superbe nouvelle technologie de gestion de mémoire DRM intégrée au kernel et qui rend tout plus compliqué ou presque, sans offrir le moindre gain de vitesse, ou presque. Je ne dis pas cela gratuitement car sur mon U810, j'ai vu l'arrivée sur le pilote Intel de toute cette ribambelles d'amélioration qui n'ont fait que faire chuter les performances du pilotes à chaque fois... Bref, ça progresse mais je ne dois pas savoir ce qui s'améliore.

Toujours est-il qu'il ne faut surtout pas faire directement un modprobe psb sous peine de se prendre une ribambelle d'insultes dans dmesg. Il faut impérativement faire préalablement un rmmod drm au cas où le drm générique soit déjà chargé, un modprobe drm-psb puis un modprobe psb. Le tout s'automatise assez simplement en les collant (dans l'ordre !!) dans /etc/modprobe.preload.

Ensuite, ce n'est pas terminé car là c'est Xorg qui couine au démarrage. Il y a donc une dernière commande magique à lancer (ne me demandez pas ce qu'elle fait, je l'ai trouvée ici) :

root#update-alternatives --set gl_conf /etc/ld.so.conf.d/GL/libdrm-psb.conf
root#ldconfig
root# 

Ceci fait, le serveur Xorg démarre comme un charge et redonnait automatiquement la résolution optimale du panneau et la sortie HDMI elle fonctionne comme prévu. La lecture de vidéo plein écran (avec mplayer) passe quant à elle proprement en mode X11.

Dans la catégorie "marchepo", nous avons la 3D tout d'abord, ce qui n'est pas un gros problème pour moi, mais aussi la console texte qui devient inutilisable dés lors que le pilote est monté en mémoire. Du coup, cela pose un vrai petit problème lorsqu'il s'agit d'arrêter la machine, les traces ne sont simplement plus lisibles.

WIFI, Ethernet et BlueTooth

Pour le WIFI, tout fonctionne merveilleusement. Un coup de chapeau au passage pour les développeurs de la Mandriva, l'applet réseau devient vraiment extraordinaire. Ici elle m'a reconnu la carte WIFI, a installé pilote et le firmware associé, et tout c'est mis à fonctionner comme par magie. Dans l'ensemble la réception est très bonne sur cette machine, mais avec l'U810, je partais d'assez loin Wink

Côté Ethernet, Comme dit plus haut la carte Broadcom est parfaitement reconnue et fonctionne avec un débit classique, pas de soucis.

Enfin pour le bluetooth ça passe sans problème aussi, du moins autant que l'interface de Gnome le permette (c'est à dire pas très loin).

Clavier et touchpad

Le clavier du Mini 10 est son gros point fort à mon sens. Il ne se déforme pas, le touché est franc, la disposition classique, et les touches suffisamment larges pour mes grosses patounes. Du coup, la vitesse de frappe est quasi-optimum. S'il y avait un reproche à faire, ce serait l'absence de page-up/down alors que la place ne manque pas.

Gnome redonnait en standard l'ensemble (j'ai bien dit l'ensemble) des touches de fonctions : luminosité, volume sonore, statut de la batterie, et même la bascule sur l'écran externe. La seule chose non reconnue est la touche "WIFI" mais je ne sais pas bien à quoi elle est censé servir. Peut-être une désactivation des émissions radio en mode "avion". En tout cas elle ne fonctionne pas plus sous WinMachin.

Le touchpad est quant à lui correctement pris en charge même s'il reste un mystère pour moi. Ce truc doit bien être connecté quelque part mais je n'en trouve trace ni dans les périphériques USB, ni dans les PCIe. Peut-être une émulation PS/2 ?

Audio et WebCAM

Là aussi pas de soucis, ça fonctionne directe. J'ai, comme toujours, commencé par virer Pulse avec qui j'ai un amour-haine assez prononcé, et le bonne surprise est qu'Alsa redonnait parfaitement la partie audio Pulbsbo et le codec associé. A noter que le volume des enceintes intégrées est assez faible et j'ai du aller vérifier sous Windows pour être certain que cela ne venait pas d'alsa.

La prise casque fonctionne elle aussi (et déconnecte le haut parleur interne, rigolez pas, c'est un classique Wink. Pour ce qui est du micro incorporé (ou d'un micro externe sur la prise jack) je ne sais pas trop si ça fonctionne, je n'ai jamais réussi à faire tourner ce genre de chose sous Linux.

Un dernier petit oeil sur la WebCAM car c'est généralement LE sujet qui fâche (avec le WIFI). Et bien pas pour cette fois, elle est non seulement reconnue mais elle est aussi reconnue dans ses plus hautes résolutions (1280x1024).

Lecteur de carte SD et disque dur interne

Pas de soucis de ce côté là non plus. La carte SD-HC 4Go que j'ai insérée est parfaitement reconnue et le film qui s'y trouve totalement lisible. Pour avoir une échelle de valeur de la vraie vie, le débit stable de recopie de cette carte vers le disque dur interne est de 13.8mo/s ce qui est très bien. Cette valeur est bien évidement limité par la carte SD elle-même et la copie disque à disque donne un débit de 22mo/s ce qui donne une idée du débit en écriture. Pour la lecture, le disque est donné à 58Mb/S (hdparm --direct) et 485mb/s (avec le cache).

A noter un point important, le Mini 10 ne comporte aucun ventilateur et le seul bruit viendra donc du disque dur qui lui aussi est totalement silencieux.

Gestion de l'énergie

Avec la WebCAM et le Wifi, la gestion de l'énergie, et surtout de la mise en veille, est aussi un coinçage classique sous Linux. Et ici, nous ne dérogeons pas à cette tradition. Après un démarrage, ça fonctionne, mais deux mises en veille coup sur coup, ça coince et la machine ne revient jamais de sa veille. La faute à je ne sais pas quoi, mais je n'ai plus le courage de debugger. A dix contre un cela vient du pilote graphique. Du coup, la méthode la plus fiable pour ne pas se frapper une re démarrage complet reste l'hibernation.

La gestion des fréquences fonctionne quant à elle sans aucun couac de 800Mhz à 1.6Ghz en passant par 1.07Ghz et 1.33Ghz. A utilisation pleine (CPU à fond pendant la lecture de vidéo, avec WIFI, Ethernet et Bluetooth d'activé), la batterie 6 cellules a tenu 5h !! Une fois totalement déchargé, la recharge complète a pris 2 bonnes heures.

Conclusion

S'il n'y avait pas eu la mauvaise surprise du pilote X11, j'aurais bien dit aux linuxiens d'acheter cette machine les yeux fermer. Ceci étant dit, le pilote Poulsbo fonctionne même s'il sous-exploite clairement le chipset, notamment concernant la 3D. Pour ma part, elle répond à 100% de mes exigences.

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