Test de Linux Mint,

Introduction :

 

Linux Mint est une distribution Linux que beaucoup puristes regardent avec méfiance. Il s’agit en effet d’une distribution basée sur Ubuntu que l’on aime bien décrier (voir ici) et qui assume proposer des logiciels propriétaires à son bord. En contrepartie, elle affirme proposer une expérience utilisateur bien plus facile. On essaye ?

La version testée ici est la 7, basée sur la dernière version d’Ubuntu sortie au mois d’Avril, la 9.04. C’est donc une version très fraîche puisqu’il a fallu à partir de l’Ubuntu original construire une autre distribution.

J’aime beaucoup l’idée de l’accessibilité aux nouveaux utilisateurs donc je la teste, une fois de plus dans l’optique d’un débutant en informatique devant la bête.

Ma machine est la suivante : Une machine virtuelle d’1 Go de RAM, un disque dur un 25 Go (virtuel lui aussi) et un processeur Core Solo d’1,83 Ghz soit une configuration aujourd’hui considérée comme faiblarde mais qui supporte la plupart des distributions Linux sans broncher.


 

Téléchargement et Site Web :

 

Le Site Officiel :

Le site n’est pas difficile à trouver, une recherche Google vous renvoie dessus dés le premier résultat. Celui-ci est malheureusement en anglais ce qui n’aide pas le débutant complet que je suis censé être. De plus, l’aide n’est pas clairement indiquée : il faut savoir que Wiki renvoie à celle-ci (et le trouver dans la jungle des menus sur lesquels il faut passer avec la souris). Ce Wiki est par ailleurs très pauvre avec peu d’articles. Tout à coup, on comprend mieux la mise en évidence du «Participate» en première page. Pourtant le projet n’est pas si récent que cela et je dois avouer que même Logram, qui a moins d’un an a un Wiki plus développé.

Trouver le CD n’est pas très difficile, il suffit de cliquer sur le bouton «Download» situé à côté de «Contribute». De là, on a le choix entre plusieurs CD mais la différence entre eux est bien expliquée. En revanche, sur les moyens de téléchargements, rien du tout donc le quidam de base prendra le premier si il n’a pas de chance et tombera sur un site proposant plusieurs miroirs FTP et des fichiers Torrents. Avec ces liens, il ne saura que faire donc il aurait été certainement judicieux de mettre en évidence le deuxième lien en expliquant que le CD allait être téléchargé tout seul. Bref.

Un autre point négatif est que le site ne donne aucune instruction sur quoi faire avec l’image téléchargée. Faut-il la graver ? Comment ? Quels logiciels ? Encore une fois un habitué de Linux saura immédiatement quoi faire mais au niveau de l’accessibilité ce n’est pas encore ça.

En fait ces informations sont concentrées dans le «User Guide» que l’on indique en lien. Il aurait peut-être été judicieux de le mettre en évidence (en gras avec un rappel indiquant que c’est très important, à quoi il sert). C’est dommage d’autant plus qu’il est très agréable et très utile enrichi de nombreuses captures d’écran. Véritablement dommage qu’il soit avec 2 autres documents et si peu mis en valeur. Reste que l’utilisateur normal finirait par l’ouvrir. Cependant, pour y accéder, il faut se rendre sur la page Téléchargements. N’aurait-il pas été plus logique de créer une page aide avec le contenu du document qui en PDF donc qui nécessite un programme externe pour l’ouvrir. Dommage lorsqu’on parle d’accessibilité.

 

Le site français :

 

Hélas assez mal référencé par notre ami Google, une requête “Linux Mint fr” renvoie vers lui tout de même. On remarque tout de suite que la charte graphique n’est pas la même et que le noir est bien plus utilisé que le vert ce qui est à mon goût d’un bien meilleur effet. L’accueil annonce tout de suite la couleur, le site n’est pas officiel mais de «passionnés». Après tout pourquoi pas ? Une question toutefois : L’utilisateur de base accordera t’il du crédit à un site non-officiel ? Pas toujours mais bon il le devra faute de mieux. Sur le Wiki, quelques articles mais aucun sur l’installation. C’est dommage car cela présuppose que l’utilisateur de base saura l’installer tout seul après l’avoir gravé tout seul également ou qu’il sait lire l’anglais ce qui n’est pas une évidence. En même temps, il apporte des articles bien écrits pour les débutants et parfois d’autres plus avancées donc on ne peut pas leur jeter la pierre. Du moins pas autant que le site officiel.

 


Gravure, démarrage en live, et installation :

 

Je n’ai pas gravé le CD puisque j’utilise une machine virtuelle mais l’étape reste standard si elle est bien expliquée. Passons au premier démarrage.

Lorsque j’insère le CD et que je démarre l’ordinateur, un fond d’écran vert avec un compte à rebours expliquant que le système démarrera à la fin du temps imparti. Ce message est bien entendu en anglais puisque le CD que j’ai choisi l’est. L’initiative est louable : Le débutant perdu entre différents choix n’a qu’à laisser l’ordinateur démarrer mais en cas de problème il restera bloqué puisque redémarrer relancera la procédure automatique. On peut accéder à des options (notamment la tentative de résolution de problèmes) en appuyant sur entrée mais cela n’est absolument pas indiqué sur la page. Si j’y ai découvert cette astuce, c’est par hasard en voulant passer le compte à rebours.

Quant au temps de démarrage en lui-même, il est standard pour une distribution de type Live même si il m’a semblé un peu plus rapide(3 min. environ). Un regret tout de même : Pour une distribution qui se targue d’améliorer l’expérience utilisateur, j’aurais aimé trouver quelque chose qui améliore la compatibilité avec VirtualBox comme le fait Mandriva (et ce, dés le Live). Au lieu de cela, je n’ai qu’un écran en faible résolution.

 

Je vais de ce pas l’installer avant de poursuivre le test qui risquerait d’être biaisé par l’environnement Live. L’installation en elle-même est assez classique, le choix de la langue, le fuseau horaire détecté automatiquement en fonction de celle-ci. On me propose la préconfiguration du clavier. Pourquoi pas mais celui pour le Macintosh, bien que listé et non-proposé par défaut ne correspond pas tout à fait au mien (le arobase placé sous le bouton Escape est remplacé par le caractère <). Je n’ai pas testé l’outil de partitionnement  parce que je pense que l’utilisateur lambda n’a pas à s’encombrer du dual-boot. Ce n’est pas que cela soit compliqué à installer (encore que, sur certaines distributions…) mais la mise en place d’un dual boot oblige à démarrer sur les deux systèmes de temps en temps et à les maintenir tous les deux ne serait-ce qu’au niveau mise à jour etc. N’en garder est bien plus simple surtout s’il fonctionne.

L’utilisateur avancé même si ce n’est pas le propos ici notera qu’il est impossible de choisir quel type de partition prendre avec le partitionnement personnalisé. Il est même impossible de le savoir avant le récapitulatif final. Je trouve cela dommage car sur d’autres distributions, nous avons un menu déroulant avec un choix conseillé avec une possibilité de le changer. Je ne pense pas que l’utilisateur lambda s’amuse à changer un choix prédéfini surtout s’il porte l’étiquette «recommandé» mais cela peut se défendre. 

Au sujet du paramètrage des comptes, j’aime bien la présence de l’option «se connecter automatiquement» même si un rappel de sécurité aurait pu être fait. Si je me permets d’avancer cela, c’est qu’il nous informe de la nécessité de la complexité des mots de passe. Là, il y a une rupture de logique. Soit on joue la carte de la sécurité et on informe l’utilisateur sur les deux champs, soit on ne fait rien. Reste que la connexion automatique reste à mon avis plus grave que la complexité des mots de passe. Bref, passons. Notons qu’il m’informe de la faiblesse de mon mot de passe comme sur CentOS ou sur Fedora.

Après cela, nous avons un récapitulatif avec un discret bouton avancé permettant de régler l’emplacement du chargeur de démarrage et un éventuel proxy mais cela ne me concerne pas donc je lance l’installation. Celle-ci permet d’aller un faire un tour pendant un petit moment donc rester devant l’ordinateur est un peu inutile d’autant plus qu’aucune question n’est posée.

Je mentionne tout de même qu’il est possible d’installer Linux Mint sans charger l’environnement Live en entier à la manière d’Ubuntu mais cette option comme les autres est à trouver avec les autres au démarrage (touche entrée etc.)

 


1e démarrage en dur et installation du plug-in VirtualBox :

 

Après avoir été accueilli par un joli thème de GDM non dépourvu d’option, je remarque une petite fenêtre en français me proposant diverses ressources comme un aperçu des nouvelles fonctions ou le manuel de l’utilisateur. Je me demande pourquoi le même menu ne nous accueille pas dans l’environnement Live. Après tout, il reste agréable de pouvoir savoir ce qu’on installe. Le guide comme les autres documents sont évidemment ceux du site Web, c’est-à-dire qu’ils sont très clairs… si on comprend l’anglais. Reste que l’accueil est sympathique et n’est pas sans rappeler Mandriva même si on ne nous pousse pas à nous inscrire au club Linux Mint. Enfin là je m’égare et ma première tâche m’attend :  Installer les outils de VirtualBox pour quitter cette résolution de 800×600. Je tente de le faire graphiquement.

En cliquant sur .run, un terminal (qui n’est pas celui de Gnome) se lance et m’informe que je n’ai pas les privilèges suffisants. Je dois donc passer par le Terminal classique, celui de Gnome en le lançant par le menu Slab que j’aborderai plus tard. Celui-ci s’ouvre et m’affiche une citation de Bilbo le Hobbit ! Pourquoi pas ? C’est sympathique et un peu geek. L’utilisateur débutant se demandera ce que c’est mais s’il n’en veut pas, il devra bricoler dans le .bashrc ce qui n’est pas vraiment un bon point. À la rigueur, en dessous du message, j’aurai indiqué comment l’enlever juste au cas où mais ce n’est pas le cas ici. Cela me donne l’impression du «je dirige la distro, je fais ce que je veux et si n’en voulez pas, débrouillez-vous», c’est assez désagréable et rappelle un peu l’affaire du système de fichier.

Certes, on pourra m’objecter que cette autorité rassure le débutant mais cela incite le développeur à faire des choix et si on décide de garder telle ou telle fonctionnalité, cela doit-être motivé. À titre personnel, je ne crois pas que ce message d’accueil soit justifié plus que ça, c’est trop gadget.

Revenons à l’installation du plug-in VirtualBox, sachez que pour la première fois, les fichiers nécessaires à son installation sont présents (kernel-headers et compilateur GCC). C’est réellement surprenant surtout que dans une distribution se disant orientée grand public, on ne s’attend pas à voir installé les outils de développement. Certes, je ne vais pas m’en plaindre mais c’est étrange.

 

2e démarrage et impressions graphiques :

 

Après redémarrage, la résolution d’écran est enfin acceptable et la souris passe des deux environnements de façon agréable donc je peux enfin me concentrer sur le système et l’apparence graphique car vous conviendrez qu’étudier l’apparence du bureau lorsqu’on n’a pas la place d’avoir deux fenêtre ouvertes en miniature n’est pas simple.

Le système m’indique 66 mises-à-jour. Ça me paraît beaucoup depuis la mise en chantier de Mint puisque je n’ai eu l’annonce de sa sortie sur Clubic que 3 jours avant le début de ce test. Les mises-à-jour sont l’occasion de faire connaissance avec un gestionnaire différent de celui par défaut de Gnome «Mint Updater» qui comporte comme fonctions supplémentaires une priorisation des mises-à-jour (enfin relative, les 66 étaient en priorité 3), un champ «changements» et un «avertissement». Je trouve ce nouveau gestionnaire bien intéressant et me demande pourquoi d’autres distributions ne l’ont pas encore intégrés.

 

Les développeurs de Linux Mint ont décidé de modifier Gnome à la manière d’OpenSuse, jugeant que cela simplifierait l’environnement pour les utilisateurs. L’idée n’est pas mauvaise en soit puisqu’il y a moins de boutons pour l’unique tableau de bord (soit un bouton menu ressemblant à SLAB, celui du son, du réseau, et des mises-à-jour). Il est vrai que ces boutons sont ceux que l’on utilisera tous les jours mais quid des bureaux virtuels ? En théorie, l’utilisateur débutant ne voudra s’embêter avec ça mais si il envoie accidentellement sa fenêtre vers un autre bureau en cliquant sur sa bordure en haut, il ne pourra pas la récupérer à moins d’installer le bouton pour changer de bureau dans son tableau de bord.

En dehors du bureau virtuel, aucun bouton ne manque réellement, ou du moins qui est nécessaire à l’utilisation du système dans de bonnes conditions.

En examinant le bouton, j’ai remarqué qu’il y avait des différences avec le SLAB d’OpenSuse même si l’idée de départ reste la même : Un bouton qui unit les trois grandes catégories de Gnome (Applications, Emplacements, Systèmes) dans une seule fenêtre.(en haut, Mint, en bas, OpenSuse)


 Menu de MintSLAB d'OpenSUSE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Je trouve le menu de Linux Mint bien plus ergonomique car il évite les onglets et rassemble tout dans un seul applet. Après on pourra m’objecter (avec raison) que ces deux menu ne sont pas géniaux dans le cas de l’utilisation de Netbook mais pour des PC avec un écran supérieur à 15 pouces, c’est largement utilisable. Contrairement au SLAB qui ouvre une fenêtre après un clic sur «More Application», le menu de Linux Mint bascule vers un menu standard qui rassemble les applications en catégories comme le ferait le menu classique de Gnome. Ce menu est d’ailleurs la seule façon d’accéder à la corbeille par défaut, ce qui est un manque pour l’habitué de la poubelle sur le bureau que je suis.

Lors de la sélection d’applications, nous avons quelques boutons bien utiles accessibles avec le clic droit comme «Ajouter aux favoris» ou «Désinstaller». Ce dernier bouton est très utile car l’utilisateur débutant qui ne connaît pas le Terminal n’a pas à lancer Synaptic et rechercher le nom de son logiciel pour l’enlever.

Au sujet de la gestion des programmes, j’apprécie la présence d’un installeur qui n’est pas sans rappeler gnome-app-installer, mais en plus de celui-ci fournit une capture d’écran du logiciel, des commentaires d’utilisateurs et un lien vers le site Internet de l’application. Je relève toutefois deux faiblesses majeures : La première est la gestion des tags : Dans la barre de recherche, si on tape Akregator, il ne trouve rien alors qu’il est normalement disponible dans KDEPim. En revanche, Kmail est disponible seul, c’est étrange. Le second reproche que je fais à cette application est qu’elle ne gère pas la désinstallation que l’on devra faire avec la méthode citée plus haut. Remarquez que les programmes proviennent directement des dépôts Ubuntu ce qui explique la taille réduite de l’équipe gérant Linux Mint. Après l’installation, je me rend compte que les paquets de langues ne sont pas installés et qu’il faut lancer Synaptic pour cela. C’est dommage car l’outil de Mint pour la gestion des langues ne prend pas en compte KDE.

Mint offre également un programme de sauvegarde baptisé sobrement MintBackup. Il est basique mais remplit admirablement bien son office. Un clic dans le programme sauvegarde les dossiers (à l’exception de ceux qu’on désire exclure) dans une archive qu’on peut restaurer en double-cliquant dessus. J’aurais aimer trouver une option pour définir un emplacement personnalisé pour les sauvegardes mais celui-ci est absent donc les backup sont crées automatiquement dans le dossier personnel. Reste que l’initiative de fournir un tel programme est appréciable même si j’aurai voulu en tant que débutant que l’on me le signale car je ne connais pas forcément l’utilité des sauvegardes.

 


Conclusion :

 

Après un tour d’horizon que j’espère détaillé que retenir de Linux Mint. Effectivement elle est simple d’utilisation…si elle est déjà installée car l’installation présuppose une certaine connaissance du mécanisme des Live CD ce qui n’est pas à la portée de tout le monde. L’installation des pilotes propriétaires est très utile et rejoint Ubuntu sur ce point, la parenté en est visible jusqu’à la provenance des paquets. Notons également la présence de logiciels comme Flash pré-installé, ce qui vaut à Mint l’ire de la communauté. Cependant, cette distribution peut-être difficilement appelée une distribution d’apprentissage car elle diffère énormément dans la gestion de Gnome. Celui-ci est à tel point modifié qu’il faut tout réapprendre de retour sur une distribution plus classique comme Ubuntu ou Debian. Reste que Mint est bien agréable à utiliser avec un joli thème et quelques applis spécifiques bien pensées que j’aimerai bien voir dans les futures versions d’autres distros.


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