Windows Seven SE et ses 3 applications : Antivirus et clients IM en logiciels libres, possible?
UPDATE Rapide (31/05/2009) : Finalement MS aurait décidé de laisser tomber cette limitation. Ce qui ne me surprend guère…
Je viens un peu au hasard de tomber sur diverses sources indiquant qu’une des version de Windows Seven (Starter Edition), aurait une limitation à trois applications à la fois…
Je vous laisse jeter un coup d’œil au deux liens pour voir en images ce que ça pourrait donner si on essaie d’ouvrir une quatrième application… Restons en au fond, même si il m’est difficile de garder un ton sérieux à la lecture d’une telle nouvelle…
Mon premier point de vue de libriste convaincu, à chaud
Vouloir implémenter des restrictions plus stupides les unes que les autres, pour faire acheter une version plus chère, c’est typique du logiciel propriétaire. Chez Microsoft, ils en arrivent visiblement à montrer ouvertement qu’ils font du travail pour rendre leur produit moins agréable. Mais est-ce si nouveau?
Si ces limitations devaient être spécifiques des versions pour “pays pauvres”, comme l’indiquent les rumeurs, ce serait encore plus pervers. Les utilisateurs de pays “en voie de développement” n’ont nulle besoin d’une efficacité bridée artificiellement, au contraire.
Mais bon, je ne vais pas épiloguer sur la partie idéologique (voir logique tout court) de l’absurdité d’une telle décision. Par contre, j’avoue que ça éveille quelque peu ma curiosité sur la façon dont ils vont réussir à monter cette usine à gaz, sachant que du logiciel libre pour Windows, ça existe encore…
Trois applications à la fois? Sans aucun privilège? Dur d’y croire
Tenter de (re)définir l’application…
Définir ce qu’est une vraiment application n’est pas forcément une chose évidente à faire. Lorsqu’on sait qu’il n’y en aura que trois à la fois, on se dit que forcément on ne compte pas tout… De plus, le système d’exploitation ne voit pas les choses du même point de vue conceptuel que l’utilisateur : les seules définitions qui peuvent valoir ici sont celles compatible avec un comptage par un algorithme.
La définition d’application sera probablement bancale : hors de question de compter tout l’éco-système qui tourne en tache de fond sous un PC sous Windows. On est donc tenté de dire forcément : exit le comptage bête et méchant des processus, limité à trois ça ne tient pas.
Mais que pourront donc compter les algorithmes stupides intégrés à cette version particulière de Windows Seven?
Je serais tenté de dire : seulement les processus associés à une entrée sur la barre des tâches (et “avec le titre, pas juste l’icône en bas à droite”). C’est la seule définition (tordue) que je vois pour que les applications puissent tenter de faire un ménage à trois sur un PC sous Windows au 21ème siècle.
Zut, ça ne tient pas…
Et là, c’est le drame. En apparence, et si l’on fait attention de ne pas penser à tout, ça peut “tenir”. Mais c’est vraiment oublier certains scénarios possibles de l’usage courant d’un PC, y compris par des non-geeks.
Mademoiselle Michu Junior est lycéenne et doit faire un beau rapport dans une des matières qu’elle étudie (à l’époque où j’étais lycéen, c’était le cas en E.C.J.S. : Éducation Civique Juridique et Sociale).
Pendant 20 minutes, elle a réussi à se contenter des trois applications au maximum dans la barre des tâches : une encyclopédie, le navigateur Internet, et bien sûr le traitement de texte. Voyez quoi? J’arrive même à faire semblant de penser comme un utilisateur lambda!
Et là, le cas redouté arrive : une application “en sommeil” se manifeste : un(e) ami(e) ou un membre de sa famille, vivant sur un autre continent, tente de joindre Mlle Michu Junior à l’aide de Skype (logiciel propriétaire douteux, enfin passons…). Supposons que Skype a besoin de se réveiller et d’afficher sa fenêtre immédiatement (après tout, “un coup de fil” n’attend pas forcément de trouver une solution propre de fermeture d’une autre application) : on rencontre là un premier problème, sans réponse évidente.
Soit il y a un système de passe-droit (genre bon, toi tu as le droit de te réveiller et on ne te compte pas, ou alors on bloque “le prochain”), soit Skype est compté dès le lancement du processus (même s’il est en sommeil) auquel cas où il faut composer avec uniquement deux autres applications.
Des problèmes similaires se posent avec des logiciels de messagerie instantanée de type Windows Live Messenger, Pidgin, et autres… Mais faire tourner de tels programme sera t-il qualifiable de “confort non adapté à la version économique”?
Bon après tout… Pourquoi se poser trop de questions sur les exemples précédents alors qu’il y aura des exemples plus flagrants! Scénario un peu modifié : avec ses trois “programmes ouverts”, Mlle Michu Junior reste à la limite. Mais là c’est l’antivirus ou le pare-feu qui a besoin d’afficher une fenêtre pour une décision qui n’attend pas… Toujours convaincu qu’il sera facile de définir la limite de façon rigide?
Personnellement, tous ces exemples peu recherchés me laissent penser qu’il y aura forcément un système de passe-droit : certaines applications pourraient passer instantanément au premier plan sans attendre une fermeture d’application parmi les trois déjà lancées. (Enfin je suppose qu’il y a des limites à la “mauvaise pub” que Microsoft peut se permettre d’obtenir volontairement…)
Et le développeur de logiciel libre, il fait comment?
Supposons que par nécessité il y ait ce système de passe-droit. On arrive à un autre problème : soit le système d’exploitation bridé doit compter sur la coopération des applications pour ne pas “crever le plafond” de façon malicieuse (enfin dans l’intérêt de l’utilisateur), soit le système doit définir une “liste blanche” d’applications autorisée (par exemple grâce à un système de signature numérique d’application).
Le procédé de la liste blanche – dès maintenant et rien que pour ça – serait quand même un peu gros, même si Microsoft et l‘informatique de confiance/défiance peuvent être bons amis…
Il reste la solution de faire confiance aux logiciels pour se plier volontairement à des règles absurdes. Et dès lors qu’un logiciel libre / open-source contient la recette pour dépasser la limite (on peut encore espérer que des logiciels libres de type antivirus, pare-feu ou messagerie instantanées arrivent à coexister avec cette version de Windows Seven), il est très difficile d’empêcher toute autre application se refuse à collaborer pour maintenir la limite.
Et si les solutions de contournement existaient déjà?
Petite note aux futurs commentateurs : même si l’on parle bien d’une future hypothétique usine à gaz déjà dépassée, les références au projet de loi HADOPI sont hors-sujets ;)
Revenons en aux choses sérieuses : il est possible de faire tourner Ubuntu depuis Windows (bien sûr je serais tenté de dire tant qu’à faire, passez vous de Windows). C’est légitime, et a priori pas trop compliqué. (Il est possible également d’utiliser des machines virtuelles…)
Le truc, c’est qu’il y a fort à parier que Windows Seven ne saura pas compter les applications réelles tournant sur ce Ubuntu. Il risque fort bien de considérer le tout comme étant une seule application, pour le plus grand bonheur de l’utilisateur.
Passons sur les éventuels problèmes de lourdeur et cela parait même un très bon choix : un bon nombre d’utilisateurs utilisent Firefox une bonne partie de leur temps, alors quitte à se faire “décompter” une application, il vaut peut être mieux que ça soit pour Firefox + l’ensemble des applications disponibles pour Ubuntu, non?
Pour conclure
Cette idée de limiter à trois “applications” me semble donc être non seulement une abération, mais également une source de gags. J’ai peut être passé un peu de temps à mettre en évidence quelques aspects, mais vous pouvez être sûr que chez Microsoft, le temps humain dépensé sera bien multiplié…
Windows Seven SE et ses 3 applications : Antivirus et clients IM en logiciels libres, possible?
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